La Famille heureuse

Numéro principal : RF 1941 20

Département des Peintures

Le Nain, Louis (Laon, vers 1593 - Paris, 23/05/1648)
Le Nain, Antoine (Laon, 1600 à 1610 - Paris, 1648), ?
France École de
Le Nain, Mathieu (Laon, 1593/1607 - Paris, 1677)

Titre : La Famille heureuse
Autre titre : Famille de paysans
Autre titre : Le Retour de baptême

Signature :
S.D.b.g.: "Lenain f. 1642"

Hauteur : 0,61 m ; Hauteur avec accessoire : 0,814 m ; Largeur : 0,78 m ; Largeur avec accessoire : 0,98 m ; Epaisseur avec accessoire : 7 cm

huile sur toile

2e quart du XVIIe siècle (1642)

Historique
Paul Jamot (1863-1939) (acquis en 1923); legs de ce dernier, 1941.

Commentaire
L’œuvre étonne par son esprit très nordique. En 1933, Paul Fierens l’avait déjà relevé, faisant le rapprochement avec les beuveries de Jordaens : «On pourrait établir un parallèle entre le Retour du baptême et les festins rustiques de Jordaens. Il n’y a pas de Louis Le Nain plus joyeux que celui de la collection Paul Jamot et le personnage au verre levé qui préside la compagnie n’a rien des animaux farouches peints par La Bruyère. Il domine la composition, il va boire comme le roi
des franches repues anversoises. Mais quelle différence entre sa jovialité légère, bien française, et lalourde ivresse panique qui s’empare des buveurs flamands, qui secouent leurs grosses bedaines. Chez Jordaens, comme chantent les vieux, piaillent les jeunes. Ici les marmots, les bambins gardent un sérieux au-dessus de leur âge. Il y en a presque toujours l’un ou l’autre qui s’écarte du groupe le plus en vue, tourne le dos au spectateur, franchit le seuil d’une porte ouverte sur la
campagne et s’auréole tout à coup de silence et de rêverie» (cf. Fierens, 1933b, p. 33-34). Un rapprochement avec le foyer haarlemois nous paraît plus plausible : nous citerions les noms de Frans Hals et de Jan Miense Molenaer. Ce père de famille levant son verre, un sourire aux lèvres, et la mère avec son enfant à droite ont justifié le titre ancien de Retour du baptême. L’enfant est pourtant trop âgé à une époque où l’on ondoyait dès la naissance. La matière est empâtée et sèche.
Le trait de pinceau est retenu. La texture de la miche de pain est rendue avec une grande précision et une attention particulière est apportée à lamanière dont elle accroche la lumière. Cette facture correspond le mieux au groupe «Mathieu». Néanmoins, quelques types évoquent singulièrement les compositions de Louis. Ainsi,
le sourire de la figure centrale levant son verre rappelle celui de la jeune femme à gauche dans La Halte du cavalier du Victoria and Albert Museum à Londres et celui du garçon à l’arrière-plan de l’Intérieur au vieux joueur de flageolet du Kimbell Art Museum à Fort Worth. Le petit chat blanc aux oreilles tachées de noir est le même que celui qui s’abrite derrière la marmite au centre de la Famille de paysans du Louvre. Le garçon debout à gauche, isolé, qui regarde le spectateur est semblable à celui à droite du Repas de paysans. Peut-on alors faire l’hypothèse d’une collaboration ? C’est ce que pensait Jacques Thuillier, écrivant que nous «pourrions bien tenir, avec ce tableau, l’une des clefs qui permettront un jour d’expliquer les méthodes de l’atelier et le mode de collaboration des trois frères. À tout le moins
vient-il avertir qu’on ne saurait, avec eux, établir un lien trop strict entre l’inspiration et la facture, et qu’on risque un partage erroné en ne se fondant que sur la différence d’esprit, ou que sur la différence de main » (cf. Thuillier, 1978, p. 179). Le tableau paraissant très homogène, nous conserverons une attribution à Mathieu,
mais sous l’influence directe de Louis

M. Jamot, Paul, Donateur

legs

date : 1941

Etat

Musée du Louvre, Département des Peintures

legs