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Monstre « grotesque » jouant du hautbois dans « Thésée » (?)

Dernier tiers du XVIIe siècle
2848 DR/ Recto
Département des Arts graphiques
Numéro d’inventaire
2848 DR/ Recto
Référence de l'inventaire manuscrit :
vol.1, p.14
Collection
Département des Arts graphiques
Collection Edmond de Rothschild
Artiste / Auteur / Ecole / Centre artistique
BERAIN Jean I (1640-1711)
Ecole française
(La Gorce, Jérôme de, 2021)

Anciennes attributions :
ANONYME FRANCAIS
(Inventaire Edmond de Rothschild, 1935)

description

Dénomination / Titre
Monstre « grotesque » jouant du hautbois dans « Thésée » (?)
Costumes des Fêtes, Mascarades. Théâtres, etc., de Louis XIV
Type d'objet
Dessin
Description / Décor
Commentaire :
M. Bouffard émet l'hypothèse que Berain trouva dans une 'Tentation de saint Antoine' de Teniers la source d'inspiration pour créer cette figure d'invention (voir par exemple Louvre, dpt. Peintures, MI 991; Marseille, musée Grobet-Labadié, GL4238 ou bien Lille, palais des Beaux-Arts, Inv. P.95). Il a utilisé ce motif dans son livre d'esquisses (Stockholm, Nationalmuseum, NMH 84/1874, fol. 41) et dans ses costumes. Il apparait aussi dans une version du même sujet par Callot (Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, RÉSERVE ED-130-FOL) dont Berain possédait plusieurs oeuvres.
Berain puise ici dans le bestiaire chimérique de Jacques Callot, s'était plu dans sa jeunesse à isoler des têtes de personnages ou de monstres associés aux planches gravées de son compatriote Lorrain. Il transpose cet univers dans le cadre des divertissements du carnaval montés à la Cour en dessinant pour des mascarades des costumes qualifiés de « grotesques ». Considérées à l'époque comme « un pur effet de l'imagination des Inventeurs », les parures arborées par le Dauphin en 1683 fascinaient le public des résidences royales chaque fois qu'il voyait le prince apparaître coiffé d'un chapeau d'où « sortaient » quatre têtes « évoquant les âges » (Mercure galant, mars 1683, p. 319). En 1700, le qualificatif de « grotesque » est aussi utilisé dans une lettre de Daniel Cronström du 8 janvier, pour qualifier deux habits, considérés comme « meilleurs à l'exécution qu'on n'y saurait reconnaître ny mains, ny pieds » (Tessin et Cronström, éd. 1964, p. 258. Une version du Nationalmuseum à Stockholm (NMH THC 1495) se trouve sur une feuille qui comporte d'autres costumes grotesques, vraisemblablement pour des mascarades. Or on sait qu'à cette époque, certains déguisements, refusant « toute forme humaine, imitaient des garnitures de porcelaines ou composaient tout un jeu de quilles ». Le type de monstre présenté ici et qui exprime le caractère d'une scène infernale plus chrétienne que mythologique par ses références à la Tentation de saint Antoine d'un Callot ou d'un Rabel, apparaît aussi dans certains projets de Berain (Londres, Victoria and Albert Museum, DT. 115-E-1028-1921, voir cat. Chambord et Paris, 1997-1998, nos 113-114). Il possédait certes des jambes et des pieds, mais son visage doté d'oreilles animales se distinguait par des yeux rouges lumineux et un museau de lièvre se terminant par un hautbois. Le fait qu'il tienne un instrument donne des pistes pour l'identification de ce personnage, qui aurait pu trouver sa place à la fin de l'acte III de Thésée, au moment où Médée transporte Aeglé dans « un désert espouvantable remply de Monstres furieux » et où, afin de mieux persécuter sa rivale, elle invoque les habitants des Enfers. Cette hypothèse est ici renforcée par ce dessin que l'on peut rapprocher par sa délicatesse de l'une des premières suites de projets de l'artiste, datées de 1675 ou 1677.
En fin, la petite croix que l'on retrouve sur le papier de doublage au-dessus de la tête du grotesque, figure aussi sur une feuille d'un album à Stockholm (Nationalmuseum, NMH 84/1874, fol. 93). En comparant avec les autres marques du volume, on en déduit que c'est une marque d'inventaire, tracée probablement pour compter le nombre de dessins qui se trouvent dans chaque volume. Il s'agit dune rare feuille de doublage dont le papier date du vivant de Berain, et non pas de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Cela signifie que le découpage est pratiqué dans son atelier, phénomène en outre corroboré par les annotations de sa main sur des feuilles de doublage d'un album conservé à Stockholm (Nationalmuseum, NMH 84/1874, fol. 27). (J. de La Gorce dans « En scène! Dessins de costumes de la collection Edmond de Rothschild », cat. exp. Paris, musée du Louvre, du 27 octobre 2021 au 31 janvier 2022, sous la direction de Mickaël Bouffard, Victoria Fernández Masaguer et Jérôme de La Gorce, éditions Liénart et musée du Louvre, 2021, p.206-207, cat. 70, p. 210 et M. Bouffard, p. 30-31, 39 note 17).
Bibliographie :
Biblio :
J. de La Gorce, 'Zwischen Italien und Frankreich von den 'Grotesken' zu den "Grotesken kostümen" Jean Berains', in "Grotesk! Ungeheuerliche Künste und ihre Wiederkehr", Stefan Hulfeld, Rudi Risatti, Andrea Sommer-Mathis (Hg.), Vienne, 2022, p. 127-148, fig. 16.

Caractéristiques matérielles

Dimensions
H. 0,182 m ; L. 0,124 m
Matière et technique
Plume et encre noire, lavis gris, aquarelle, rehauts de gouache rouge. Découpé suivant les contours de la silhouette et collé en plein sur une feuille de doublage.
Croix à la pierre noire sur le papier de doublage (traces d'un inventaire ?). Filigrane de la feuille de doublage : (B-coeur-Colombier) (Proche de Gaudriault, 1995, no 363).
H. 16,9 ; L. 7,4 cm (dimensions max. de la silhouette)

Lieux et dates

Date de création / fabrication
Dernier tiers du XVIIe siècle

Données historiques

Historique de l'œuvre
Claude Pioche sieur du Rondray (1660/1665 -1733) (?), Paris, mars 1733 ; Gilbert Paignon-Dijonval (?) (1708-1792), 1810 ; Charles-Gilbert, vicomte de Morel-Vindé (?), sa vente, Londres, 1819 ; Samuel Woodburn (?), Londres ; Paul et Dominic Colnaghi (?), Londres ; acquis par Auguste Danlos pour Edmond de Rothschild en août 1889, 6900 francs ; don au musée du Louvre en 1935.
Détenteur précédent / commanditaire / dédicataire
Dernière provenance : Rothschild, baron Edmond de
Mode d’acquisition
don
Date d’acquisition
1935

Localisation de l'œuvre

Emplacement actuel
Réserve Edmond de Rothschild
Recueil de dessins : Costumes des Fêtes, Mascarades. Théâtres, etc., de Louis XIV - Tome XII - 2742 DR à 2858 DR

L'œuvre est visible sur rendez-vous en salle de consultation des Arts graphiques.

Expositions

- En scène ! Dessins de costumes de la collection Edmond de Rothschild
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 28 octobre 2021 - 31 janvier 2022
Organisée par : Musée du Louvre-Département des Arts Graphiques (Paris, France)
Dernière mise à jour le 05.05.2023
Le contenu de cette notice ne reflète pas nécessairement le dernier état des connaissances