Numéro principal : INV 3690
Autre numéro d'inventaire : L 3711

Département des Peintures

David, Jacques-Louis (Paris, 1748 - Bruxelles, 1825)
France École de

Titre : Léonidas aux Thermopyles

"Xercès [roi des Perses], enflé d'orgueil d'avoir soumis l'Égypte, résolut de faire la guerre aux Grecs. Ayant rassemblé une armée innombrable, il dirigea sa marche vers Sardes, d'où il envoya des hérauts à toutes les villes de la Grèce, excepté à Athènes et à Lacédémone, pour demander le feu et l'eau, ce qui était la marque de soumission ; il arriva aux Thermopyles. Les Lacédémoniens et les Athéniens, instruits des mouvements de l'armée ennemie, députèrent vainement vers leurs alliés pour avoir des secours. Toutes les troupes qu'ils purent réunir ne faisaient que onze mille deux cents hommes. On n'en put placer que quatre mille au passage des Thermopyles. Xercès y envoya plusieurs corps de son armée, qui furent aussitôt mis en fuite. Mais un paysan ayant indiqué un sentier menant à une éminence qui dominait l'armée des Grecs, Xercès y envoya un détachement qui s'en empara. Léonidas, général, en fut bientôt averti, et voyant l'impossibilité de résister, renvoya le reste des alliés, et demeura avec les trois cents Lacédémoniens, résolus tous de mourir pour leur patrie, à l'exemple de leur chef. Le moment choisi par l'artiste est celui où les trompettes, en sentinelles sur une hauteur, signalent les premiers mouvements de l'armée de Xercès. Chacun court aux armes, s'embrasse pour la dernière fois, et se dispose au combat. Léonidas, roi de Sparte, assis sur une roche au milieu de ses trois cents braves, médite, avec une sorte d'attendrissement, sur la mort prochaine et inévitable de ses amis. Au-dessous de Léonidas, dans l'ombre, est le frère de sa femme, Agis, qui, ayant déposé la couronne de fleurs qu'il portait pendant le sacrifice, va se couvrir de son casque ; les yeux tournés vers son général, il attend ses ordres. Près de lui, deux jeunes gens, au son de la trompette guerrière, courent et saisissent leurs armes suspendues à des branches d'arbres. Plus loin, un des chefs, dévoué au culte d'Hercule dont il porte les armes et le costume, s'empresse de ranger sa troupe en bataille ; le grand-prêtre le suit, il invoque Hercule pour le succès de leurs armes : du doigt il montre le ciel. Sur un plan plus reculé, l'armée défile, et va se placer dans un bas-fonds pour s'opposer à celle des Perses, qu'on aperçoit dans le lointain sur la muraille qui ferme le détroit. Deux jeunes gens de dix-sept à dix-huit ans, que, par intérêt pour leur âge, et à cause des liens du sang, Léonidas avait voulu éloigner du combat, sous le prétexte d'une commission secrète pour les magistrats de Lacédémone, ont pénétré l'intention de leur général ; ils lui font cette réponse énergique : "Nous ne sommes pas ici pour porter des ordres, mais pour combattre" ; et, sans attendre, sa réponse, impatients de se placer dans les rangs, l'un se hâte de rattacher son cothurne, l'autre court embrasser son vieux père qui lui fait ses derniers adieux. Un autre guerrier veut, avant le combat, transmettre à la postérité le souvenir de cette terrible et glorieuse journée ; il se lance, et grave avec le pommeau de son épée, sur la roche couverte de mousse, ces mots à jamais mémorables : Ω ξειν, αγγέλλειν Λακεδαιμονίοις ότι τήδε κείμεθα τοις κείνων ρήμασι πειθόμενοι. Traduction littérale : "Étranger, va dire aux Lacédémoniens que nous sommes morts ici en obéissant à leurs ordres". Non moins passionnés pour la gloire de leur pays, quatre jeunes Spartiates, quatre amis se tenant étroitement serrés, s'embrassent pour la dernière fois, et jurent, en offrant leurs couronnes, de réaliser, par une mort glorieuse, l'obligation que ces mots leur imposent. Envoyé par Léonid

