L'Aveuglement des habitants de Sodome

Numéro principal : RF 2001 16

Département des Peintures

La Hyre, Laurent de (Paris, 1606 - Paris, 1656)
France École de

Titre : L'Aveuglement des habitants de Sodome

Hauteur : 1,25 m (avant restauration) ; Hauteur : 1,01 m ; Largeur : 2,43 m

huile sur toile

2e quart du XVIIe siècle (1639)

Historique
Pierre Séguier (1588-1672), chancelier de France. – Coll. Dominique de Pothuau ; acquis de celui-ci grâce au Fonds du patrimoine et au legs Dol-Lair, au legs Hérisson et à une donation canadienne anonyme, 2001.

Commentaire
Peint en 1639 pour le chancelier Séguier avec un pendant, Le Sacrifice de Gédéon, qui a été gravé par La Hyre lui-même, mais qui est aujourd’hui non localisé. En 1691, Guillet de Saint-Georges décrit ainsi la composition : « Ensuite M. de La Hyre fit deux tableaux pour M. le chancelier Séguier. Dans l’un on voit paraître les habitants de Sodome, privés de la vue par les anges qui étaient dans la maison de Loth, comme il est rapporté dans le 19e chapitre de la Genèse. Ce tableau est enrichi d’architecture. Le sujet de l’autre est tiré du chapitre 6 du livre des Juges, et fait voir le sacrifice des pains sans levain et des chairs que Gédéon pose sur un autel, losrqu’un ange les touche d’une baguette qui les enflamme et les consume » (cf. Guillet de Saint-Georges, 1691). La Hyre montre les habitants de Sodome
venus devant la maison de Loth pour réclamer les deux anges que celui-ci hébergeait. Les Sodomites sont aveuglés par les deux anges qui apparaissent avec Loth, sur le seuil de sa maison. La Hyre a introduit une inscription en hébreu gravée sur la pierre au premier plan à droite : « Ils les frappèrent d’éblouissements petits et grands » (Gn, 19, 11). L’artiste a également représenté des colonnes de fourmis sur le dallage sortant d’une cavité. L’explication se trouve dans les Commentaires
hiéroglyphiques de Pierio Valeriano (1re éd., Bâle, 1556 ; nous citons l’édition lyonnaise de 1576 dans la traduction de Gabriel Chappuys). Dans cet ouvrage de référence pour la symbolique animale, les fourmis sont décrites comme un présage de mort, annonçant donc ici la destruction de Sodome : « Aucun disent qu’elles sont malheureuses à cause de leur couleur laquelle est totalement indice de mort […] Mais les devins maintiennent qu’elles sont en général significatives de mort, pour autant qu’elle sont filles de la terre, et qu’elles habitent ès concavités de la terre où les corps sont enterrés ordinairement » (Valeriano, éd. 1576, p. 146). La Hyre a bien représenté cette « concavité » par la dalle descellée d’où les fourmis sortent pour se disperser sur le dallage, grimpant même sur les fragments de
corniches posés au sol, autre indice de la destruction à venir de Sodome. Le paragraphe de Valeriano, que La Hyre a sans aucun doute consulté, est complété en marge par la mention « Fourmis : indice de mort ». La composition est d’un atticisme épuré, remarquable en raison de sa date très précoce, avec un coloris clair, une composition soigneusement construite et une mise en perspective rigoureuse. Il existe un dessin préparatoire en collection particulière montrant Loth et les deux anges (pierre noire ; 33 × 28,9 cm). Le tableau de La Hyre, qui avait été transposé probablement au xixe siècle, a été restauré par Agnès Malpel en couche picturale et par Jean-Pascal Viala en support (reprise de transposition entre 2007 et 2013. Les deux bandes d’agrandissement horizontales, en haut et en bas,
ont été retirées (la hauteur avec les agrandissements était de 125,5 cm). Les repeints qui recouvraient les ailes des anges ont été enlevés, redonnant ainsi sa cohérence à l’iconographie (cf. Curie, Delmas-Kroell, Laveissière, Malpel et Viala, 2013).

Pothuau, Dominique de, Propriétaire

achat sur legs

date : 2001

Etat

Musée du Louvre, Département des Peintures

achat sur legs