Numéro d’inventaire
A 999, Recto
Inventaire Gros 456
Numéros de catalogues :
Inventaire Autographes 999Inventaire Gros 456
Collection
Artiste / Auteur / Ecole / Centre artistique
description
Dénomination / Titre
16 frimaire an 5e République française [6 décembre 1796], Milan
Lettre autographe signée deux fois, en tête et au pied de la lettre. Six pages sur un feuillet double auquel est jointe une page sur feuillet simple.
Lettre autographe signée deux fois, en tête et au pied de la lettre. Six pages sur un feuillet double auquel est jointe une page sur feuillet simple.
Description / Décor
Commentaire :
Lettre de Gros à sa mère, dans laquelle il lui relate sa rencontre avec Joséphine Bonaparte à Gênes et son voyage à Milan afin d'y rencontrer Bonaparte, qui l'autorise à exécuter son portrait. Transcription du texte in extenso : « Milan 16 frimaire an 5e de la République française / Je n'ai pu t'avertir du voyage que je / viens de faire tant le motif s'est / présenté promptement. / Il y avoit déjà quelques tems que l'on / s'attendoit à voir arriver à Gênes la Citoyenne / Bonaparte, femme du Général en chef / de l'armée d'Italie. Comme j'allois assez / souvent chez le Citoyen Faitpoult, Envoyé de / la République française à Gênes, et qu'il avoit / quelqu'estime et amitié pour moi, je / me recommandois quelque fois à lui / et son épouse pour me présenter à / la Citoyenne Bonaparte à son arrivée, dans / la seule espérance de par- venir à faire / le portrait du Général, dont la Gloire / et les détails que l'on me donnoit de / sa physionomie ne faisoit qu'irriter ce / désir. La Citoyenne épouse du Général arrive / donc à Gênes et Madame Faitpoult me // présente à elle, mais après lui avoir / parle déjà parlé de moi avec même / plus de bonté que je ne meritois. / Elle [la citoyenne Bonaparte] me reçu de la manière la plus / honnête et commença d'elle-même / à me dire qu'elle savoit que mon / désir étoit de me rendre à Milan / et y prendre divers renseignemens pour / composer quelques-unes des victoires de / son mari (ce donc j'avois bien parlé / à la Cne Faitpoult, il est vrai, mais / pour faire à part moi comme aimant et / ayant quelques facilités pour peindre / les chevaux, mais mon idée se bornoit / au portrait de Bonaparte) ; que si / je n'avois pas d'occuppations qui me / retinssent à Gênes, elle m'offroit une / place dans sa voiture. Je lui témoignai / le mieux que je pus ma reconnoissance, / et sur son offre, et sur ce qu'elle me / disoit des rapports que l'on lui avoit fait / de mon talent. // Madame Faitpoult me dit d'apporter le jour suivant / quelques-uns de mes ouvrages, ce que je fis. / C'étoit le portrait de famille, mari et femme / et trois enfans grands comme na- ture dans le / même tableau, et un autre d'un homme fait / d'une physionomie sérieuse et pâle comme / j'entendois dire qu'étoit à peu près Bonaparte. / Ces deux tableaux leur fit infiniment plus / de plaisir que je n'osois espérer et elle / me dit aussi- tôt d'un ton spontané de / satisfaction ("je vous emmène à Milan, je / vous emmène par- tout"). Sa 1ereoffre étant / par honnêteté, et sur rapport, mais cette / dernière assurance, comme de persuasion sur / mon compte. Elle resta quatre jour à Gênes, / le 5e je partis avec en même temps qu'elle dans la voiture / du négociant André qui fit notre lettre de change. / Le ministre Faitpoult l'ayant raccompagné / jusqu'en cette ville et ce négociant se rendait / aussi à Milan, ce qui m'assura de la moins / déranger car, en 1er, elle m'avoit destiné une / place dans sa voiture. Arrivé ici elle me / présenta le lendemain à son illustre époux / qui, bien que froid et sévère, me fit un // accueil plus digne des arts que de moi --- / "Voilà ce jeune artiste dont je t'ai parlé" - dit elle - / "ah .. je suis charmé de le voir, vous êtes / élève de David etc. etc." Après quelques mots / sur son talent, il a fait demander, dit-il, ce / dessin me montrant ce que faisoit un officier / d'artillerie qui dessinoit très véridiquement et / assez spirituellement la prise du pont de Lodi. / "Il veut le peindre mais j'en j'ai quelques autres / beaux sujets / que je vous ferai communiquer". "Ils appartiennent tous" - repartis-je - "à mon maître David par ses / grands talens" et lui rappelant ses différents / chefs-d'œuvres. "Mais," - lui dis-je en coupant / une conversation où je me trouvois trop haut / placé puisqu'on parloit du célèbre David - / "en ce moment, plus près que lui de vous, / j'ai un grand ??? [mot illisible, barré] sujet à traiter ou du / moins c'est mon ardent désir"... "Comment ?".. / "Votre portrait..." - dis-je. Il fit une inclination / de tète légèrement et modestement, je fus / retenu à diner. Aujourd'hui, j'ai ressemblé / tout ce que j'ai pu puisque j'arrive pour / être en état de commencer au plutôt. / Madame Bonaparte a voulu absolument me / faire préparer un logement dans la même / maison qui est immense ___ // Tu vois que je suis dans