Numéro d’inventaire
Numéro principal : RF 2555
Collection
Artiste / Auteur / Ecole / Centre artistique
description
Dénomination / Titre
Titre : L'Adoration des bergers
Description / Décor
Caractéristiques matérielles
Dimensions
Hauteur : 1,07 m ; Hauteur avec accessoire : 1,42 m ; Largeur : 1,31 m ; Largeur avec accessoire : 1,68 m ; Epaisseur avec accessoire : 12 cm
Matière et technique
huile sur toile
Lieux et dates
Date de création / fabrication
2e quart du XVIIe siècle (vers 1644)
Données historiques
Historique de l'œuvre
Historique
Commerce d’art, Nancy, 1924 ; commerce d’art, Amsterdam, 1926 (Honthorst) ; F. H. Rothman, Berlin, 1926 ; Vitale Bloch, Amsterdam, 1926 ; acquis de ce dernier par lev musée du Louvre en 1926.
Commentaire
Pierre Rosenberg et Jacques Thuillier précisent que L’Adoration des bergers fait « déjà pressentir les toiles des dernières années, avec la place qu’y prennent les rouges, la réapparition de taches froides (ici le bleu du manteau de la Vierge, tout à fait à gauche), et le souci de la monumentalité » (cf. Rosenberg (P.) et Thuillier, 1972, p. 188). La composition est très soigneusement construite : à l’arrière-plan, le berger et la bergère apportant des présents sont symétriques par rapport à la figure très savoureuse du berger souriant vu de face, qui tient une flûte et qui porte la main à son chapeau dans un geste naïf de respect envers l’Enfant. Marquant l’axe vertical de la composition, ce groupe permet de la stabiliser. Mais La Tour a également instauré un mouvement diagonal en profondeur partant de la figure de saint Joseph au premier plan à droite et aboutissant à la Vierge en prière, les mains jointes, à gauche. L’Enfant emmailloté est également vu de biais, mais son
corps, représenté en raccourci, forme une diagonale opposée à la précédente. Saint Joseph introduit donc le spectateur dans la composition. La place primordiale que La Tour lui donne était plus évidente encore dans le format initial de l’oeuvre, connu grâce à la copie conservée au musée Toulouse-Lautrec à Albi (huile sur toile ; 123 × 152 cm) : en partie basse, on distingue le pied de saint Joseph, mais surtout ses outils de charpentier placés bien en évidence, juste en dessous de l’Enfant endormi. Cette Nativité doit donc être interprétée dans le cadre d’une dévotion à saint Joseph, dont témoignent également le Saint Joseph charpentier du Louvre et le Songe de saint Joseph du musée de Nantes. L’Enfant rayonnant de lumière est un motif qui remonte en dernier ressort à la Nuit du Corrège (Dresde, Gemäldegalerie, 1522-1527). Il est demeuré en vogue durant tout le xviie siècle en relation avec l’image augustinienne du « Verbe-lumière » développée par Bérulle. Mais La Tour n’illumine l’Enfant que de manière indirecte, la source de lumière étant la bougie que tient saint Joseph et qu’il cache de sa main. Ce geste peut être interprété en relation avec le concept du « Dieu caché », largement diffusé dans le cadre de la spiritualité bérullienne, déjà évoqué dans l’ouvrage d’Isidore Isolanus qui a nourri la dévotion à saint Joseph aux xvie et xviie siècles, la Somme des dons de saint Joseph (1522) : « car Joseph toucha de ses mains le Verbe caché de Dieu […] par le canal de Joseph, la révélation du Verbe de Dieu se fit activement à l’univers entier ; car Joseph l’éleva et le garda jusqu’au temps où il devait se manifester à tout le peuple » (chap. iii). Saint Joseph, le père nourricier du Christ, est donc celui qui cache la divinité du Fils au cours de son enfance avant qu’elle ne soit révélée, comme il cache de sa main la flamme de la bougie, symbole de la personne du Christ, dans le tableau de Georges de La Tour. L’Adoration des bergers a souvent été identifiée à la Nativité de Notre Seigneur « en nuit » dont une mention d’archive témoigne qu’elle a été offerte en 1644 par la cité de Lunéville au maréchal de La Ferté, gouverneur de la province. Si le doute subsiste, la datation doit assurément être très voisine : en effet, le coloris presque monochrome
