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La Vierge à la couronne d'étoiles

1508
Dürer, Albrecht, gravé par
536 LR/ Recto
Département des Arts graphiques
Numéro d’inventaire
536 LR/ Recto
Anciens numéros d'inventaire :
16278
Référence de l'inventaire manuscrit :
vol.1, p.29
Collection
Département des Arts graphiques
Collection Edmond de Rothschild
Artiste / Auteur / Ecole / Centre artistique
Dürer, Albrecht (1471-1528), gravé par
Ecole allemande

description

Dénomination / Titre
La Vierge à la couronne d'étoiles
Description / Décor
Commentaire :
B. 31 ; D. 48
« Les deux estampes d'Albrecht Dürer et d'Albrecht Altdorfer représentant une Vierge à l'Enfant, exécutées a une année d'intervalle, témoignent, dans leurs ressemblances comme dans leurs différences, de la connaissance de la gravure de Dürer par Altdorfer,et de l'intention de ce dernier de se mesurer au maître nurembergeois sur les plans artistique et technique. Dürer a représenté une Vierge a l'Enfant dotée des attributs de la mulier amicta sole décrite au livre XII de l'Apocalypse. La relation entre cette apparition et la Vierge Marie a été établie dès le XIIème siècle par divers théologiens, qui considéraient que la femme enveloppée de soleil symbolisait la Vierge enfantant le Christ exterminateur du démon. A partir de la fin du XVème siècle, cette iconographie fut interprétée dans un sens nouveau, certains y voyant la conception immaculée de la Vierge1.La version qu'en donne Altdorfer est une savante adaptation a son propre langage artistique. Sans croissant de lune, la Vierge est une Madone bien terrestre, même si les rayons qui forment une mandorle derrière elle et la couronne aux joyaux scintillants sont une référence a la Femme de l'Apocalypse. Altdorfer n'a pas voulu retenir la gracilité de la Vierge de Dürer : Marie est corpulente, massive, et le raccourci du bras ainsi que les larges mains sont caractéristiques d'un style qui fait peu de cas du canon classique de l'art italien. Il a également ignoré l'aspect céleste du motif iconographique de la Vierge au croissant, peut-être, comme l'a avancé Magdalena Bushart, pour des raisons de véracité historique, conformément au souhait des humanistes et des théologiens de l'époque. On peut toutefois objecter que la représentation qu'en fait Dürer reprend avec exactitude la description de saint Jean. Altdorfer semble avoir privilégié une Vierge plus humaine et plus accessible aux fidèles, sans doute dans l'idée de renouveler les composantes de l'iconographie traditionnelle de la mulier amicta sole, héritées du début du XVe siècle, et que Dürer continuera de diffuser par l'estampe selon le même schéma jusqu'en 15162. Les différences iconographiques pourraient ainsi se comprendre comme une manière pour Altdorfer d'apparaître comme plus moderne et plus inventif. La mise en oeuvre d'une syntaxe qu'Altdorfer n'avait jusqu'alors jamais vraiment utilisée dans ses gravures constitue un signe manifeste de son intention de se mesurer a Dürer sur le plan technique. Dans sa version de la Vierge a l'Enfant, on note en effet un chevauchement de tailles ordonnées et régulières qui semble directement inspiré de l'observation du beau métier de buriniste de Dürer. Dans la Tentation de deux ermites (cat. 7a), ou dans la Fortune, plus tardive (cat. 7b), Altdorfer arrivait certes à obtenir un puissant effet de contraste en saturant la plaque de tailles, mais ces dernières étaient gravées dans tous les sens, sans respecter une trame précise, ainsi que le font les peintres. La confrontation technique des deux estampes de la Vierge montre cependant que celle d'Altdorfer manque de subtilité et de force dans les dégradés de tons, qu'il s'agisse là de la volonté délibérée de ne pas singer son modèle ou d'un défaut de maîtrise de l'outil. La gravure d'Altdorfer n'est aujourd'hui connue que par deux exemplaires, un chiffre anormalement bas qui indique peut-être que l'artiste la concevait davantage comme un exercice, selon le principe d'aemulatio cher aux humanistes du temps, que comme une estampe destinée à une large diffusion.
(1. Fournié et Lepape 2012. 2. Dürer a gravé quatre burins sur ce theme : la présente estampe, une autre datée d'environ 1499 (Bartsch 1803-1821, VII, p. 50, no 30), une autre de 1514 (Ibid., VII, p. 53, no 33) et une derniere de 1516 (Ibid., VII, p. 53, no 32) ; Schoch, Mende et Scherbaum 2001-2004, I, nos 24, 72 et 81) » (S. Lepape, 2020)

