Inventory number
Numéro principal : INV 7297
Autre numéro d'inventaire : MR 2344
Autre numéro d'inventaire : MR 2344
Collection
Description
Object name/Title
Titre : Echo et Narcisse
Autre titre : La Nymphe Echo et Narcisse
Autre titre : La Nymphe Echo et Narcisse
Description/Features
Physical characteristics
Dimensions
Hauteur : 0,74 m ; Hauteur avec accessoire : 1 m ; Largeur : 1 m ; Largeur avec accessoire : 1,26 m
Materials and techniques
huile sur toile
Places and dates
Date
2e quart du XVIIe siècle (vers 1629)
History
Object history
Historique
Probablement collection du cardinal Angelo Giori (1586-1662) ; par héritage, son neveu Cesareo Giori (inventorié en 1669 ; cf. Corradini, 1977). – Vendu par le marchand Louis Alvarez (v. 1625-1630 – 1696) à Louis XIV, 1682 (cf. Comptes des Bâtiments du Roi sous le règne de Louis XIV [1664-1715] éd. 1881-1901) ; inventaire Le Brun, no 401 (cf. Brejon de Lavergnée (A.), 1987a) ; cabinet des Tableaux de la surintendance à Versailles, 1695, 1706, 1709, 1760, 1784, 1792 (cf. Engerand, 1899) ; présenté au musée spécial de l’École française au château de Versailles (no 190 du Catalogue de l’an X) ; transféré au Louvre en 1817 (A.M.N., *P12, fol. 57 : 24 novembre 1817).
Commentaire
Le sujet est tiré des Métamorphoses d’Ovide, le passage décrivant les derniers instants de Narcisse : « il languit, desséché par l’amour, et s’éteint lentement, consumé par le feu secret qu’il nourrit dans son âme : déjà il a vu se faner les lis et les roses de son teint ; il a perdu ses forces et cet air de jeunesse qui le charmaient naguère ; ce n’est plus ce Narcisse qu’aima jadis Écho. Témoin de son malheur, la nymphe en eut pitié, bien qu’irritée par de pénibles souvenirs. Chaque fois que l’infortuné Narcisse s’écriait hélas ! la voix d’Écho répétait : hélas ! Lorsque de ses mains il frappait sa poitrine, elle faisait entendre un bruit pareil au
bruit de ses coups. Les dernières paroles de Narcisse, en jetant selon sa coutume un regard dans l’onde, furent : hélas ! vain objet de ma tendresse ! Les lieux d’alentour répètent ces paroles. Adieu, dit-il ; adieu, répond-elle. Il laisse retomber sa tête languissante sur le gazon fleuri, et la nuit ferme ses yeux encore épris de sa beauté : descendu au ténébreux séjour, il se mirait encore dans les eaux du Styx. Les naïades, ses soeurs, le pleurèrent, et coupèrent leurs cheveux pour les
déposer sur sa tombe fraternelle ; les Dryades le pleurèrent aussi ; Écho redit leurs gémissements. Déjà le bûcher, les torches funèbres, le cercueil, tout est prêt ; mais on cherche vainement le corps de Narcisse : on ne trouve à sa place qu’une fleur jaune, couronnée de feuilles blanches au milieu de sa tige » (Métamorphoses, livre III). Poussin a rendu à merveille l’ambiance si mélancolique du récit d’Ovide. Il représente le corps étendu de Narcisse occupant tout le premier plan de la composition, les fleurs portant son nom poussant déjà dans l’herbe auprès de sa tête. Il est veillé par l’Amour, portant une toche allumée. À l’arrière plan, l’artiste a représenté la figure touchante d’Écho transformée en rocher, figée mais regardant toujours l’objet de son amour. Selon Denis Mahon, l’Écho et Narcisse est une oeuvre « d’une maturité remarquable et d’une grande beauté, dans laquelle le maître tire parti de l’héritage vénitien avec un raffinement plus consommé qu’au cours de ses premières années romaines » (cf. Mahon, 1962b, p. 169). Alors que Mahon proposait de dater le tableau en 1630, une date
