Numéro d’inventaire
INV 33013, Recto
MA 12514
Anciens numéros d'inventaire :
NIII 15587MA 12514
Référence de l'inventaire manuscrit :
vol.13, p.355Collection
Artiste / Auteur / Ecole / Centre artistique
description
Dénomination / Titre
Vue du Château des Tuileries, prise de la Seine
Description / Décor
Commentaire :
"Silvestre s'est installé sur la rive gauche de la Seine, au lieu-dit « La Grenouillère », où l'on débâclait le bois flotté venu de l'Yonne. La composition s'ordonne à partir de la Seine, avec un étagement de plans riches en détails : le fleuve chargé de bateaux, le quai bas, qui n'est encore que la grève naturelle, servant de chemin de halage ; le quai haut, au puissant appareil, dont la partie droite est encore inachevée ; la terrasse du Bord-de-l'Eau, cette indispensable digue imaginée par Le Nôtre ; les parterres proprement dits, dont on devine les arbustes taillés en topiaires ; à la limite nord du jardin, des arbres aux frondaisons plus épaisses. Au loin, on devine le parcellaire serré de part et d'autre de la rue Saint-Honoré. La ligne d'horizon est irrégulière, hérissée de bâtiments que domine la porte Richelieu, construite en 1634 sur l'enceinte des Fossés-Jaunes, ainsi que la masse de Saint-Roch, en construction depuis 1653. Au loin, la butte Montmartre, et l'église Saint-Pierre à son sommet ; sur son flanc droit, un moulin. Le point de vue que choisit Silvestre met en valeur le palais des Tuileries, vu de biais, détaillé avec une précision qui rend justice aux embellissements de Louis Le Vau. Au pied du pavillon de Marsan, on aperçoit la Grande Écurie de Philibert Delorme et le manège. Profitant de l'étiage, Silvestre fait la part belle au fleuve, qui, en haute saison, est l'axe majeur de la ville, tant pour le transport des marchandises que pour les déplacements et la subsistance des hommes. Il propose un répertoire de la batellerie séquanaise. Le long de la rive droite, une besogne, avec son gouvernail et sa masse, ou barre, à horizontale. Des flettes, ces embarcations reconnaissables à leurs bâches montées sur arceaux, attendent que des clients veuillent passer le fleuve. Au centre, la splendide galiote de quelque haut personnage, avec ses rameurs, ses trompettes, ses drapeaux claquant au vent. Au premier plan, basculé vers l'avant comme pour mieux montrer ses haussées de renfort, un bateau marnois, venu de Haute-Seine, avec à gauche son amarrage, assuré par un nageur, et à droite son gouvernail levé. À droite, calant la composition, des margotats, chargés de hautes meules. Çà et là, des barques de pêcheurs, d'où pointent mâts et cannes. Dans le jardin même, l'attention est attirée par une construction à peine suggérée : c'est la maison d'André Le Nôtre, à l'emplacement de celle où il est né, qu'il a pu reconstruire en l'agrandissant, d'où il veille sur « son » jardin, où il mourra en 1700. Si elle n'avait été détruite, cette demeure se situerait en contrebas du pavillon de Marsan. Rares en sont les représentations. Le simple fait de la montrer ne peut-il être interprété comme un hommage ? D'autres détails sont précieux, comme ceux des entrées. Dans la gravure qu'il a tirée de ce dessin et datée de 1670 (2), Silvestre a réduit le nombre des embarcations. Le paysage cependant grouille de figures : bateliers et passants, promeneurs au jardin ou arpenteurs du quai, tous apportent la variété de leurs attitudes à cet extraordinaire dessin, qui célèbre la métamorphose d'un palais et d'un jardin royaux, que Louis XIV allait abandonner peu après pour Saint- Germain-en-Laye et Versailles.Notes : 1. Une annotation sur la page de garde de l'album Silvestre indique que ce dessin aurait été « extrait pour l'exposition ». Signée de Jean Honoré Fragonard et de Charles De Wailly, cette note ne peut faire référence qu'à l'exposition des dessins du Louvre dans la galerie d'Apollon en 1797. Pourtant, ce dessin n'apparaît pas dans la Notice des dessins originaux, cartons, gouaches, pastels, émaux et miniatures du Musée central des arts, Paris, 1797. 2. Faucheux, 6.