Bibliographie :
A. Bartsch Le Peintre graveur', 1808, VII, p. 52, no 31
W. L. Strauss, 'The illustrated Bartsch, I, 10, Sixteenth century german artists, Albrecht Dürer', New York, 1981, p. 78, no 31
H. Mielke in 'Albrecht Altdorfer Zeichnungen Deckfärbenmalerei, Druckgraphik', Berlin et Ratisbonne 1988, no 33
S. Renouard de Bussière in 'Albrecht Dürer œuvre gravé', Paris, Petit Palais, 1996, no 182
'Dürer, Himmel und Erde, Gottes und Menschenbild in Dürer Druckgraphischem Werk', E. Schneider, cat. exp. Schweinfurt, Bad Arolsen, Bottrop, 1999-2001, Schweinfurt, 1999, no 14
R. Schoch, M. Mende et A. Scherbaum, 'Albrecht Dürer das druckgraphische Werk', 3 vols., 2001-2004, vol. I, no 62
M. Bushart, 'Sehen und Erkennen Albrecht Altdorfer religiöse Bilder', Munich, Berlin, 2004, p. 73-75, p. 81
S. Vlachos, 'Deformation und Verfremdung eine Stiltendenz in der deutschen Kunst um 1500', Kiel, 2012, p. 238-239
'Fantastishe Welten. Albrecht Altdorfer und das Expressive in der Kunst um 1500', cat. exp. Francfort et Vienne, 2014-2015, p. 25
P. Littmann in 'Der Meistervon Messkirch. Katolische Pracht in der Reformazionsszeit', cat. exp. Stuttgart, Staatsgalerie, 2017-2018, no 96
S. Lepape in 'Albrecht Altdorfer. Maître de la Renaissance allemande', Hélène Grollemund, Olivia Savatier Sjöholm, Séverine Lepape, cat. exp. Paris, musée du Louvre, 1er octobre 2020 - 4 janvier 2021, Paris, 2020, n° 6a, pp. 58-59, repr. 9.59

Caractéristiques matérielles

Dimensions
Dimensions à la feuille : H. 0,116 m ; L. 0,074 m
Dimensions au trait carré : H. 0,116 m ; L. 0,074 m
Matière et technique
Burin. Signé du monogramme de Dürer et daté de 1508 en bas à droite.

Lieux et dates

Date de création / fabrication
1508

Données historiques

Historique de l'œuvre
Collection Ernst F. Oppermann, Amsler & Ruthardt, Berlin, 15 mai 1882, n°434, 490 mark, acquis pour le baron Edmond de Rothschild, don au musée du Louvre, 1935.
Œuvre conservée dans le portefeuille n°40 du baron Edmond de Rothschild jusqu'en 2016.
Détenteur précédent / commanditaire / dédicataire
Dernière provenance : Rothschild, baron Edmond de
Mode d’acquisition
don
Date d’acquisition
1935

Localisation de l'œuvre

Emplacement actuel
Réserve Edmond de Rothschild, petit format

L'œuvre est visible sur rendez-vous en salle de consultation des Arts graphiques.

Expositions

- Albrecht Altdorfer. Maître de la Renaissance allemande
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 01 octobre 2020 - 08 mars 2021
Dernière mise à jour le 31.08.2023
Le contenu de cette notice ne reflète pas nécessairement le dernier état des connaissances