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Saint Joseph charpentier
1642 / 1644 (2e quart du XVIIe siècle)
RF 1948 27
Département des Peintures
Actuellement visible au Louvre
Salle 912
Aile Sully, Niveau 2
Inventory number
Numéro principal : RF 1948 27
Collection
Artist/maker / School / Artistic centre
Description
Object name/Title
Titre : Saint Joseph charpentier
Description/Features
Inscriptions
Nature de marque :
tampon (DOUANES FRANCAISES / PARIS / BATIGNOLLES / AT.
AT signifie « Admission Temporaire »)
tampon (DOUANES FRANCAISES / PARIS / BATIGNOLLES / AT.
AT signifie « Admission Temporaire »)
Physical characteristics
Dimensions
Hauteur : 1,37 m ; Hauteur avec accessoire : 1,544 m ; Largeur : 1,02 m ; Largeur avec accessoire : 1,18 m ; Epaisseur avec accessoire : 7 cm
Materials and techniques
huile sur toile
Places and dates
Date
2e quart du XVIIe siècle (vers 1642 - 1644)
History
Object history
Historique
Percy Moore Turner (1877-1950), Londres (cité en 1938) ; don de ce dernier au musée du Louvre en souvenir de Paul Jamot, 1948
Commentaire
C’est une des images les plus inoubliables créées par Georges de La Tour. Saint Joseph et Jésus Enfant se font face, à la lumière d’une chandelle. Le sujet religieux prend une forte dimension humaine : un artisan, courbé sur son travail, s’interrompt un instant pour regarder son jeune fils qui lui tient compagnie et qui l’éclaire. La scène est intime, silencieuse et touchante. Le peintre tire parti d’un double contraste : d’une part celui des rides du vieil homme, que fait ressortir la lumière rasante, avec la peau lisse et lumineuse de l’enfant ; d’autre part celui des mains puissantes du père, empoignant fermement un outil, auprès des mains fines de son enfant, aux doigts rendus presque transparents par la flamme. La Tour s’inspire bien sûr de Caravage, qui le premier a su peindre la beauté des vieillards
et faire ressortir les rides par le jeu de la lumière et par la proximité d’un visage juvénile. La spiritualité procède ici d’un quotidien facilement compréhensible par tous, répondant ainsi à l’ambition de la Réforme catholique de toucher les coeurs afin de mieux reconquérir les âmes. Comme l’a souligné Émile Mâle dès 1932, le
renouveau de la dévotion à saint Joseph était un des aspects importants de la nouvelle spiritualité. À Rome, la scène de Joseph travaillant éclairé par le Christ Enfant a été peinte à au moins trois reprises par l’un des premiers suiveurs nordiques de Caravage, Gerrit Van Honthorst, au cours des années 1610 : tableaux à Greenville, Bob Jones University Museum, vers 1614 ; à Montecompatri, couvent de Saint-Silvestre, vers 1615 ; à Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage, vers 1618. Par différence avec Honthorst, La Tour monumentalise la composition, assourdit les tons, immobilise les lignes, simplifie les formes, pour atteindre à une poésie silencieuse et méditative, qui le rapproche formellement d’un chef-d’oeuvre de Caravage comme La Conversion de saint Paul (Rome, Santa Maria del Popolo, chapelle Cerasi, 1600-1601) (cf. Blunt, 1972).Ces rapprochements avec des oeuvres qui étaient visibles à Rome posent bien entendu la question d’un possible voyage ultramontain de La Tour, qui n’est pourtant attesté par aucun document. Anthony Blunt a fait l’hypothèse d’un séjour de La Tour en Italie vers 1640 et datait le Saint Joseph charpentier du Louvre vers 1645. Jacques