légèrement antérieure nous paraît plus plausible, comme cela a été suggéré par Pierre Rosenberg (cf. en dernier lieu Rosenberg (P.), 2015, p. 78). Dès 1927, Erwin Panofsky avait rapproché la figure de Narcisse de celle du Christ mort pleuré par des anges peint par Pâris Bordone, donnant ainsi une consonance chrétienne à la composition (huile sur toile ; 80 × 225 cm ; palais ducal de Venise ; cf. Panofsky, 1927). Selon nous, cette oeuvre représente surtout une étape capitale de la
profonde réflexion de Poussin sur le thème de l’Amour : sa puissance absolue sur les hommes et sur les dieux, mais aussi la manière dont il se confond presque avec la Mort, au « bord de l’indicible : entre le sommeil et le songe, entre la vie et la mort, entre le jour qui tombe et la nuit qui naît » (cf. Yourcenar, 1989). En ce sens, le Narcisse peut être rapproché du dernier tableau, laissé inachevé, de Nicolas Poussin : l’Apollon amoureux de Daphné (voir M.I. 776). Écho et Narcisse a probablement appartenu au cardinal Angelo Giori, même s’il n’est pas assuré qu’il ait été peint pour lui. Il a été gravé en contrepartie par Benoît et Jean Audran. La radiographie a révélé deux compositions sous-jacentes : un fragment d’une femme couchée et une Sainte Famille avec de nombreux angelots. Écho et Narcisse a été peint sur une toile fine comprenant 19 × 19 fils au cm2 et sur une couche de préparation brune assez claire constituée d’une terre ferrugineuse. Le tableau a été rentoilé par François Toussaint Hacquin en 1818 (cf. Massing, 2012). Il a été restauré par Edgard Aillet à Montauban en 1940 (allégement modéré du vernis), puis par Jacques Roullet au Louvre en 1960.
Probablement collection du cardinal Angelo Giori (1586-1662) ; par héritage, son neveu Cesareo Giori (inventorié en 1669 ; cf. Corradini, 1977). – Vendu par le marchand Louis Alvarez (v. 1625-1630 – 1696) à Louis XIV, 1682 (cf. Comptes des Bâtiments du Roi sous le règne de Louis XIV [1664-1715] éd. 1881-1901) ; inventaire Le Brun, no 401 (cf. Brejon de Lavergnée (A.), 1987a) ; cabinet des Tableaux de la surintendance à Versailles, 1695, 1706, 1709, 1760, 1784, 1792 (cf. Engerand, 1899) ; présenté au musée spécial de l’École française au château de Versailles (no 190 du Catalogue de l’an X) ; transféré au Louvre en 1817 (A.M.N., *P12, fol. 57 : 24 novembre 1817).
Commentaire
Le sujet est tiré des Métamorphoses d’Ovide, le passage décrivant les derniers instants de Narcisse : « il languit, desséché par l’amour, et s’éteint lentement, consumé par le feu secret qu’il nourrit dans son âme : déjà il a vu se faner les lis et les roses de son teint ; il a perdu ses forces et cet air de jeunesse qui le charmaient naguère ; ce n’est plus ce Narcisse qu’aima jadis Écho. Témoin de son malheur, la nymphe en eut pitié, bien qu’irritée par de pénibles souvenirs. Chaque fois que l’infortuné Narcisse s’écriait hélas ! la voix d’Écho répétait : hélas ! Lorsque de ses mains il frappait sa poitrine, elle faisait entendre un bruit pareil au
bruit de ses coups. Les dernières paroles de Narcisse, en jetant selon sa coutume un regard dans l’onde, furent : hélas ! vain objet de ma tendresse ! Les lieux d’alentour répètent ces paroles. Adieu, dit-il ; adieu, répond-elle. Il laisse retomber sa tête languissante sur le gazon fleuri, et la nuit ferme ses yeux encore épris de sa beauté : descendu au ténébreux séjour, il se mirait encore dans les eaux du Styx. Les naïades, ses soeurs, le pleurèrent, et coupèrent leurs cheveux pour les
