Numéro d’inventaire
Numéro principal : RFML.PE.2023.5.1
Collection
Artiste / Auteur / Ecole / Centre artistique
description
Dénomination / Titre
Titre : Un Grand Navire au calfatage à Frederikshavn
Description / Décor
Sur son trajet reliant Stettin (actuelle Szczecin, en Pologne) à Londres, la goélette « Ann af Sunderland » fit naufrage sur le récif de Skagen dans la nuit du 27 au 28 novembre 1846. Après que des marins pêcheurs de Skagen eurent sauvé les six hommes d’équipage et la cargaison de céréales, l’épave fut remorquée jusqu’au rivage. Elle fut mise aux enchères le 31 décembre 1846 et adjugée à Søren Møllebygger, négociant en bois et propriétaire de scieries, qui fit procéder au printemps au démantèlement partiel de la goélette en vue de la réformer. La scène que l'on voit ici, peinte en août 1847, décrit l’opération de calfatage de la coque : les bordages abîmés lors du naufrage sont remplacés par des éléments en bois neuf. Un dessin représentant la même scène (vue sous un angle légèrement décalé à droite) et exécuté au même moment par Rørbye, est conservé au cabinet d’arts graphiques du Statens Museum for Kunst, à Copenhague (inv. KKSgb6239).
Outre le support en carton fréquemment utilisé pour les études en plein air, la présence de nombreux grains de sable emprisonnés dans la couche picturale rappelle que Rørbye travaille sur le motif, exposé au vent qui soulève le sable de la plage. L’artiste tire un parti plastique de ces éléments contingents, afin d’accentuer le relief et la rugosité du premier plan. Le peintre traduit avec finesse les différents tons du bois, frais ou vieilli, blanchi par le soleil et le sel, rougi par les vernis ou noirci par le coaltar. Les longues ombres portées, tant des embarcations que des petits personnages, indiquent une lumière d’après-midi (la lumière vient de l’ouest) : elles sont décrites au moyen d'une gamme de gris colorés, tantôt bleus, verts ou bruns. La netteté de ces ombres et les tenues légères des ouvriers (en chemise et gilet) indiquent la saison chaude : l’été 1847 est resté en mémoire au Danemark pour ses températures exceptionnellement élevées. Le ciel calme et pur est animé de très légères modulations roses et jaunes, seulement strié de fines nuées transparentes près du bord haut de la composition.
En opposition avec la manière encore naïve et polie des premières compositions de Rørbye influencées par ses maîtres, Christoffer Wilhelm Eckersberg et Christian August Lorentzen, cette composition démontre la maturité et la pleine maîtrise de la palette du peintre pour traduire les subtilités de la lumière et de l’air marin, d’une brosse libre et volubile. Sa formation picturale initiale, acquise de 1820 à 1825 à l’Académie royale des beaux-arts de Copenhague, s’est considérablement enrichie et émancipée sous l’effet de longs séjours dans les pays méditerranéens (Italie, Grèce, Turquie) et de passages à travers les capitales artistiques européennes (Hambourg, Berlin, Dresde, Munich, Prague, Paris, Amsterdam). Après une interruption de quatorze années due à ces multiples voyages à travers l’Europe, Rørbye retrouve Frederikshavn et Skagen, situées à l’extrémité septentrionale du Danemark (région du Jutland), où il s’était rendu pour la première fois en 1830. Cette vue prise à Frederikshavn est l’un de derniers chefs-d’œuvre de Rørbye : souffrant depuis plusieurs années, l’artiste connaît une mort précoce un an plus tard, le 29 août 1848, âgé de 45 ans.
Côme Fabre (mars 2023)
Outre le support en carton fréquemment utilisé pour les études en plein air, la présence de nombreux grains de sable emprisonnés dans la couche picturale rappelle que Rørbye travaille sur le motif, exposé au vent qui soulève le sable de la plage. L’artiste tire un parti plastique de ces éléments contingents, afin d’accentuer le relief et la rugosité du premier plan. Le peintre traduit avec finesse les différents tons du bois, frais ou vieilli, blanchi par le soleil et le sel, rougi par les vernis ou noirci par le coaltar. Les longues ombres portées, tant des embarcations que des petits personnages, indiquent une lumière d’après-midi (la lumière vient de l’ouest) : elles sont décrites au moyen d'une gamme de gris colorés, tantôt bleus, verts ou bruns. La netteté de ces ombres et les tenues légères des ouvriers (en chemise et gilet) indiquent la saison chaude : l’été 1847 est resté en mémoire au Danemark pour ses températures exceptionnellement élevées. Le ciel calme et pur est animé de très légères modulations roses et jaunes, seulement strié de fines nuées transparentes près du bord haut de la composition.
