Numéro d’inventaire
Numéro principal : RF 2317
Collection
Artiste / Auteur / Ecole / Centre artistique
description
Dénomination / Titre
Titre : Cimon et Éphigène
Ancien titre : Cimon et Ephigène (Source de représentation : Boccace, "Décaméron")
Ancien titre : Cimon et Ephigène (Source de représentation : Boccace, "Décaméron")
Description / Décor
Source de représentation : Boccace, "Décaméron"
Inscriptions
Signature :
S.b.g. : "(J ?) Blanchard fecit."
S.b.g. : "(J ?) Blanchard fecit."
Caractéristiques matérielles
Dimensions
Hauteur : 1,7 m ; Hauteur avec accessoire : 1,865 m ; Largeur : 2,18 m ; Largeur avec accessoire : 2,34 m ; Epaisseur avec accessoire : 6,5 cm
Matière et technique
huile sur toile
Lieux et dates
Date de création / fabrication
Début du XVIIe siècle (vers 1629)
Données historiques
Historique de l'œuvre
Historique
Collection Samuel, Paris ; sa vente, Londres, 1739, no 42 ; acquis à cette vente par Jac[ques ?] Desbouverie. – Francis Rawdon-Hastings, 1er marquis de Hastings (1754-1826) ; vente Christie’s Londres, 23 mars 1793, no 61 ; acquis par Benjamin van der Gucht. – Acquis de M. d’Atri, antiquaire, 1921.
Commentaire
Le tableau est entré au Louvre en 1921 sous le titre de Cimon et Éphigène d’après un conte du Décaméron de Boccace (cinquième journée, premier conte). En effet, celui-ci décrit Cimon, un jeune homme bien fait mais d’esprit vulgaire et sans délicatesse, qui, parcourant la campagne, découvre subitement la belle Éphigène endormie avec ses compagnes près d’une fontaine, très légèrement vêtue car elle vient de se baigner. Cette vision est une révélation de la beauté pour Cimon. Il y a cependant plusieurs discordances entre le tableau et le texte de Boccace : la fontaine citée par Boccace manque ; il y a quatre jeunes femmes alors que Boccace cite Éphigène, deux compagnes et un serviteur ; enfin la présence de l’Amour, que l’on peut reconnaître à ses ailes et à son arc et qui n’apparaît pas chez Boccace.
Supposant que la jeune femme aux cheveux ornés de perles serait Vénus car elle est proche de l’Amour, et identifiant les trois autres jeunes femmes comme les trois Grâces, Charles Sterling a renommé le tableau Vénus et les Grâces surprises par un mortel (cf. Sterling, 1961). Mais, hormis l’Amour, aucun des personnages n’est identifiable à ses attributs. On s’attendrait à voir au moins les colombes de Vénus. En outre, le sujet proposé par Sterling ne figure dans aucun texte ancien. C’est pourquoi il nous paraît plus prudent de conserver le titre traditionnel de Cimon et Éphigène, en supposant que l’artiste a pris quelques libertés avec le récit de Boccace. Ces libertés peuvent s’expliquer si l’on tient compte du contexte de création : à son retour d’Italie, Blanchard s’impose en démontrant son talent pour peindre des nudités très sensuelles dans une veine titianesque. Charles Perrault écrit ainsi que Blanchard peignit « pour plusieurs curieux de cette ville [de Lyon]
divers tableaux, la plupart de femmes nues, et de sujets tirés de la Métamorphose ; la fraîcheur de son pinceau était merveilleuse pour les carnations, et pour en exprimer vivement la teinte naturelle » (Perrault, 1720, p. 184). L’enjeu esthétique du tableau est moins la fidélité au récit de Boccace que la révélation éblouissante de la beauté féminine, Cimon servant de double au spectateur lui-même. On comprend dès lors que Blanchard ait remplacé le serviteur par une troisième jeune femme dénudée et qu’il ait omis la fontaine pour resserrer le cadrage sur les jeunes femmes, relevant leur nudité par le drapé rouge qui les surplombe. La présence de l’Amour peut s’expliquer comme la conséquence inéluctable de cette vision confondante. Cimon lui-même tombe bien évidemment amoureux d’Éphigène dans le texte de Boccace, et devient un jeune homme raffiné. L’Amour visant Cimon d’une flèche est d’ailleurs représenté dans une peinture de l’époque sur le sujet de Cimon et Éphigène, conservée à la galerie Colonna à Rome (cf. Thuillier, 1960b, fig. 319). Le tableau du Louvre peut être daté de la période lyonnaise, vers
1629. C’est un des plus grands chefs-d’oeuvre de Blanchard, qui exalte le corps féminin avec une virtuosité magistrale et qui emprunte autant à l’école de Fontainebleau qu’à l’art de Titien. Il est probable que le tableau du Louvre est celui ayant figuré dans la vente Samuel à Londres en 1739 : « Nymphs Sleeping, from Boccacio ». C’est vraisemblablement le même tableau que l’on retrouve dans la vente Christie’s du 23 mars 1793 : « Blanchard ; Sleeping nymphs etc. » Selon
Fontaine, l’oeuvre a été maladroitement repeinte en 1920, avant son acquisition par le Louvre, nécessitant ainsi une restauration (cf. Fontaine (A.), 1923). Le tableau a été restauré par Edgard Aillet en 1944, par Jacques Roullet en 1960, puis, de manière plus approfondie, par Pierre Michel en 1964-1966.
