Mazzocchio vu en perspective

INV 1970, Recto
NIII 21266
MA 12560
vol.1, p.323

Département des Arts graphiques
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures

Uccello, Paolo (Paolo di Dono, dit) (vers 1397-1475)
Ecole florentine
(Pope Hennessy, John, 1969)

ANONYME FLORENTIN XVè s
(Bohl, Thomas, 2023)

Uccello, Paolo (Paolo di Dono, dit) (vers 1397-1475), atelier de
(Degenhart Bernard et Schmitt, Annegrit, 1968)
ANONYME ITALIEN XVIè s
(Gregori, Mina, 1960)

Mazzocchio vu en perspective

Etude pour un 'mazzocchio', couronne de bois ou d'osier tressé qui, couverte d'étoffe, était la coiffe des hommes du Quattrocento et qui servait d'exercice de perspective aux artistes.
Considéré un original de Paolo Uccello lors de l'appartenance de la feuille à la collection de F. Baldinucci (cartouche avec annotation : Di Paolo Uccello Pitt[o]r Fiorentino, il p[ri]mo / che incominciasse à valersi nelle pitture / d[e]lle buon regole di Prospettiva'), ce dessin a été publié par M. Gregori en 1960 comme une dérivation du XVIè siècle d'après cet artiste, par B. Degenhart et A. Schmitt en 1968 comme un dessin d'un élève ou d'un collaborateur, et par J. Pope Hennessy e, 1969 comme un original d'Uccello. A rapprocher de deux autres dessins conservés à Florence (Galleria degli Uffizi, n. 1756 A et 1757 A).
'Pietro Roccasecca, qui a mis en doute les attributions des dessins des Offices a pu montrer en revanche que le mode de construction du mazzocchio du Louvre, proche de celui décrit par Piero della Francesca, ainsi que les filigranes du support, ne sont pas incompatibles avec une datation de l'oeuvre au XVe siècle. Le peintre est l'un des premiers à avoir décomposé en un polyèdre à facettes régulières l'armature servant de couvre-chef masculin florentin.Le mazzochio devient au XVe siècle un objet autonome, digne de prendre place parmi le instruments scientifiques, les curiosité et les ouvrages savants les plus raffinés figurés en trompe-l'œil dans les 'tarsies' décorant studioli ou sacristies. La présence de ces mazzocchi dans les décors de marqueterie est tout sauf anodine : les marqueteurs , qui jouissaient d'une immense renommée à Florence, étaient désignés sous l'appellation de 'maestri di prospettiva' en raison de leur habileté à figurer des objets complexes en perspective . On peut même se demander si ce dessin ne constituerait pas plutôt qu'un exercice de géométrie autonome, un projet de marqueterie de bois (voir B. Degenhart et A. Schmitt, 1968)...le polyèdre présente ici certaines maladresses dans la construction. Il n'est pas figuré dans un espace vide mais repose sur une étagère... L'attribution du dessin à Uccello s'est surtout appuyée sur des analogies avec ses mazzocchi peints et sur le portrait dressé par Vasari. Ce dernier avait conscience de la proximité des dessins de mazzochio avec le domaine de la marqueterie...La feuille du Louvre dont l'attribution reste incertaine, témoigne en tous cas de la culture commune et de la passion d'artistes, humanistes et érudits au XVe siècle...pour les polyèdres, ces objets géométriques décrits par Platon dans le 'Timée' que l'on redécouvre au XVe siècle.' (Th. Bohl, 2023).