Thuillier, qui datait l’oeuvre vers 1640 en 1972, penchait lui aussi, vingt ans plus tard, pour une date un peu plus tardive, « les années 1642-1644 » (cf. Thuillier, 1992a). Le coloris entièrement monochrome ne nous paraît pas contredire une datation peu avant le milieu des années 1640. Pierre Rosenberg et Jacques Thuillier écrivent : « Les prestiges du coloris sont désormais oubliés : La Tour se contente d’une composition monochrome, sans même le contraste d’une tache froide. Puissance des volumes noyés dans une ombre vivante, franchise du parti luministe, qui pousse à son
maximum l’effet de clair-osbcur, facture complexe qui joue de petits accents laissés par la brosse » (cf. Rosenberg (P.) et Thuillier, 1972, p. 170). Rappelons enfin l’hypothèse de Henri Tribout de Morembert selon laquelle le Saint Joseph du Louvre aurait été peint pour les Carmes de Metz au moment de l’établissement
de leur couvent en 1644, ou peu après (cf. Tribout de Morembert, 1973). La radiographie du tableau a mis en évidence la présence d’un autre visage peint sous celui de l’Enfant, qui peut être rapproché du visage d’Irène dans la composition de Saint Sébastien soigné par Irène dit « à la lanterne ». Élisabeth Martin précise
qu’il « ne s’agirait pas alors d’une recherche sur le thème de l’atelier de saint Joseph, mais d’une composition, à peine commencée et abandonnée au profit d’une autre, avec réutilisation par l’artiste de la toile déjà préparée, certes dans un format en hauteur différent de la composition connue » (cf.Martin (É.), 1999). Le Saint Joseph charpentier faisait partie de la collection de Percy Moore Turner en 1938, lorsque le collectionneur proposa de le vendre sans succès à la National Gallery à
Londres. Dix ans plus tard, il le donna au Louvre en souvenir de Paul Jamot, conservateur au Louvre, le premier à publier le tableau l’année de son décès
en 1939, et qui avait été un connaisseur de l’art de La Tour, mais aussi de Nicolas Poussin et des frères Le Nain. Une copie du Saint Joseph est conservée
au musée d’Art et d’Archéologie de Besançon (126 × 106 cm). Le tableau du Louvre a été refixé à la cire-résine par Henri Linard en 1965.
Percy Moore Turner (1877-1950), Londres (cité en 1938) ; don de ce dernier au musée du Louvre en souvenir de Paul Jamot, 1948
Commentaire
C’est une des images les plus inoubliables créées par Georges de La Tour. Saint Joseph et Jésus Enfant se font face, à la lumière d’une chandelle. Le sujet religieux prend une forte dimension humaine : un artisan, courbé sur son travail, s’interrompt un instant pour regarder son jeune fils qui lui tient compagnie et qui l’éclaire. La scène est intime, silencieuse et touchante. Le peintre tire parti d’un double contraste : d’une part celui des rides du vieil homme, que fait ressortir la lumière rasante, avec la peau lisse et lumineuse de l’enfant ; d’autre part celui des mains puissantes du père, empoignant fermement un outil, auprès des mains fines de son enfant, aux doigts rendus presque transparents par la flamme. La Tour s’inspire bien sûr de Caravage, qui le premier a su peindre la beauté des vieillards
et faire ressortir les rides par le jeu de la lumière et par la proximité d’un visage juvénile. La spiritualité procède ici d’un quotidien facilement compréhensible par tous, répondant ainsi à l’ambition de la Réforme catholique de toucher les coeurs afin de mieux reconquérir les âmes. Comme l’a souligné Émile Mâle dès 1932, le