Collection Samuel, Paris ; sa vente, Londres, 1739, no 42 ; acquis à cette vente par Jac[ques ?] Desbouverie. – Francis Rawdon-Hastings, 1er marquis de Hastings (1754-1826) ; vente Christie’s Londres, 23 mars 1793, no 61 ; acquis par Benjamin van der Gucht. – Acquis de M. d’Atri, antiquaire, 1921.
Commentaire
Le tableau est entré au Louvre en 1921 sous le titre de Cimon et Éphigène d’après un conte du Décaméron de Boccace (cinquième journée, premier conte). En effet, celui-ci décrit Cimon, un jeune homme bien fait mais d’esprit vulgaire et sans délicatesse, qui, parcourant la campagne, découvre subitement la belle Éphigène endormie avec ses compagnes près d’une fontaine, très légèrement vêtue car elle vient de se baigner. Cette vision est une révélation de la beauté pour Cimon. Il y a cependant plusieurs discordances entre le tableau et le texte de Boccace : la fontaine citée par Boccace manque ; il y a quatre jeunes femmes alors que Boccace cite Éphigène, deux compagnes et un serviteur ; enfin la présence de l’Amour, que l’on peut reconnaître à ses ailes et à son arc et qui n’apparaît pas chez Boccace.
Supposant que la jeune femme aux cheveux ornés de perles serait Vénus car elle est proche de l’Amour, et identifiant les trois autres jeunes femmes comme les trois Grâces, Charles Sterling a renommé le tableau Vénus et les Grâces surprises par un mortel (cf. Sterling, 1961). Mais, hormis l’Amour, aucun des personnages n’est identifiable à ses attributs. On s’attendrait à voir au moins les colombes de Vénus. En outre, le sujet proposé par Sterling ne figure dans aucun texte ancien. C’est pourquoi il nous paraît plus prudent de conserver le titre traditionnel de Cimon et Éphigène, en supposant que l’artiste a pris quelques libertés avec le récit de Boccace. Ces libertés peuvent s’expliquer si l’on tient compte du contexte de création : à son retour d’Italie, Blanchard s’impose en démontrant son talent pour peindre des nudités très sensuelles dans une veine titianesque. Charles Perrault écrit ainsi que Blanchard peignit « pour plusieurs curieux de cette ville [de Lyon]
divers tableaux, la plupart de femmes nues, et de sujets tirés de la Métamorphose ; la fraîcheur de son pinceau était merveilleuse pour les carnations, et pour en exprimer vivement la teinte naturelle » (Perrault, 1720, p. 184). L’enjeu esthétique du tableau est moins la fidélité au récit de Boccace que la révélation éblouissante de la beauté féminine, Cimon servant de double au spectateur lui-même. On comprend dès lors que Blanchard ait remplacé le serviteur par une troisième jeune femme dénudée et qu’il ait omis la fontaine pour resserrer le cadrage sur les jeunes femmes, relevant leur nudité par le drapé rouge qui les surplombe. La présence de l’Amour peut s’expliquer comme la conséquence inéluctable de cette vision confondante. Cimon lui-même tombe bien évidemment amoureux d’Éphigène dans le texte de Boccace, et devient un jeune homme raffiné. L’Amour visant Cimon d’une flèche est d’ailleurs représenté dans une peinture de l’époque sur le sujet de Cimon et Éphigène, conservée à la galerie Colonna à Rome (cf. Thuillier, 1960b, fig. 319). Le tableau du Louvre peut être daté de la période lyonnaise, vers
1629. C’est un des plus grands chefs-d’oeuvre de Blanchard, qui exalte le corps féminin avec une virtuosité magistrale et qui emprunte autant à l’école de Fontainebleau qu’à l’art de Titien. Il est probable que le tableau du Louvre est celui ayant figuré dans la vente Samuel à Londres en 1739 : « Nymphs Sleeping, from Boccacio ». C’est vraisemblablement le même tableau que l’on retrouve dans la vente Christie’s du 23 mars 1793 : « Blanchard ; Sleeping nymphs etc. » Selon
Fontaine, l’oeuvre a été maladroitement repeinte en 1920, avant son acquisition par le Louvre, nécessitant ainsi une restauration (cf. Fontaine (A.), 1923). Le tableau a été restauré par Edgard Aillet en 1944, par Jacques Roullet en 1960, puis, de manière plus approfondie, par Pierre Michel en 1964-1966.