Bibliographie :
R. Bacou & J. Bean in 'Dessins florentins de la collection de Filippo Baldinucci 1625-1696', cat. exp. Paris, musée du Louvre, 1958, Paris, 1958, n°3, pp.108-112, n° 24 avec bibliographie
M. Gregori, 'Postilla a due mostre', in Accademia degli Euteleti, città di San Miniato, 1960, p. 103) comme une dérivation du XVIè siècle d'après cet artiste
B. Degenhart et A. Schmitt, 'Corpus der italienischen Zeichnungen1300-1450', I, Berlin, 1968, n° 312 (comme dessin d'un élève ou d'un collaborateur)
J. Pope Hennessy, 'Paolo Uccello', Londres-New York, 1969, p. 156 (comme un original d'Uccello)
L. Ragghianti Collobi, 'Il libro de' Disegni del Vasari, I, Florence, 1974, n° 47
Ferretti, 1982
G. Vasari, 'Les vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes', par A. Chastel, Paris, Berger-Levrault, 1989
H. Damisch, 'Traité du trait', cat. exp. Paris, Musée du Louvre, 1995, p. 108-113 et n° 24
P. Roccasecca, 'Tra Paolo Uccello e la cerchia sangallesca...', in 'La Prospettiva : fondamenti teorici ed esperienze figurative dall'Antichità al mondo moderno', Atti del convegno internazionale di studi, Istituto Svizzero di Roma, Florence, 1998, p. 133-144
M. Haines, 'I maestri di prospettiva' in in 'Paolo Uccello' in 'Nel segno di Masaccio. L'invenzione della prospettiva', cat. exp. Florence, Galleria degli Uffizi, 16 octobre 2001 - 20 janvier 2002, Florence, Giunti, 2001
Camerola, in 'Paolo Uccello' in 'Nel segno di Masaccio. L'invenzione della prospettiva', cat. exp. Florence, Galleria degli Uffizi, 16 octobre 2001 - 20 janvier 2002, Florence, Giunti, 2001, p.120, cat.. VI.2.2
P. Roccasecca, 'Paolo Uccello' in 'Nel segno di Masaccio. L'invenzione della prospettiva', cat. exp. Florence, Galleria degli Uffizi, 16 octobre 2001 - 20 janvier 2002, Florence, Giunti, 2001
R. Serra in 'Renaissance. Révolutions dans les arts en Europe, 1400-1530', cat. exp. Lens, Musée du Louvre-Lens 12 décembre 2012-11 mars 2013, par Geneviève Bresc-Bautier en collaboration avec Jean-Pierre Changeux, n° 108 p. 184
Th. Bohl, '« Voyage dans le cristal', cat. exp., Paris, musée de Cluny, paris, Grand Palais, 26 septembre 2023 - 14 janvier 2024, ed. S. Lepape & Ch. Chauffour, Paris, 2023, n°144, repr. (comme Florence XVe siècle)

Sur la collection Baldinucci voir, Federica Mancini, "the red chalk drawings coming from Filippo Baldinucci's collection at the Louvre Museum", dans Disegni a pietra rossa, Avare Disegno, 3, sous la direction de Luca Fiorentino e Michael W. Kwakkelstein, Florence, 2021, pp. 211-221.

H. 0,156 m ; L. 0,235 m

Plume et encre brune, lavis brun et noir, stylet, règle. Doublé.
Cartouche rectangulaire reporté au dessus du dessin, au centre, par Filippo Baldinucci : 'Di Paolo Uccello pitt'. Fiorentino, il pme./che incominciasse à valersi nelle pitture/delle buone regole di Prospettiva'

F. Baldinucci; traces de double filet brun ; cartouche rapporté en haut au centre: Di Paolo Uccello.... ; Ier volume de sa collection, p. 15 (Paolo Uccello) - son fils, Francesco Saverio Baldinucci - Pandolfo Pandolfini, Camillo Pandolfini, Roberto Pandolfini, Angiolo Pandolfini, Anna Eleonora Pandolfini (épouse de Filippo Strozzi) et Eleonora Teresa Pandolfini, par héritage - Vendu par l'entremise de Filippo Strozzi, sur rapport de François Xavier Fabre, au Musée Napoléon en 1806; marque du Louvre (L. 1886).Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.9, p.1606, chap. : Ecole italienne, volume 48. (...) Numéro : 12560. Désignation des sujets : p. 1605 Les quatre volumes suivans, sont reliés et couverts d'une peau de mouton, peinte en rouge, avec fermoirs actuellement en assez mauvais état : ils contiennent des dessins recueillis par Philippe Baldinucci, florentin, qu'il attribuait aux excellens peintres, sculpteurs et architectes qui ont paru depuis la renaissance des arts, à Florence, en commençant par Cimabue, jusqu'aux artistes existant en 1695. Il les avait arrangés dans l'ordre chronologique de son p. 1606 ouvrage intitulé : notizie de' professori del disegno da Cimabue in quà. C'est une acquisition. #Volume 48. Les quatre premières feuilles contiennent un avertissement et la table des maîtres auxquels Baldinucci attribuait les dessins des quatre volumes de ce recueil. Vint ensuite sur le revers de la feuille, le portrait de Baldinucci, dessiné au crayon noir. Cote : 1DD41

Dernière provenance : Strozzi, Filippo

achat

1806

Baldinucci, Filippo

Florence, Galleria degli Uffizi, oeuvre en rapport

mazzocchio

encre brune - lavis brun - lavis noir - stylet - règle - plume