Les Brigands romains

Numéro principal : RF 1977 7

Département des Peintures

Gleyre, Charles (1806 - 1874)
France École de

Titre : Les Brigands romains

Deux brigands se disputent pour s’attribuer une jeune voyageuse capturée, sous les yeux de son compagnon ligoté. Par cette représentation brutale et explicite du moment précédent un viol, Gleyre s’écarte de la mode des années 1820 qui donnait une image volontiers sentimentale des brigands peuplant alors les environs de Rome.
Décrit par Charles Clément (1821-1887), le biographe de Gleyre, comme "un couple de voyageurs anglais attaqués par des brigands romains", ce tableau a été longtemps dissimulé. Peinte à Rome en 1831, pendant le premier séjour de Gleyre en Italie (de 1828 à 1834), l'oeuvre n'a jamais été exposée du vivant de son auteur qui l'a confiée à son frère puis à un ami avec l'ordre de ne jamais la montrer ni la vendre. Depuis sa réapparition en 1976, cette scène a fait l’objet de spéculations iconographiques : selon William Hauptman (1981), l’homme captif présente une ressemblance troublante avec le peintre Horace Vernet qui était directeur de l’Académie de France à Rome de 1829 à 1834, tandis que la jeune femme représentée serait la fille unique de ce dernier, Louise Vernet (elle épousera en 1835 le peintre Paul Delaroche). Gleyre s'identifierait alors à l'un des brigands. Par ce travestissement et ce jeu de rôles fantasmé, le jeune peintre suisse aurait voulu se venger de Vernet qui lui aurait interdit de courtiser sa fille. Pour Cable (1999) qui ne remet pas en cause l’identification des personnages, il s’agirait d’un tableau à signification politique et sociale : à la suite des journées de juillet 1830, Gleyre, proche des libéraux italiens, s’opposerait ainsi aux idées conservatrices de Vernet. Dans les deux hypothèses, Gleyre aurait par la suite renié ce tableau au contenu violent et d'autant plus gênant qu'il dissimulait des portraits reconnaissables.

Hauteur : 0,99 m ; Hauteur avec accessoire : 127 cm ; Largeur : 1,24 m ; Largeur avec accessoire : 151 cm

huile sur toile

2e quart du XIXe siècle (1831)

Peint à Rome en 1831 ; expédié par l'artiste, avant son départ pour le Proche Orient en 1834, à son frère Henry Gleyre, habitant à Lyon, avec la consigne de ne pas le montrer ni le vendre ; récupéré par l’artiste à son retour en France en 1838 ; donné par l'artiste à son ami le peintre Charles Nanteuil, vers 1838 ; collection de Charles François Gaugiran-Nanteuil (1811-1901), Paris, jusqu’à sa mort en 1901 ; légué par ce dernier à « Monsieur Langautier », Toulouse ; galerie Antoine Watteau, Paris, vers 1976 ; acheté à cette dernière par M. et Mme Butkin, en 1976 ; collection de Noah Louis Butkin (1918-1980), industriel, et de son épouse, née Muriel Spiro of Waynesboro (1915-2008) ; donné par ces derniers à la Fondation Butkin ; donné par la fondation Butkin au musée du Louvre sous réserve d’usufruit en faveur de Noah Louis Butkin et de son épouse, en 1976 ; inscrit sur l’inventaire des peintures du musée du Louvre sous le n° "R.F. 1977-7" en 1977 ; mis en dépôt au Cleveland Museum of Arts jusqu’à l'extinction de l'usufruit de Mme Butkin ; rentré au musée du Louvre en 2008.

Butkin, Noah Louis, Donateur
Spiro of Waynesboro, Donateur

donation sous réserve d'usufruit

date de donation : 1976
date d'arrivée au Musée : 2008

Etat

Musée du Louvre, Département des Peintures

donation sous réserve d'usufruit