La Nourriture de Bacchus

Numéro principal : INV 7295
Autre numéro d'inventaire : MR 2342

Département des Peintures

Poussin, Nicolas (Les Andelys, 1594 - Rome, 1665)
France École de

Titre : La Nourriture de Bacchus
Autre titre : La petite bacchanale
Autre titre : L'Enfance de Bacchus

Hauteur : 0,97 m ; Hauteur avec accessoire : 1,14 m ; Largeur : 1,36 m ; Largeur avec accessoire : 1,53 m ; Epaisseur avec accessoire : 6,5 cm

huile sur toile

2e quart du XVIIe siècle (vers 1626)

Historique
Collection Pierre Alexis Ponce de La Feuille († 1684) ; acquis pour Louis XIV, 1671 ; inventaire Le Brun, no 298 (cf. Brejon de Lavergnée (A.), 1987a) ; Grand Cabinet de l’appartement du Grand Dauphin, fils de Louis XIV, au château de Versailles, 1695 ; cabinet des Tableaux dans le Petit Appartement du roi au château de Versailles, 1709 (cf. Engerand, 1899) ; au Cabinet du Roi au palais du Luxembourg, 1750 (cf. Bailly, 1751) ; au Louvre en 1785 (inventaire Duplessis, no 126 ; exposé à l’ouverture du Muséum (Louvre), 1793 (no 15 du cat. ; cf. Dubreuil, 2001) ; envoyé au musée spécial de l’École française au château de Versailles, 1797 (cf. Cantarel-Besson, 1992 ; Catalogue de l’an X, 1801-1802, no 202) ; au château de Saint-Cloud, 1807 (cf. Meyer (D.), 1969) ; au Grand Trianon, 1810 ; retour au
Louvre, 1816 (A.M.N., *P12, fol. 52 : 20 juillet 1816) ; exposé au Louvre, 1816 (cf. Notice, 1816).

Commentaire
C’est un des premiers tableaux consacrés à Bacchus, ou Dionysos, l’une des principales divinités poussiniennes. Le tableau du Louvre est très proche de celui conservé à la National Gallery à Londres, La Nourriture de Bacchus (huile sur toile ; 80,9 × 97,7 cm ; inv. NG 39). Les principales différences sont toutes dans la partie droite de la composition : Poussin a représenté une magnifique chèvre dans le tableau aujourd’hui à Londres, il a peint une voluptueuse nymphe nue et endormie dans le tableau du Louvre. Un putto dort la tête reposée sur le ventre de la jeune femme. La chèvre est juste derrière, agacée par un autre putto. Le sujet montre l’enfance de Bacchus, élevé par les nymphes nyséennes et les satyres, nourri au lait de chèvre et au jus de raisin : Poussin représente un satyre en train de presser une grappe au-dessus de la coupe dans laquelle boit le dieu enfant. Juste derrière ce groupe, on distingue une nymphe tenant un thyrse. À l’arrière-plan à gauche, deux putti sont enlacés. L’ensemble de la scène évoque le plaisir que le dieu apporte aux hommes, par l’ivresse du vin mais aussi par celle des sens. L’amour est évoqué par le corps nu de la nymphe au premier plan, mais aussi par les deux putti enlacés, type que Poussin emploie à plusieurs reprises pour évoquer
les deux Amours, Éros et Antéros. Selon la tradition, le dieu passa son enfance à Nysa, lieu mythique qu’un hymne homérique situe « au-delà de la Phénicie, près du fleuve d’Égypte ». Pour représenter le sujet, Poussin s’est inspiré de sarcophages antiques datant du ier et du iie siècle avant J.-C. Ceux-ci étaient très nombreux à Rome et représentaient fréquemment des sujets bachiques, y compris l’enfance du dieu élevé par les nymphes de Nysa. Deux autres sources
plastiques sont la Bacchanale des Andriens et L’Offrande à Vénus de Titien, tableaux qui se trouvaient dans la collection Ludovisi à Rome depuis 1621 (aujourd’hui au musée du Prado à Madrid). Il est en revanche difficile de désigner une source littéraire unique pour la composition : Poussin s’est inspiré de plusieurs passages
d’Ovide, de Natale Conti et sans doute aussi des commentaires de Blaise de Vigenère aux Images ou tableaux de platte-peinture de Philostrate (1re éd., 1578 ; éd. illustrée, 1614). La Nourriture de Bacchus est peut-être le tableau mentionné dans l’inventaire après décès de Jean-Baptiste de Bretagne les 26-29 octobre 1650 (cf. Mignot, 1984). Le tableau a appartenu non pas à Jean- Baptiste Ponce de La Feuille, mais à son frère Pierre Alexis, ingénieur et architecte, comme il ressort de la découverte par Clara Terreaux de son inventaire après décès (cf. Terreaux, 2017). Il a été vendu à Louis XIV, en même temps que le Mars et Vénus, le 16 mars 1671 (voir INV. 7293). Le tableau est également connu sous les titres L’Enfance de Bacchus et La Petite Bacchanale. Il a été gravé en contrepartie par Matthys Pool en
1699 (cf. Andresen, 1863, no 364). Il a été peint sur une toile comprenant 9 × 12 fils au cm2. Il a été restauré par François Louis Colins et par Marie-Jacob Godefroid en 1750 (cf. Massing, 2012, p. 259-260). Il a été restauré par Nicolas Maillot en 1834, par Eugène Denizard en 1899, par René Longa à Montauban en 1940 (cette
dernière restauration terminée par Lucien Aubert au Louvre en 1956).

Ponce de La Feuille, Pierre-Alexis, Collectionneur

entrée - Collection de Louis XIV

Etat

Musée du Louvre, Département des Peintures

entrée - Collection de Louis XIV