renouveau de la dévotion à saint Joseph était un des aspects importants de la nouvelle spiritualité. À Rome, la scène de Joseph travaillant éclairé par le Christ Enfant a été peinte à au moins trois reprises par l’un des premiers suiveurs nordiques de Caravage, Gerrit Van Honthorst, au cours des années 1610 : tableaux à Greenville, Bob Jones University Museum, vers 1614 ; à Montecompatri, couvent de Saint-Silvestre, vers 1615 ; à Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage, vers 1618. Par différence avec Honthorst, La Tour monumentalise la composition, assourdit les tons, immobilise les lignes, simplifie les formes, pour atteindre à une poésie silencieuse et méditative, qui le rapproche formellement d’un chef-d’oeuvre de Caravage comme La Conversion de saint Paul (Rome, Santa Maria del Popolo, chapelle Cerasi, 1600-1601) (cf. Blunt, 1972).Ces rapprochements avec des oeuvres qui étaient visibles à Rome posent bien entendu la question d’un possible voyage ultramontain de La Tour, qui n’est pourtant attesté par aucun document. Anthony Blunt a fait l’hypothèse d’un séjour de La Tour en Italie vers 1640 et datait le Saint Joseph charpentier du Louvre vers 1645. Jacques Thuillier, qui datait l’oeuvre vers 1640 en 1972, penchait lui aussi, vingt ans plus tard, pour une date un peu plus tardive, « les années 1642-1644 » (cf. Thuillier, 1992a). Le coloris entièrement monochrome ne nous paraît pas contredire une datation peu avant le milieu des années 1640. Pierre Rosenberg et Jacques Thuillier écrivent : « Les prestiges du coloris sont désormais oubliés : La Tour se contente d’une composition monochrome, sans même le contraste d’une tache froide. Puissance des volumes noyés dans une ombre vivante, franchise du parti luministe, qui pousse à son
maximum l’effet de clair-osbcur, facture complexe qui joue de petits accents laissés par la brosse » (cf. Rosenberg (P.) et Thuillier, 1972, p. 170). Rappelons enfin l’hypothèse de Henri Tribout de Morembert selon laquelle le Saint Joseph du Louvre aurait été peint pour les Carmes de Metz au moment de l’établissement
de leur couvent en 1644, ou peu après (cf. Tribout de Morembert, 1973). La radiographie du tableau a mis en évidence la présence d’un autre visage peint sous celui de l’Enfant, qui peut être rapproché du visage d’Irène dans la composition de Saint Sébastien soigné par Irène dit « à la lanterne ». Élisabeth Martin précise
qu’il « ne s’agirait pas alors d’une recherche sur le thème de l’atelier de saint Joseph, mais d’une composition, à peine commencée et abandonnée au profit d’une autre, avec réutilisation par l’artiste de la toile déjà préparée, certes dans un format en hauteur différent de la composition connue » (cf.Martin (É.), 1999). Le Saint Joseph charpentier faisait partie de la collection de Percy Moore Turner en 1938, lorsque le collectionneur proposa de le vendre sans succès à la National Gallery à
Londres. Dix ans plus tard, il le donna au Louvre en souvenir de Paul Jamot, conservateur au Louvre, le premier à publier le tableau l’année de son décès
en 1939, et qui avait été un connaisseur de l’art de La Tour, mais aussi de Nicolas Poussin et des frères Le Nain. Une copie du Saint Joseph est conservée
au musée d’Art et d’Archéologie de Besançon (126 × 106 cm). Le tableau du Louvre a été refixé à la cire-résine par Henri Linard en 1965.