Bibl. : Ballon, 1999, p. 43. E xp. : Paris, 1927, hors cat. ; Versailles, 1937, hors cat. ; Paris, 1972, no 41 (notice par Gérard Monnier) ; Paris, 1983, no 360 (notice par Brigitte Scart et Nicole Felkay).
(Emmanuelle Héran in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), cat. sous la dir. de Bénédicte Gady & Juliette Trey, n°24).
Bénédicte Gady & Juliette Trey, "Le védutiste de Louis XIV" in Grande Galerie, mars-mai 2018, n°43, pp. 84-87.
Description de l'album :
« Soixante-seize feuilles proviennent de l'« album Silvestre » (Inv. 33011 à 33086)(80) .../... il s'agit d'un album factice, manifestement constitué au XVIIIe siècle, en réutilisant une reliure en veau, pleine peau lisse, dont les fers laissent penser qu'elle est d'origine nordique (83). L'examen du dos révèle que la reliure a été prise à l'envers par rapport à l'orientation des dessins dans l'album : les fleurons gravés au fer sont renversés, une étiquette de papier masque le caisson de tête et un cuir a été rapporté sur le septième, vraisemblablement pour cacher un ancien titre. Les pages de l'album portent un filigrane (aigle à deux têtes couronnées) et la contremarque de Thomas Marie Dupuy, famille de papetiers de Riom, moulin Grand-Rive à Ambert, actif de 1725 à 1778 (84).../...L'album est entré dans les collections royales à une date inconnue et se trouvait au Louvre pendant la Révolution (85). .../...la plupart des dessins du volume ont d'abord été collés sur une feuille ou sur des bandes de papier bleu, papier ensuite fixé sur la page d'album. L'examen révèle plusieurs étrangetés : les bandes bleues n'entourent que la partie collée des dessins pliés, dont la partie repliée présente des traces d'anciens collages ; certains dessins recto-verso sont attachés par une charnière au papier bleu alors qu'ailleurs c'est le papier bleu lui-même qui est mobile pour donner accès à un dessin collé sur son verso. ../...Depuis la Révolution, les dessins de l'album ont fait l'objet de traitements variés : cer- tains feuillets en ont été détachés, puis réintégrés ou non), d'autres ôtés après découpe des pages d'album, puis réintégrés ou non. Dans certains cas, les bandes de papier bleu ont même été refaites. Tous souffraient d'un empoussièrement dû au caractère non compact de l'album. Le tiers des dessins, de dimensions supérieures à celles de l'ouvrage, avaient dû être pliés lors de sa confection, ce qui créait des zones de fragilité au niveau des pliures et des zones de frottement sur le motif.../... C'est probablement aussi lors de la constitution de l'album que des dessins qui n'en formaient qu'un autrefois ont été coupés et séparés .../... Enfin, le collage des feuilles dans l'album s'était parfois fait sans égard pour la présence de dessins sur leur verso, parfois à demi cachés , parfois entièrement."
Notes : 83. Nous remercions Valentine Dubard et Peter Fuhring pour leurs observations éclairantes sur l'album. Les dimensions de l'album sont H. 47,5 ; L. 64 ; ép. 8,5 cm. 84. Raymond Gaudriault & Thérèse Gaudriault, Filigranes et autres caractéristiques des papiers fabriqués en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, 1995, p. 79, signalé par Valentine Dubard. 85. Lorsque Morel d'Arleux dresse l'inventaire Napoléon, il mentionne le volume comme provenant de la collection ancienne (AMN 1 DD 40, vol. 8, p. 1573).
(Bénédicte Gady & Juliette Trey, in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), pp. 26-31).