En opposition avec la manière encore naïve et polie des premières compositions de Rørbye influencées par ses maîtres, Christoffer Wilhelm Eckersberg et Christian August Lorentzen, cette composition démontre la maturité et la pleine maîtrise de la palette du peintre pour traduire les subtilités de la lumière et de l’air marin, d’une brosse libre et volubile. Sa formation picturale initiale, acquise de 1820 à 1825 à l’Académie royale des beaux-arts de Copenhague, s’est considérablement enrichie et émancipée sous l’effet de longs séjours dans les pays méditerranéens (Italie, Grèce, Turquie) et de passages à travers les capitales artistiques européennes (Hambourg, Berlin, Dresde, Munich, Prague, Paris, Amsterdam). Après une interruption de quatorze années due à ces multiples voyages à travers l’Europe, Rørbye retrouve Frederikshavn et Skagen, situées à l’extrémité septentrionale du Danemark (région du Jutland), où il s’était rendu pour la première fois en 1830. Cette vue prise à Frederikshavn est l’un de derniers chefs-d’œuvre de Rørbye : souffrant depuis plusieurs années, l’artiste connaît une mort précoce un an plus tard, le 29 août 1848, âgé de 45 ans.
Côme Fabre (mars 2023)
Inscriptions
Signature :
"M.R. 1847" (en bas à gauche)
"M.R. 1847" (en bas à gauche)
Caractéristiques matérielles
Dimensions
Hauteur : 0,37 m ; Largeur : 0,55 m
Matière et technique
huile sur carton (collé sur une toile)
Lieux et dates
Date de création / fabrication
2e quart du XIXe siècle (1847)
Données historiques
Historique de l'œuvre
Collection de l'artiste jusqu'à sa mort ; sa vente après décès, Copenhague, 1849, lot n° 73 (sous le titre « Et stort Skib under Kalfatring, ved Frederikshavn » : « Un Grand Navire au calfatage, à Frederikshavn ») ; collection du chambellan Peter Rasmus Krag (1840‐1929), président du Kunstforeningen de Copenhague de 1909 à 1920 (qui prête le tableau au Kunstforeningen en 1905) ; collection de C.G.R. Fenger, Danemark, de 1930 (au moins) jusqu'en 1956 (au moins) ; vente Bruun Rasmussen, Copenhague, 6 mars 2023, lot n° 177, adjugé 1 200 000 DKK (1 507 200 DKK frais compris, soit 201 964,80 euros) au musée du Louvre.
Mode d’acquisition
achat en vente publique
Date d’acquisition
date : 23/02/2023 (délégation conseil artistique)
Conseil artistique : 23/02/2023
date : 24/02/2023 (délégation commission acquisition)
Commission acquisition : 24/02/2023
date de vente publique : 06/03/2023
date de décision : 07/03/2023
date de l'inscription sur l'inventaire : 07/03/2023
date d'affectation : 11/04/2023
Conseil artistique : 23/02/2023
date : 24/02/2023 (délégation commission acquisition)
Commission acquisition : 24/02/2023
date de vente publique : 06/03/2023
date de décision : 07/03/2023
date de l'inscription sur l'inventaire : 07/03/2023
date d'affectation : 11/04/2023
Propriétaire
Etat
Affectataire
Musée du Louvre, Département des Peintures
Localisation de l'œuvre
Emplacement actuel
Richelieu, [Peint] Salle 862 - Pays scandinaves
Index
Mode d'acquisition
Bibliographie
- Fabre, Côme, « Rørbye, grand absent des musées français », Grande Galerie, Le journal du Louvre, n°63, 2023, p. 28-29, ill.coul.
Dernière mise à jour le 17.09.2024
Le contenu de cette notice ne reflète pas nécessairement le dernier état des connaissances
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