La gloire céleste. Camaïeu

Numéro principal : INV 6680

Département des Peintures

Corneille, Michel II dit aussi Corneille des Gobelins, L'Aîné (Paris, 1642 - Paris, 1708)
France École de
Mignard, Nicolas (Troyes, 1606 - Paris, 1668), D'après

Titre : La gloire céleste. Camaïeu

Format : circulaire

Diamètre : 1,3 m

huile sur toile

2e moitié du XVIIe siècle (1691)

Historique
Donné par Pierre Mignard à l’Académie royale de peinture et de sculpture, 1691 ; collection de l’Académie ; saisi et porté au dépôt de Nesles, 1793 ; transféré d’abord au Mobilier national, puis au Muséum (Louvre), 1798.

Commentaire
Il s’agit de la réduction du décor peint par Pierre Mignard entre 1663 et 1666 dans la coupole de l’église du Val-de-Grâce à Paris, l’une des plus grandes fresques d’Europe. Le décor représente la Gloire céleste, c’est-à-dire une vision de la Trinité, accompagnée de la Croix, de la couronne d’épines, de l’archange Michel, de la Vierge, de saint Jean Baptiste et, sur le pourtour, des saints, des patriarches et des prophètes (près de deux cents personnages au total). Anne d’Autriche y
figure aussi comme donatrice du monastère du Val-de-Grâce. Le tableau a été peint en grisaille en 1691 à la demande de Pierre Mignard, devenu directeur de l’Académie royale en mars 1690, après la mort de Charles Le Brun. Il n’était bien évidemment pas envisageable que Mignard, qui n’était pas encore membre de l’Académie, offrît un morceau de réception. Il donna donc à la compagnie la réduction par Corneille de son plus grand chef-d’oeuvre, la fresque qui avait été
célébrée par un poème de Molière publié en 1669, La Gloire du Val-de-Grâce. La réduction de Corneille a été peinte en grisaille afin d’être gravée. Pour cela, le tableau fut confié au graveur Girard Audran, qui le découpa en six morceaux afin d’exécuter la gravure en six planches, entre 1691 et 1693. La grisaille a été
recollée et marouflée sur toile, puis rendue à la compagnie le 2 mai 1693. Dans les registres de l’Académie, pour la séance du 1er décembre 1691, on lit : « M. Mignard [...] a fait présent à l’Académie un dessein peint de grisaille sur toile par M. Corneille l’aîné d’après l’excellente coupole du Val-de- Grâce [...] ce dessein est présentement entre les mains de M. Audran, graveur, coupé en quatre ou cinq, il s’est chargé et a promis de le rendre incesamment à l’Académie et de le recoler » ; et pour la séance du 2 mai 1693 : « M. Audran a apporté en cette assemblée le dessein de la coupole du Val-de-Grâce, représentant la Gloire céleste, dont il s’est servi pour graver ce sujet » (cf. Procès-verbaux, [1648-1793] éd.1875-1892). Il ne faut pas interpréter le mot « dessein » au sens de support en papier, mais au sens de projet : l’étude au LRMF a en effet exclu la présence de papier entre la couche picturale et la toile (F12269, rapport no 3647). La grisaille de
Corneille est citée dans la Vie de Mignard publiée en 1730 et rédigée par l’abbé Mazière de Monville à la demande de la fille du peintre, Catherine, qui avait épousé Jules de Pas, comte de Feuquières, en 1696. Mignard lui-même a représenté la réduction de Corneille (légèrement coloriée et simplifiée) à l’arrière-plan de son Autoportrait que sa fille a donné à l’Académie royale en 1696 (voir INV. 6653). Le comte de Caylus rapporte que Mignard avait promis sa fille Catherine en mariage à Corneille, et que la très belle qualité de la copie, « le meilleur tableau et le plus fin de touche qu’aucun de ceux qui nous sont demeurés du même maître », est peut-être un effet de l’amour. Mais Caylus ajoute : « Corneille en fut cependant pour ses frais ; car aussitôt que la copie fut dans l’état où nous la voyons, Mignard ne
parla plus du mariage de sa fille » (cf. Lépicié, 1752). Nicolas Guérin en 1715, puis Antoine Nicolas Dezallier d’Argenville en 1781, ont décrit le tableau de Corneille dans la grande salle de l’Académie royale de peinture, posé sur un pied « tournant sur un pivot pour pouvoir être vu de tous côtés » (cf. Guérin, 1715, et Dezallier
d’Argenville (A. J.), 1762). La décision de transférer le tableau au Muséum (Louvre) a été prise par le jury des Arts le 7 mars 1798 (cf. Cantarel-Besson, 1992). L’oeuvre a longtemps été conservée au département des Arts graphiques et considérée comme de la main de Pierre Mignard lui-même (cf. Guiffrey (Je.), Marcel et Rouchès, 1927). On pensait en effet que la grisaille avait été peinte à l’huile sur papier, ensuite marouflée sur toile. Mais un examen effectué par Élisabeth Martin en
1995 au C2RMF a démontré que la grisaille avait été peinte directement sur toile avec une double préparation : une première couche rouge puis une rose contenant davantage de blanc de plomb. Il reste que le tableau a dû être rentoilé en 1693 après avoir été découpé en six parties pour la gravure. Ce rentoilage très ancien fragilise aujourd’hui le tableau. Celui-ci a été traité en support par Jean-Pascal Viala et Christian Châtellier en 2008.

Académie royale de Peinture et de Sculpture, Propriétaire

saisie révolutionnaire

Etat

Musée du Louvre, Département des Peintures

saisie révolutionnaire