« Soixante-seize feuilles proviennent de l'« album Silvestre » (Inv. 33011 à 33086)(80) .../... il s'agit d'un album factice, manifestement constitué au XVIIIe siècle, en réutilisant une reliure en veau, pleine peau lisse, dont les fers laissent penser qu'elle est d'origine nordique (83). L'examen du dos révèle que la reliure a été prise à l'envers par rapport à l'orientation des dessins dans l'album : les fleurons gravés au fer sont renversés, une étiquette de papier masque le caisson de tête et un cuir a été rapporté sur le septième, vraisemblablement pour cacher un ancien titre. Les pages de l'album portent un filigrane (aigle à deux têtes couronnées) et la contremarque de Thomas Marie Dupuy, famille de papetiers de Riom, moulin Grand-Rive à Ambert, actif de 1725 à 1778 (84).../...L'album est entré dans les collections royales à une date inconnue et se trouvait au Louvre pendant la Révolution (85). .../...la plupart des dessins du volume ont d'abord été collés sur une feuille ou sur des bandes de papier bleu, papier ensuite fixé sur la page d'album. L'examen révèle plusieurs étrangetés : les bandes bleues n'entourent que la partie collée des dessins pliés, dont la partie repliée présente des traces d'anciens collages ; certains dessins recto-verso sont attachés par une charnière au papier bleu alors qu'ailleurs c'est le papier bleu lui-même qui est mobile pour donner accès à un dessin collé sur son verso. ../...Depuis la Révolution, les dessins de l'album ont fait l'objet de traitements variés : cer- tains feuillets en ont été détachés, puis réintégrés ou non), d'autres ôtés après découpe des pages d'album, puis réintégrés ou non. Dans certains cas, les bandes de papier bleu ont même été refaites. Tous souffraient d'un empoussièrement dû au caractère non compact de l'album. Le tiers des dessins, de dimensions supérieures à celles de l'ouvrage, avaient dû être pliés lors de sa confection, ce qui créait des zones de fragilité au niveau des pliures et des zones de frottement sur le motif.../... C'est probablement aussi lors de la constitution de l'album que des dessins qui n'en formaient qu'un autrefois ont été coupés et séparés .../... Enfin, le collage des feuilles dans l'album s'était parfois fait sans égard pour la présence de dessins sur leur verso, parfois à demi cachés , parfois entièrement."
Notes : 83. Nous remercions Valentine Dubard et Peter Fuhring pour leurs observations éclairantes sur l'album. Les dimensions de l'album sont H. 47,5 ; L. 64 ; ép. 8,5 cm. 84. Raymond Gaudriault & Thérèse Gaudriault, Filigranes et autres caractéristiques des papiers fabriqués en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, 1995, p. 79, signalé par Valentine Dubard. 85. Lorsque Morel d'Arleux dresse l'inventaire Napoléon, il mentionne le volume comme provenant de la collection ancienne (AMN 1 DD 40, vol. 8, p. 1573).
(Bénédicte Gady & Juliette Trey, in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), pp. 26-31).
Caractéristiques matérielles
Dimensions
H. 0,362 m ; L. 0,472 m
Matière et technique
Traces de mise en place au graphite, plume et encre brune, lavis brun
H. 36,2 ; L. 47,2 cm
H. 36,2 ; L. 47,2 cm
Lieux et dates
Date de création / fabrication
1670
Données historiques
Historique de l'œuvre
Inventaire du musée Napoléon :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.8, p.1573, chap. : Ecole française, Volume 3. (...) Numéro : 12514. Désignation des sujets : Volume 3 Localisation de l'œuvre
Emplacement actuel
Réserve des grands albums
Album Silvestre Israël
Folio 5
rapporté au recto
Album Silvestre Israël
Folio 5
rapporté au recto
L'œuvre est visible sur rendez-vous en salle de consultation des Arts graphiques.
Index
Personnes
Techniques
Expositions
- La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 14 mars - 25 juin 2018
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 14 mars - 25 juin 2018
Dernière mise à jour le 09.11.2024
Le contenu de cette notice ne reflète pas nécessairement le dernier état des connaissances
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Notice complète sur l'inventaire informatisé du département des Arts graphiques :
http://arts-graphiques.louvre.fr/detail/oeuvres/1/210377-Vue-du-Chateau-des-Tuileries-prise-de-la-Seine