Inscription :
« HERAKLEOΣ » (sur l'autel en pierre, au second plan vers la gauche)
« LEONIΔΑΣ ΑΝΑΧΣΑΝΔΡ[…] / ΒΑΣΙLΕVΣ / TAIΛΕΡΟΣΙΑΙ ΧΑΙΡΕI… » [traduction : "Léonidas, fils d'Anaxandrides, roi, à la Guéroussia, salut"] (écrit sur la lettre posée au sol, au milieu du premier plan)
« ΟΧΣΗΝΑΛΛΕLLEINLAKEΔΑIMONIOIΣ/ HOTI TAIΔEKEIMEΘΑTOIΣ/ PEMAΣI PEIΘOMENOI » [traduction : Étranger, va dire aux Lacédémoniens que nous sommes morts ici en obéissant à leurs ordres »] (Gravé sur le rocher en haut à gauche, par un guerrier à l’aide du pommeau de son glaive :)
AΦΡΟΔΙΤΕΣ » (sur le socle du trépied, au troisième plan, à gauche)
Signature :
'L.DAVID/ 1814". (en bas au milieu, sur un rocher)

Hauteur : 3,95 m ; Largeur : 5,31 m

huile sur toile

1e quart du XIXe siècle (1814)

Conçu comme un pendant aux « Sabines » à partir de 1798 ; peint à Paris, à partir de 1802 jusqu’en 1804, abandonné puis repris à partir de juin 1813 et achevé en octobre 1814 ; exposé dans l’atelier du peintre (chapelle désaffectée de l’ancien collège de Cluny, Paris) d’octobre à décembre 1814 (puis resté in situ jusqu’en 1819) ; vendu par l’artiste (vente simulée) à Jean-Louis Delahaye l’Aîné, chargé d’affaires et fondé de pouvoir de l’artiste, le 27 novembre 1819, ensemble avec les « Sabines » au prix global de 100 000 francs ; acheté à Jean-Louis Delahaye par le ministère de la Maison du roi, ensemble avec « Les Sabines », au prix global de 100 000 francs (50 000 francs par tableau) sur décision du roi Louis XVIII, le 11 décembre 1819 (contrat de vente signé le 26 janvier 1820) ; payé en trois versements égaux en janvier 1820, janvier 1821 et janvier 1822 ; porté au registre des acquisitions de peintures du règne de Louis XVIII, sous le n° « L 3711 » ; déplacé de la chapelle de l'ancien collège de Cluny au musée du Luxembourg, le 16 décembre 1819 ; restauré par Rey (remise en tension, nettoyage et vernissage de la couche picturale) en janvier- février 1820 ; présenté au musée du Luxembourg, Paris, de mars 1820 à décembre 1824 au moins (absent du catalogue du musée du Luxembourg publié le 1er mars 1825) ; déplacé du musée du Luxembourg au musée du Louvre le 7 janvier 1826 ; exposé au musée royal des arts (Louvre) à partir de mars 1826 ; réinventorié « INV. 3690 » par le conservateur Frédéric Villot, entre 1852 et 1860 ; mis en sécurité pendant la Seconde Guerre mondiale au château de Sourches (Saint-Symphorien, Sarthe) ; rentré du château de Sourches au musée du Louvre vers 1946 ; restauré par Edgar Aillet (allègement et revernissage de la couche picturale) à Paris en 1948 ; présenté en salle Daru de 1949 environ à 1969, puis en salle Mollien de 1969 à 1994, puis en salle Daru depuis 1994.

entrée - Collection de Louis XVIII

date de décision : 11/12/1819 (achat)

Etat

Musée du Louvre, Département des Peintures

entrée - Collection de Louis XVIII