et la géométrisation des formes rapprochent L’Adoration des bergers des Larmes de saint Pierre de Cleveland, oeuvre signée et datée de 1645. L’Adoration des bergers est apparue vers 1624 à Amsterdam sous une attribution à Gerrit Van Honthorst. Le tableau a été rendu à Georges de La Tour par Hermann Voss en 1926 et acquis la même année par le Louvre auprès de l’historien de l’art Vitale Bloch, auteur de nombreux articles consacrés à l’art de La Tour dans les années 1930
à 1970. C’est le premier tableau Georges de La Tour acquis par le Louvre, huit ans avant l’exposition des « Peintres de la réalité » à l’Orangerie des Tuileries qui fit connaître son art au plus grand public. Le tableau a été réduit à droite et surtout en bas. Il a été agrandi dans la partie supérieure au moyen d’une bande de 7 cm
(agrandissement non original). Il est peint sur une double préparation : la couche profonde est à l’ocre jaune, moyennement riche en oxyde de fer ; elle est surmontée par une couche également à l’ocre jaune mais plus sombre car contenant du noir, de tonalité brun-gris. Du calcaire dolomitique est présent ainsi que de faibles quantités de manganèse. Il n’y a pas de blanc de plomb (LRMF, rapport no 3612 : Élisabeth Martin). Le tableau a été restauré par Jacques Roullet en
1964-1965. Le rentoilage a été jugé « affaibli » en 1997.
Commerce d’art, Nancy, 1924 ; commerce d’art, Amsterdam, 1926 (Honthorst) ; F. H. Rothman, Berlin, 1926 ; Vitale Bloch, Amsterdam, 1926 ; acquis de ce dernier par lev musée du Louvre en 1926.
Commentaire
Pierre Rosenberg et Jacques Thuillier précisent que L’Adoration des bergers fait « déjà pressentir les toiles des dernières années, avec la place qu’y prennent les rouges, la réapparition de taches froides (ici le bleu du manteau de la Vierge, tout à fait à gauche), et le souci de la monumentalité » (cf. Rosenberg (P.) et Thuillier, 1972, p. 188). La composition est très soigneusement construite : à l’arrière-plan, le berger et la bergère apportant des présents sont symétriques par rapport à la figure très savoureuse du berger souriant vu de face, qui tient une flûte et qui porte la main à son chapeau dans un geste naïf de respect envers l’Enfant. Marquant l’axe vertical de la composition, ce groupe permet de la stabiliser. Mais La Tour a également instauré un mouvement diagonal en profondeur partant de la figure de saint Joseph au premier plan à droite et aboutissant à la Vierge en prière, les mains jointes, à gauche. L’Enfant emmailloté est également vu de biais, mais son
corps, représenté en raccourci, forme une diagonale opposée à la précédente. Saint Joseph introduit donc le spectateur dans la composition. La place primordiale que La Tour lui donne était plus évidente encore dans le format initial de l’oeuvre, connu grâce à la copie conservée au musée Toulouse-Lautrec à Albi (huile sur toile ; 123 × 152 cm) : en partie basse, on distingue le pied de saint Joseph, mais surtout ses outils de charpentier placés bien en évidence, juste en dessous de l’Enfant endormi. Cette Nativité doit donc être interprétée dans le cadre d’une dévotion à saint Joseph, dont témoignent également le Saint Joseph charpentier du Louvre et le Songe de saint Joseph du musée de Nantes. L’Enfant rayonnant de lumière est un motif qui remonte en dernier ressort à la Nuit du Corrège (Dresde, Gemäldegalerie, 1522-1527). Il est demeuré en vogue durant tout le xviie siècle en relation avec l’image augustinienne du « Verbe-lumière » développée par Bérulle. Mais La Tour n’illumine l’Enfant que de manière indirecte, la source de lumière étant la bougie que tient saint Joseph et qu’il cache de sa main. Ce geste peut être interprété en relation avec le concept du « Dieu caché », largement diffusé dans le cadre de la spiritualité bérullienne, déjà évoqué dans l’ouvrage d’Isidore Isolanus qui a nourri la dévotion à saint Joseph aux xvie et xviie siècles, la Somme des dons de saint Joseph (1522) : « car Joseph toucha de ses mains le Verbe caché de Dieu […] par