déposer sur sa tombe fraternelle ; les Dryades le pleurèrent aussi ; Écho redit leurs gémissements. Déjà le bûcher, les torches funèbres, le cercueil, tout est prêt ; mais on cherche vainement le corps de Narcisse : on ne trouve à sa place qu’une fleur jaune, couronnée de feuilles blanches au milieu de sa tige » (Métamorphoses, livre III). Poussin a rendu à merveille l’ambiance si mélancolique du récit d’Ovide. Il représente le corps étendu de Narcisse occupant tout le premier plan de la composition, les fleurs portant son nom poussant déjà dans l’herbe auprès de sa tête. Il est veillé par l’Amour, portant une toche allumée. À l’arrière plan, l’artiste a représenté la figure touchante d’Écho transformée en rocher, figée mais regardant toujours l’objet de son amour. Selon Denis Mahon, l’Écho et Narcisse est une oeuvre « d’une maturité remarquable et d’une grande beauté, dans laquelle le maître tire parti de l’héritage vénitien avec un raffinement plus consommé qu’au cours de ses premières années romaines » (cf. Mahon, 1962b, p. 169). Alors que Mahon proposait de dater le tableau en 1630, une date
légèrement antérieure nous paraît plus plausible, comme cela a été suggéré par Pierre Rosenberg (cf. en dernier lieu Rosenberg (P.), 2015, p. 78). Dès 1927, Erwin Panofsky avait rapproché la figure de Narcisse de celle du Christ mort pleuré par des anges peint par Pâris Bordone, donnant ainsi une consonance chrétienne à la composition (huile sur toile ; 80 × 225 cm ; palais ducal de Venise ; cf. Panofsky, 1927). Selon nous, cette oeuvre représente surtout une étape capitale de la
profonde réflexion de Poussin sur le thème de l’Amour : sa puissance absolue sur les hommes et sur les dieux, mais aussi la manière dont il se confond presque avec la Mort, au « bord de l’indicible : entre le sommeil et le songe, entre la vie et la mort, entre le jour qui tombe et la nuit qui naît » (cf. Yourcenar, 1989). En ce sens, le Narcisse peut être rapproché du dernier tableau, laissé inachevé, de Nicolas Poussin : l’Apollon amoureux de Daphné (voir M.I. 776). Écho et Narcisse a probablement appartenu au cardinal Angelo Giori, même s’il n’est pas assuré qu’il ait été peint pour lui. Il a été gravé en contrepartie par Benoît et Jean Audran. La radiographie a révélé deux compositions sous-jacentes : un fragment d’une femme couchée et une Sainte Famille avec de nombreux angelots. Écho et Narcisse a été peint sur une toile fine comprenant 19 × 19 fils au cm2 et sur une couche de préparation brune assez claire constituée d’une terre ferrugineuse. Le tableau a été rentoilé par François Toussaint Hacquin en 1818 (cf. Massing, 2012). Il a été restauré par Edgard Aillet à Montauban en 1940 (allégement modéré du vernis), puis par Jacques Roullet au Louvre en 1960.
Acquisition details
entrée - Collection de Louis XIV
Owned by
Etat
Held by
Musée du Louvre, Département des Peintures
Location of object
Current location
Richelieu, [Peint] Salle 825 - Nicolas Poussin (1594-1665) : les chefs-d’œuvre
Index
Mode d'acquisition
Exhibition history
- Poussin et l'amour, Lyon (Externe, France), Musée des Beaux-Arts, 26/11/2022 - 05/03/2023
- Poussin, Londres (Royaume Uni), Royal Academy of Arts, 19/01/1995 - 13/04/1995, étape d'une exposition itinérante
- Poussin, Paris (France), Galeries nationales du Grand Palais, 27/09/1994 - 02/01/1995, étape d'une exposition itinérante
Last updated on 24.09.2024
The contents of this entry do not necessarily take account of the latest data.
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