Moïse sauvé des eaux

Numéro principal : INV 7271
Autre numéro d'inventaire : MR 2332

Département des Peintures

Poussin, Nicolas (Les Andelys, 1594 - Rome, 1665)
France École de

Titre : Moïse sauvé des eaux

Tableau agrandi

Hauteur : 0,94 m ; Hauteur avec accessoire : 1,072 m ; Largeur : 1,21 m ; Largeur avec accessoire : 1,385 m ; Epaisseur avec accessoire : 5,3 cm

huile sur toile

2e quart du XVIIe siècle (vers 1638)

Historique :
André Le Nôtre (1613-1700) ; donné par Le Nôtre à Louis XIV, 1693 ; au magasin à Versailles, 1696 (inventaire Paillet, A.N., O1 19647-21, fol. 2r, avec inscrit en marge : M. Le Nostre) ; appartement du Grand Dauphin à Meudon, 1706 (inventaire Bailly, A.N., O1 1970, fol. 187) ; cabinet des Tableaux à la surintendance de Versailles, 1709 (A.N., O1 1978B, fol. 222) ; probablement placé en dessus-de-porte dans le cabinet de la (ou des) Pendule(s) de l’Appartement intérieur de Louis XV, 1738 : il y est mentionné en 1787 (inventaire Durameau, Vms 138, fol. 95) et en 1794 (A.M.N., 1 DD 5, fol. 12D) ; inventorié au château de Versailles, 1797 (cf. Cantarel-Besson, 1992) ; inventorié au musée spécial de l’École française, vers 1800 (A.M.N., 35 DD 1, fol. 6) ; transféré de Versailles au Louvre (Musée royal), 1816 ; retour au Louvre, 1816 (A.M.N., *P12, fol. 52 : 20 juillet 1816) ; présenté pour la première fois dans la Grande Galerie du Louvre en 1816 (cf. Notice, 1816, no 98).

Commentaire:
Mettant en scène l’un des sujets de prédilection de Nicolas Poussin, ce tableau a été très apprécié au xviie siècle. Il a inspiré le Moïse sauvé de Sébastien Bourdon conservé à la National Gallery of Art à Washington, et probablement aussi celui de Thomas Blanchet entré en 1985 au musée du Louvre, deux oeuvres datées des années 1650. La critique moderne a été plus réservée. Denis Mahon évoque notamment le coloris très froid et quelques faiblesses. Il relève cependant des parties d’une grande délicatesse, ne pouvant être de la main d’un copiste (cf. Mahon, 1965). Poussin a peint la fille de Pharaon en s’inspirant d’un bas-relief antique aujourd’hui conservé au British Museum à Londres, Bacchus visitant le poète Icarius : la princesse est debout, dépassant les autres par sa taille, vêtue d’une longue robe ocre retenue par une pierre précieuse à l’épaule, ordonnant de secourir le nouveau-né. Mais la principale source visuelle de Poussin est une gravure d’après le Moïse sauvé peint dans le décor des Loges de Raphaël au Vatican. Celles-ci constituaient l’une des références visuelles principales pour les sujets bibliques au xviie siècle. Poussin s’est peut-être inspiré de la gravure de Sisto Badalocchio car il s’agit de la seule, antérieure à 1638, qui ait été exécutée en contrepartie, tout comme le tableau du Louvre (cf. Milovanovic, 2015a). Poussin a emprunté à Raphaël le groupe de personnages rassemblés sur la rive autour de Moïse enfant. Tous les regards sont dirigés vers le nouveau-né, exprimant la surprise, l’admiration et la sollicitude. Comme Raphaël, Poussin a ordonné le groupe en deux arcs de cercle concentriques : le premier formé par une jeune femme accroupie, les mains tendues ; le second par les personnages debout regardant l’enfant. Le serviteur qui a plongé dans l’eau pour ramener le panier est cité dans les Antiquités judaïques de Flavius Josèphe, sans doute l’une des sources textuelles de la composition (cf. Verdi, 1995). L’exégèse identifie Moïse et le Christ, qui furent tous deux exposés à leur naissance : Moïse à la fortune soumise à la Providence, le Christ pour le salut des hommes ; Moïse dans un panier, le Christ dans une étable ; Moïse dans les eaux d’un fleuve, le Christ au détour d’une voie publique ; Moïse adopté et nourri par l’Égypte, le Christ adoré par les Gentils figurés par les rois Mages. Moïse avait été exposé dans le fleuve par sa mère, qui espérait ainsi le sauver, car Pharaon avait ordonné que tous les premiers-nés juifs d’Égypte soient mis à mort ; de même, le Christ dut fuir en Égypte car Hérode avait ordonné le massacre de tous les enfants de Bethléem âgés de moins de deux ans. On ne connaît pas le commanditaire du tableau, mais on sait qu’il a appartenu au célèbre jardinier André Le Nôtre, qui le donna à Louis XIV en 1693, en même temps que deux autres oeuvres de Poussin. André Félibien cite le Moïse sauvé en ces termes : « dans celui [le cabinet] de M. Le Nôtre […] un petit Moïse trouvé sur les eaux peint en 1638 ». Un dessin préparatoire est conservé au Kupferstichkabinett de Berlin (plume et encre brune ; 12,1 × 14,3 cm ; inv. KdZ 24128 ; cf. Rosenberg (P.) et Prat, 1994, I, no 134). Le tableau de Poussin a été gravé en contrepartie par Pierre Mariette en 1692. L’oeuvre est peinte sur une toile assez fine comprenant 17 × 15 fils au cm2. Il y a deux bandes d’agrandissement peintes sur une couche d’impression rouge, tandis que celle de la partie centrale est brune : une bande de 10 cm environ en haut et une bande de 5 cm environ à gauche. La radiographie de l’oeuvre a révélé que les coutures de ces bandes étaient partiellement défaites. Il est probable que le tableau de Poussin a été agrandi lorsqu’il a été placé en dessus-deporte dans le cabinet de la Pendule à Versailles en 1738. La peinture a été rentoilée par François Toussaint Hacquin en 1806. Elle a été restaurée en couche picturale par Pierre Antoine Marchais en 1825, pour « raccorder les parties ajoutées ». L’oeuvre a été restaurée en couche picturale par Georges Zezzos en 1941 à Montauban, puis par Jacques Roullet en 1958. Elle a été refixée à la cire-résine par Marie-Alice Belcour en 1987 (N. Milovanovic, 2021).

M. Le Nôtre, André, Donateur, 1693
Louis XIV, roi de France, Propriétaire

entrée - Collection de Louis XIV

Etat

Musée du Louvre, Département des Peintures

entrée - Collection de Louis XIV