Inventory number
Numéro principal : RF 706
Numéro dépositaire : D 49
Numéro dépositaire : D 49
Collection
Artist/maker / School / Artistic centre
Description
Object name/Title
Titre : Enfant endormi dans un berceau sous la garde d'un chien courageux qui vient de tuer près de lui une énorme vipère
Description/Features
"Un père, forcé de s'absenter du logis, y avait laissé sous la garde d'un chien un enfant endormi au berceau. Un serpent s'étant glissé dans cette chambre, allait le dévorer, sans le chien qui sauta dessus et le tua. On voit cet animal tenant encore le reptile sous ses pattes. Malheureusement il en fut la victime ; car le père, rentrant chez lui et voyant son chien accourir à lui la gueule ensanglantée, le tua, pensant qu'il avait étranglé son enfant. Mais lorsqu'il le vit sain et sauf, et qu'il aperçut le serpent mort auprès de lui, il fut au désespoir, et se repentit, mais trop tard, de sa précipitation". [extrait de "Explication des ouvrages de peinture et de sculpture de l'école moderne de France exposés depuis le 24 avril 1818 dans le Musée royal du Luxembourg", Paris, 1819].
Commentaire :
Jeanne-Élisabeth Chaudet a certainement conçu ce tableau d’après la fable « Le Chien et le Serpent » composée par Barthélemy Imbert ("Choix de fabliaux", t. 1, Paris, Le Prieur, 1795). Ce poème était lui-même une synthèse versifiée d’un fabliau médiéval collecté par Pierre Jean-Baptiste Legrand d’Aussy en 1781 ("Fabliaux ou contes du XIIe et du XIIIe siècle", t. 3, Paris, Eugène Onfroy, 1781). Le récit est situé à Rome au Moyen Âge : un nourrisson, unique héritier d’une riche famille, est laissé seul dans une chambre par ses nourrices, curieuses d’aller observer depuis le toit un tournoi auquel sont partis assister les parents. L’enfant échappe heureusement à la morsure d’une vipère grâce à la vigilance du chien de la maison, au terme d’un vif combat. Mais au retour des servantes et de la famille, à la vue du sang versé, tous croient d’abord que le chien vient de tuer l’enfant. Fou de désespoir, le père décapite le chien avant de comprendre sa méprise et de s’infliger la même pénitence que pour le meurtre d’un homme. Chaudet ne traduit qu’imparfaitement le récit : sans rien laisser deviner de l’issue tragique, elle omet de peindre le berceau renversé et couvert de sang par le combat entre le chien et le serpent. Elle privilégie au contraire le sang-froid et le calme avec lequel le chien monte la garde après avoir terrassé la vipère sous ses griffes. Imperturbable, le bébé apparaît dans l’éclat de sa beauté et dans l’abandon complet au sommeil, signifié par le bras posé sur la tête : ce code de représentation est repris des sculptures gréco-romaines représentant le sommeil d’Éros ou Ariane endormie. La pâleur de l’enfant contraste avec le pelage noir du chien, sentinelle pleine de grandeur calme et de noble simplicité : fait rare, c’est ici l’animal qui est doté du comportement type du héros vertueux, tel que l’apprécient les théoriciens de l’art néoclassique. Cependant, son regard tourné vers le spectateur est lourd de sens : de ses yeux rouges, il nous prend à témoin de son courage mais pourrait aussi nous porter une accusation. Le fabliau rappelle en effet la coupable négligence des adultes dans le bonheur (en laissant un enfant sans surveillance par distraction) et d’autre part leur précipitation aveugle dans le malheur (en tuant par méprise le chien innocent). Avec un format de toile permettant de représentant les deux protagonistes grandeur nature, Chaudet prouve sa capacité à dépasser la scène de genre anecdotique qui avait fait sa notoriété depuis la "Petite fille apprenant à lire à son chien" (1799) : elle élève l’enfant et le chien au rang d’allégories de l’innocence et du dévouement. Ce faisant, ils désignent un troisième terme, hors champ : celui de la négligence, de la brutalité et de l’ingratitude des humains adultes.