Collector / Previous owner / Commissioner / Archaeologist / Dedicatee
Moore Turner, Percy, Donateur, 1948
Acquisition details
donation
Acquisition date
date : 1948
Owned by
Etat
Held by
Musée du Louvre, Département des Peintures
Location of object
Current location
Sully, [Peint] Salle 912 - Georges de La Tour et Les frères Le Nain, Salle 912 - Georges de La Tour (1593-1652)
Index
Mode d'acquisition
Bibliography
- Milovanovic, Nicolas, Peintures françaises du XVIIe du musée du Louvre, Editions Gallimard / Musée du Louvre Editions, 2021, p. 91, ill.coul., n°217
- Le Saint Joseph charpentier de Georges de La Tour. Un don au Louvre de Percy Moore Turner, cat. exp. (Vic-sur-Seille (Externe, France), Musée départemental Georges de La Tour, 2016), Gand, Snoeck, 2017,
- Museo Nacional del Prado (dir.), Georges de La Tour 1593-1652, cat. exp. (Madrid, Museo Nacional del Prado, du 23 février au 12 juin 2016), Madrid, Publishing Department, Museo Nacional del Prado, 2016, p. 62; 142, 143, coul, p. 143; détail, p. 62, n° 23
- Merlini, Valeria; Salmon, Dimitri; Storti, Daniela (dir.), Georges de La Tour à Milan: L'Adoration des bergers, Saint Joseph charpentier, cat. exp. (Milan, Palazzo Marino, 26 novembre 2011 - 8 janvier 2012), Milan, Skira, 2011, p. 81-84
- The revolutions of the classical age: European painting of the 17th century in the collection of the Musée du Louvre: Les révolutions de l’âge classique : La peinture européenne du XVIIème siècle dans les collections du Louvre, cat. exp. (Tokyo (Japon), National Museum of Western Art, 28/02/2009; Kyoto (Japon), Municipal Museum of Art, 30/06/2009), 2009,
- Georges de La Tour, cat. exp. (Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 3 octobre 1997 - 26 janvier 1998), Paris, R.M.N., 1997, p. 206-209, p. 207 (coul.); p. 209 (détail), n° 40
- Rosenberg, Pierre ; Mojana, Marina, Georges de La Tour. Catalogue complet des peintures, Paris, Bordas, 1992, p. 88, p. 89 (coul.); p. 89-90 (détails), n° 29
- Compin, Isabelle ; Roquebert, Anne, Catalogue sommaire illustré des peintures du musée du Louvre et du musée d'Orsay. IV. Ecole française, L-Z, Paris, R.M.N., 1986, p. 33, ill. n&b et coul. p. 7
- Compin, Isabelle ; Reynaud, Nicole ; Rosenberg, Pierre, Musée du Louvre. Catalogue illustré des peintures. Ecole française. XVIIe et XVIIIe siècles : I, A-L, Paris, Musées nationaux, 1974, p. 199, 280, fig. 427, n° 427
- Thuillier, Jacques, Tout l'oeuvre peint de Georges de La Tour, Paris, Flammarion, 1973, p. 94, n&b, pl. XXXV, XXXVIII, n° 43
- Rosenberg, Pierre ; Macé de Lépinay, François, Georges de La Tour : vie et oeuvre, Fribourg, 1973, n°33
- Compin, Isabelle ; Reynaud, Nicole, Catalogue des peintures du musée du Louvre. I, Ecole française, Paris, R.M.N., 1972, p. 228
- Pariset, François-Georges, Georges de La Tour, Paris, Laurens, 1948, p. 241-245
- Faroult, Guillaume, Le Coq et le Léopard. Portrait et petite histoire des collections de peintures britanniques au Louvre, cat. exp. (Valence, Quimper), 2014-2015, p. 27
Exhibition history
- Le Saint Joseph charpentier de Georges La Tour : histoire d'un chef-d'oeuvre, Vic-sur-Seille (Externe, France), Musée départemental Georges de La Tour, 03/07/2016 - 02/10/2016
- Georges de la Tour, Madrid (Espagne), Museo Nacional del Prado, 23/02/2016 - 12/06/2016
- Galerie du Temps (année 3), Louvre-Lens, Galerie du Temps, 04/12/2014 - 04/12/2015
- Chefs-d'œuvre des musées nationaux français, Pékin (Chine), Musée national de Chine, 08/04/2014 - 08/06/2014, étape d'une exposition itinérante
- Georges de la Tour (ENI), Milan (Externe, Italie), Palazzo Marino, 25/11/2011 - 27/12/2011
- La peinture européenne du XVIIe siècle, Kyoto (Japon), Municipal Museum of Art, 30/06/2009 - 27/09/2009, étape d'une exposition itinérante
- La peinture européenne du XVIIe siècle, Tokyo (Japon), National Museum of Western Art, 28/02/2009 - 14/06/2009, étape d'une exposition itinérante
- Georges de La Tour, Paris (France), Galeries nationales du Grand Palais, 01/10/1997 - 26/01/1998
- L'exposition universelle, New Orleans (Etats-Unis), Pavillon du Vatican, 12/05/1984 - 14/11/1984
Last updated on 09.03.2022
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