Détenteur précédent / commanditaire / dédicataire
M. Astri, d', Propriétaire (M.)
Mode d’acquisition
achat
Date d’acquisition
date : 1921
Propriétaire
Etat
Affectataire
Musée du Louvre, Département des Peintures
Localisation de l'œuvre
Emplacement actuel
Richelieu, [Peint] Salle 828 - Les peintres de Louis XIII, roi de France de 1610 à 1643
Index
Mode d'acquisition
Bibliographie
- Caron, Sophie (dir.), Peindre l'amour dans les collections du Louvre, cat. exp. (Tokyo (Japon), The National Art Center, 1er mars - 12 juin 2023 ; Kyoto ( Japon), City KYOCERA Museum of Art), 27 juin - 24 septembre 2023), The National Art Center Tokyo/Musée du Louvre/Nippon Television Network Corporation, 2023, p. 70, 225, 247, ill. coul. p. 71, cat. 10
- Milovanovic, Nicolas, Peintures françaises du XVIIe du musée du Louvre, Editions Gallimard / Musée du Louvre Editions, 2021, p. 23, ill.coul., n°24
- Kazerouni, Guillaume, Jacques Blanchard au musée des Beaux-Arts de Rennes. Collection n° 3, Rennes, Musée des Beaux-Arts, 2015, p. 10, 16, fig. 3
- Jacques Blanchard : 1600-1638, cat. exp. (Rennes, Musée des Beaux-Arts, 6 mars - 8 juin 1998), Rennes, Musée des Beaux-Arts, 1998, p. 158-159, ill. coul., n°42
- Loire, Stéphane, Musée du Louvre. Peintures françaises. XIVe-XVIIe siècles. Guide de visite, Paris, Réunion des musées nationaux, 1989, p. 51, 52, ill. coul.
- Compin, Isabelle ; Roquebert, Anne, Catalogue sommaire illustré des peintures du musée du Louvre et du musée d'Orsay. III. Ecole française, A-K, Paris, R.M.N., 1986, p. 62, ill. n&b
- Compin, Isabelle ; Reynaud, Nicole ; Rosenberg, Pierre, Musée du Louvre. Catalogue illustré des peintures. Ecole française. XVIIe et XVIIIe siècles : I, A-L, Paris, Musées nationaux, 1974, p. 21, 256, fig. 21, n° 21
- Compin, Isabelle ; Reynaud, Nicole, Catalogue des peintures du musée du Louvre. I, Ecole française, Paris, R.M.N., 1972, p. 33
- Sterling, Charles ; Adhémar, Hélène, Musée national du Louvre. Peintures. Ecole française. XIXe siècle. P-Z, vol. IV, Paris, Musées nationaux, 1961, n°34
- Exposition de 700 tableaux de toutes les écoles antérieurs à 1800 tirés des réserves du département des peintures, cat. exp. (Paris, Musée du Louvre, 1960), Paris, 1960, p. 69, n°267
Expositions
- Peindre l'amour dans les collections du Louvre, Kyoto (Externe, Japon), Municipal Museum of Art (Kyoto City KYOCERA Museum of Art), 27/06/2023 - 24/09/2023, étape d'une exposition itinérante
- Peindre l'amour dans les collections du Louvre, Tokyo (Externe, Japon), National Art Center, 01/03/2023 - 12/06/2023, étape d'une exposition itinérante
- Jacques Blanchard, Rennes (France), Musée des Beaux-Arts, 26/02/1998 - 25/05/1998
- Des Collections royales au Grand Louvre, Yokohama (Japon), Museum of Art, 22/05/1993 - 25/07/1993, étape d'une exposition itinérante
- Des Collections royales au Grand Louvre, Kobé (Japon), City Museum, 20/03/1993 - 09/05/1993, étape d'une exposition itinérante
Dernière mise à jour le 19.12.2023
Le contenu de cette notice ne reflète pas nécessairement le dernier état des connaissances
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