(Côme Fabre, 2024)
Commentaire :
Jeanne-Élisabeth Chaudet a certainement conçu ce tableau d’après la fable « Le Chien et le Serpent » composée par Barthélemy Imbert ("Choix de fabliaux", t. 1, Paris, Le Prieur, 1795). Ce poème était lui-même une synthèse versifiée d’un fabliau médiéval collecté par Pierre Jean-Baptiste Legrand d’Aussy en 1781 ("Fabliaux ou contes du XIIe et du XIIIe siècle", t. 3, Paris, Eugène Onfroy, 1781). Le récit est situé à Rome au Moyen Âge : un nourrisson, unique héritier d’une riche famille, est laissé seul dans une chambre par ses nourrices, curieuses d’aller observer depuis le toit un tournoi auquel sont partis assister les parents. L’enfant échappe heureusement à la morsure d’une vipère grâce à la vigilance du chien de la maison, au terme d’un vif combat. Mais au retour des servantes et de la famille, à la vue du sang versé, tous croient d’abord que le chien vient de tuer l’enfant. Fou de désespoir, le père décapite le chien avant de comprendre sa méprise et de s’infliger la même pénitence que pour le meurtre d’un homme. Chaudet ne traduit qu’imparfaitement le récit : sans rien laisser deviner de l’issue tragique, elle omet de peindre le berceau renversé et couvert de sang par le combat entre le chien et le serpent. Elle privilégie au contraire le sang-froid et le calme avec lequel le chien monte la garde après avoir terrassé la vipère sous ses griffes. Imperturbable, le bébé apparaît dans l’éclat de sa beauté et dans l’abandon complet au sommeil, signifié par le bras posé sur la tête : ce code de représentation est repris des sculptures gréco-romaines représentant le sommeil d’Éros ou Ariane endormie. La pâleur de l’enfant contraste avec le pelage noir du chien, sentinelle pleine de grandeur calme et de noble simplicité : fait rare, c’est ici l’animal qui est doté du comportement type du héros vertueux, tel que l’apprécient les théoriciens de l’art néoclassique. Cependant, son regard tourné vers le spectateur est lourd de sens : de ses yeux rouges, il nous prend à témoin de son courage mais pourrait aussi nous porter une accusation. Le fabliau rappelle en effet la coupable négligence des adultes dans le bonheur (en laissant un enfant sans surveillance par distraction) et d’autre part leur précipitation aveugle dans le malheur (en tuant par méprise le chien innocent). Avec un format de toile permettant de représentant les deux protagonistes grandeur nature, Chaudet prouve sa capacité à dépasser la scène de genre anecdotique qui avait fait sa notoriété depuis la "Petite fille apprenant à lire à son chien" (1799) : elle élève l’enfant et le chien au rang d’allégories de l’innocence et du dévouement. Ce faisant, ils désignent un troisième terme, hors champ : celui de la négligence, de la brutalité et de l’ingratitude des humains adultes.
(Côme Fabre, 2024)
Physical characteristics
Dimensions
Hauteur : 1,14 m ; Largeur : 1,34 m ; Hauteur avec accessoire : 1,392 m ; Largeur avec accessoire : 1,599 m
Materials and techniques
huile sur toile
Places and dates
Date
1e quart du XIXe siècle (1801)
History
Object history
Exposé au Salon de 1801, Paris, Muséum central des arts (Louvre), n° 62 du livret (n° 226 du registre d'entrée des ouvrages, sans indication de dimensions) ; acquis vers 1817-1818, probablement par achat de la Chambre des Pairs auprès de l'artiste ; présenté au musée du Luxembourg, Paris, d'avril 1818 jusqu'en 1855 au moins ; déplacé, au sein du palais du Luxembourg, des espaces du musée à ceux du Sénat, vers 1856 ; localisé en 1871 dans le cabinet de travail de Simon Claude Constant-Dufeux (1801-1871), architecte du palais du Luxembourg ; sorti du palais du Luxembourg et entré au musée du Louvre entre le 19 et le 25 août 1871 ; envoyé à la Maison d'éducation de la Légion d'honneur à Saint-Denis, le 18 juin 1877 ; rentré de Saint-Denis et mis en réserve aux magasins du musée du Louvre le 14 février 1882 ; inscrit sur l'inventaire des Peintures du musée du Louvre sous le n° "R.F. 706", en 1892 ; mis en dépôt au musée de Rochefort (Charente-Maritime) le 14 mai 1892 ; rentré de Rochefort au musée du Louvre (fin de dépôt) le 23 octobre 2023.
Acquisition details
reversement
Acquisition date
date de décision : 1818 (achat)
date d'arrivée au Musée : 1871
date de l'inscription sur l'inventaire : 1892
date d'arrivée au Musée : 1871
date de l'inscription sur l'inventaire : 1892
Owned by
Etat
Held by
Musée du Louvre, Département des Peintures
Location of object
Current location
non exposé
Index
Mode d'acquisition
Bibliography
- Centre d'archéologie et d'ethnologie poitevines ; Musée Sainte-Croix (dir.), Entrer dans la vie en poitou du XVIe siècle à nos jours, cat. exp. (Poitiers, 18 décembre 1987 - 2 mars 1988), Poitiers, Musée Sainte-Croix, 1988, p. 11
- Foucart-Walter, Élisabeth, « Tableaux déposés par le Louvre », dans Compin, Isabelle ; Roquebert, Anne (dir.), Catalogue sommaire illustré des peintures du musée du Louvre et du musée d'Orsay. V. Ecole française. Annexes et index, Paris, Editions de la Réunion des musées nationaux, 1986, p. 194-394, p. 224
Exhibition history
- Un quatuor d'exception, les sœurs Lemoine ou la révolution du portrait, Grasse (Externe, France), Musée Jean-Honoré Fragonard (privé), 10/06/2023 - 08/10/2023
Last updated on 31.10.2024
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