un chemin mille / fois plus beau qu'il ne m'étoit permis d'espérer / et c'est par les conseils paternels et ardens / du respectable César Vanloo, paysagiste de l'ancienne académie dans ce mo- ment / à Gêne[s], que j'en ai osé profiter : "que cela / réussisse, que cela ne réussisse pas, cela vous / sera toujours avantageux et je ne puis douter / que cela réussira. Allez, partez ! ne prenez qu'un / porte manteau, allez partez, si vous lambinez, / c'est fini, partez !" Et me voilà. / Si tu vois le Citoyen David, communique lui / ma lettre mais concentre d'ailleurs le plaisir / que cela te peux faire, n'en parle point à / d'autres car on jaboterois "ah Gros cy, ah / Gros là, il faut qu'il fasse cy, qu'il fasse là"./ On verra [suivi d'un mot ou abrégé illisible]. Ma dette ici est déjà assez forte / ici sans qu'on se complaise à me la / doubler là-bas. D'ailleurs, si j'avois le / bonheur de réussir vis-à-vis du général et / sa femme par quelques esquisses que je / pourrai faire, ce n'est que pour un particulier / que je pourrai l'exécuter, laissant aux // vrais gens de mérite de les faire pour le / publique public. Enfin, tout cela peut s'évanouir, / soit par mon peu de moyen, ou d'autres / circonstances. Voilà pourquoi je ne désire / qu'on ne le sache pas ou du moins le / moins possible. ___ / J'ai eu de quoi payer autour de 600 f. / que je pouvois devoir de loyer et autres / et suis parti avec 100 pistoles dans mon / gousset ; je ne dois rien ; j'ai quelques sols / devant moi et vais travailler à chose / qui me dévore d'ardeur. Pour tout / compliment, lis celà à ma sœur. Je / vous embrasse toutes deux. Donne-moi / de tes nouvelles et des siennes mais ne / te flatte pas plus que je ne me flatte, / peut-être d'autres lettres pourroient te dire / que de si belles espérances sont évanouies. / Je ferai tout mon possible pour poursuivre heureusement / mais je suis incrédule au bonheur, / je t'embrasse, Gros »
En marge des pages : - première page : « G [?].. C.... Gr[os]. Artiste français Casa Serbellonni / ou poste restante / Milan » ; - deuxième page : « 17 frimre / Je viens de commencer le portrait du Général mais l'on ne peut même donner le nom de séance / au peu de tems qu'il me donne. Je ne puis avoir le tems de choisir mes couleurs, il faut que / je me résigne à ne prendre que le caractère de sa physionomie et, après cela, de mon mieux / y donner la tournure d'un portrait, mais on me fait courage, étant déjà satisfait du petit peu / qu'il y a sur la toille. Je suis bien inquiet de voir la tête à peu près / faite » ; - troisième page : « parti vendredi 13 à 2 heures après diné, arrivé le samedi 14 au soir, présenté au Général le 15 / et ma [lettre] date du 16, Madame Bonaparte étant venue à Gênes le 9 » ; - sixième page : « Dans ma 1ere je t'écrivois pour un intime ami à moi qui te / verras bientôt à paris peut-être / et aussi relativement à Girodet ».
Pour une notice complète, voir Musée du Louvre, département des Arts graphiques, 'Inventaire général des dessins, école française : Antoine Jean Gros (1771-1835)', par Laura Angelucci, Paris, Louvre éditions / Mare & Martin, 2019, n° 456 (avec bibliographie antérieure). Voir aussi : Valentine de Chillaz, 'Musée du Louvre, Département des arts graphiques, Musée d'Orsay, inventaire général des autographes', Paris, RMN, 1997, Aut. 999, p. 154 ; Philippe Bordes, 'Laura Angelucci, Musée du Louvre, Département des Arts graphiques. Inventaire général des dessins : École française. Antoine Jean Gros. Paris : Louvre éditions / Mare et Martin, 2019... ' [compte rendu], in 'Master Drawings', vol. LVIII, n° 2, été 2020, p.259, sous note 7.
Caractéristiques matérielles
Matière et technique
Plume et encre brune, sur papier vergé. Lignes de chaînettes verticales (écartement entre les lignes de chaînettes : 25 mm).
Lieux et dates
Date de création / fabrication
1796
Données historiques
Historique de l'œuvre
Vente, Paris, hôtel Drouot, 30 janvier 1975, n° 70 ; acquis par le musée du Louvre.
Mode d’acquisition
achat
Date d’acquisition
1975
Localisation de l'œuvre
Emplacement actuel
Réserve des autographes
Réserve des autographes : cote BCb5L20
Réserve des autographes : cote BCb5L20
L'œuvre est visible sur rendez-vous en salle de consultation des Arts graphiques.
Index
Lieux
Personnes
Techniques
Expositions
- Antoine-Jean Gros (1771-1835), dessins du Louvre
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 27 juin - 30 septembre 2019
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 27 juin - 30 septembre 2019
Dernière mise à jour le 24.09.2024
Le contenu de cette notice ne reflète pas nécessairement le dernier état des connaissances
Le contenu de cette notice ne reflète pas nécessairement le dernier état des connaissances
Notice complète sur l'inventaire informatisé du département des Arts graphiques :
http://arts-graphiques.louvre.fr/detail/oeuvres/1/509843-16-frimaire-an-5e-Republique-francaise-6-decembre-1796-Milan