le canal de Joseph, la révélation du Verbe de Dieu se fit activement à l’univers entier ; car Joseph l’éleva et le garda jusqu’au temps où il devait se manifester à tout le peuple » (chap. iii). Saint Joseph, le père nourricier du Christ, est donc celui qui cache la divinité du Fils au cours de son enfance avant qu’elle ne soit révélée, comme il cache de sa main la flamme de la bougie, symbole de la personne du Christ, dans le tableau de Georges de La Tour. L’Adoration des bergers a souvent été identifiée à la Nativité de Notre Seigneur « en nuit » dont une mention d’archive témoigne qu’elle a été offerte en 1644 par la cité de Lunéville au maréchal de La Ferté, gouverneur de la province. Si le doute subsiste, la datation doit assurément être très voisine : en effet, le coloris presque monochrome
et la géométrisation des formes rapprochent L’Adoration des bergers des Larmes de saint Pierre de Cleveland, oeuvre signée et datée de 1645. L’Adoration des bergers est apparue vers 1624 à Amsterdam sous une attribution à Gerrit Van Honthorst. Le tableau a été rendu à Georges de La Tour par Hermann Voss en 1926 et acquis la même année par le Louvre auprès de l’historien de l’art Vitale Bloch, auteur de nombreux articles consacrés à l’art de La Tour dans les années 1930
à 1970. C’est le premier tableau Georges de La Tour acquis par le Louvre, huit ans avant l’exposition des « Peintres de la réalité » à l’Orangerie des Tuileries qui fit connaître son art au plus grand public. Le tableau a été réduit à droite et surtout en bas. Il a été agrandi dans la partie supérieure au moyen d’une bande de 7 cm
(agrandissement non original). Il est peint sur une double préparation : la couche profonde est à l’ocre jaune, moyennement riche en oxyde de fer ; elle est surmontée par une couche également à l’ocre jaune mais plus sombre car contenant du noir, de tonalité brun-gris. Du calcaire dolomitique est présent ainsi que de faibles quantités de manganèse. Il n’y a pas de blanc de plomb (LRMF, rapport no 3612 : Élisabeth Martin). Le tableau a été restauré par Jacques Roullet en
1964-1965. Le rentoilage a été jugé « affaibli » en 1997.
Mode d’acquisition
achat
Date d’acquisition
date : 1926
Propriétaire
Etat
Affectataire
Musée du Louvre, Département des Peintures
Localisation de l'œuvre
Emplacement actuel
Sully, [Peint] Salle 912 - Georges de La Tour et Les frères Le Nain, Salle 912 - Georges de La Tour (1593-1652)
Index
Mode d'acquisition
Bibliographie
- Milovanovic, Nicolas, Peintures françaises du XVIIe du musée du Louvre, Editions Gallimard / Musée du Louvre Editions, 2021, p. 90, ill.coul., n° 216
- Museo Nacional del Prado (dir.), Georges de La Tour 1593-1652, cat. exp. (Madrid, Museo Nacional del Prado, du 23 février au 12 juin 2016), Madrid, Publishing Department, Museo Nacional del Prado, 2016, p. 152, 153, coul, p. 153, n° 28
- Merlini, Valeria; Salmon, Dimitri; Storti, Daniela (dir.), Georges de La Tour à Milan: L'Adoration des bergers, Saint Joseph charpentier, cat. exp. (Milan, Palazzo Marino, 26 novembre 2011 - 8 janvier 2012), Milan, Skira, 2011, p. 81-92, 151-165
- 150ème anniversaire de la Gemäldegalerie de Dresde, cat. exp. (Dresde, Gemäldegalerie Alte Meister, 25 octobre 2005), 2005,
- Lallement, Nicole, « Inventaire des tableaux à sujets musicaux du musée du Louvre. II. La peinture française des XVIIe et XVIIIe siècles », Musiques, images et instruments, Num. spécial : n°3, Timbres, nouvelles sensibilités au XVIIIe siècle, 1998, p. 187-219, p. 196
- Georges de La Tour, cat. exp. (Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 3 octobre 1997 - 26 janvier 1998), Paris, R.M.N., 1997, p. 226-229, p. 227 (coul.); p. 228 (détail), n° 48
- Rosenberg, Pierre ; Mojana, Marina, Georges de La Tour. Catalogue complet des peintures, Paris, Bordas, 1992, p. 92, p. 93 (coul), pp. 94-95 (détails), n° 30
- Loire, Stéphane, Musée du Louvre. Peintures françaises. XIVe-XVIIe siècles. Guide de visite, Paris, Réunion des musées nationaux, 1989, p. 62, ill. coul.
- Compin, Isabelle ; Roquebert, Anne, Catalogue sommaire illustré des peintures du musée du Louvre et du musée d'Orsay. IV. Ecole française, L-Z, Paris, R.M.N., 1986, p. 33, ill. n&b
- Bajou, Thierry, De La Tour, Paris, Hazan, 1985, p. 75-79
- Compin, Isabelle ; Reynaud, Nicole ; Rosenberg, Pierre, Musée du Louvre. Catalogue illustré des peintures. Ecole française. XVIIe et XVIIIe siècles : I, A-L, Paris, Musées nationaux, 1974, p. 201, 280, fig. 429, n° 429
- Thuillier, Jacques, Tout l'oeuvre peint de Georges de La Tour, Paris, Flammarion, 1973, p. 95, n&b, pl. XLVI, XLVIII, n° 50
- Rosenberg, Pierre ; Macé de Lépinay, François, Georges de La Tour : vie et oeuvre, Fribourg, 1973, p. 156-157, n°44
- Compin, Isabelle ; Reynaud, Nicole, Catalogue des peintures du musée du Louvre. I, Ecole française, Paris, R.M.N., 1972, p. 228
- Pariset, François-Georges, Georges de La Tour, Paris, Laurens, 1948, p. 184-187
- Les peintres de la réalité en France au XVIIe siècle, cat. exp. (Musée de l'Orangerie), Éditions des musées nationaux, 1934, n°46
- The Brothers Le Nain. Painters of seventeenth-century France, cat. exp. (Fort Worth, Kimbell Art Museum, 22/05-11/09/2016 / San Francisco, Fine Arts Museums, 08/10/2016-29/01/2017), San Francisco / New Haven, Fine Arts Museums / Yale University Press, 2016, p. 20-21, Fig. 17 (coul.)
Expositions
- Georges de la Tour, Madrid (Espagne), Museo Nacional del Prado, 23/02/2016 - 12/06/2016
- Georges de la Tour (ENI), Milan (Externe, Italie), Palazzo Marino, 25/11/2011 - 27/12/2011
- 25 chefs-d'œuvres du Louvre s'exposent au Puy-en-Velay, regards sur Marie, Le Puy-en-Velay (France), Hôtel Dieu, 11/06/2011 - 03/10/2011
- 150È anniversaire de la Gemaldegalerie de Dresde, Dresde (Allemagne), Gemäldegalerie Alte Meister, 25/10/2005 - 08/01/2006
- Autour des Madeleine de Georges De La Tour, New York (Etats-Unis), Metropolitan Museum of Art, 09/02/1998 - 15/03/1998
- Georges de La Tour, Paris (France), Galeries nationales du Grand Palais, 01/10/1997 - 26/01/1998
- Les artistes lisent la bible, Moscou (Fédération de Russie), Musée d'Etat des Beaux-Arts Pouchkine, 01/12/1994 - 15/02/1995
Dernière mise à jour le 09.03.2022
Le contenu de cette notice ne reflète pas nécessairement le dernier état des connaissances
Le contenu de cette notice ne reflète pas nécessairement le dernier état des connaissances