Portrait de Lucile Virginie Le Guillou

Numéro principal : RF 26

Département des Peintures

Delacroix, Eugène (Charenton-Saint-Maurice (Val-de-Marne), 1798 - Paris, 1863)
France École de

Titre : Portrait de Lucile Virginie Le Guillou

Delacroix a peint vers 1840 ce portrait de Lucile Virginie Le Guillou (née en 1831 - morte avant 1869) : âgée d'environ neuf ans, elle était la fille unique de Jeanne Marie (dite Jenny) Le Guillou (1801-1869), gouvernante de l’artiste depuis 1835, et d'un père non dénommé. L’enfant est représenté strictement de face. L’ovale de son visage est modelé par un jeu d’ombres qui lui donne une forte présence plastique. Sa robe de couleur verte, aux manches bouffantes et plissées, est agrémentée d’un semis de petites fleurs rouges et jaunes. Un petit col blanc de tulle brodé vient souligner son encolure. Ses cheveux bruns sont séparés symétriquement par une raie droite qui renforce l’effet sculptural de ce buste.

Commentaire :
Les circonstances de l'exécution de ce portrait ne sont pas connues. Devenue au fil des ans une amie et une confidente, Jenny Le Guillou avait veillé sur l’artiste avec un très grand dévouement jusqu’à recueillir son dernier souffle le 13 août 1863. Preuve de son attachement, Delacroix lui lègue par testament trois portraits : celui de Chopin en Dante (dessin, musée du Louvre) son Autoportrait au gilet vert (huile sur toile, musée du Louvre) et cette effigie de sa fille. Célibataire et sans enfant survivant au moment de mourir, Jenny Le Guillou confie à son tour, en 1869, cet ensemble à une nièce de Delacroix, sous la condition verbale d’en faire don au musée du Louvre après la chute du régime impérial. Si l’Autoportrait fut immédiatement considéré comme une œuvre majeure de l’artiste, le portrait de Lucile Virginie fut relégué en réserve et oublié jusqu’à son exposition en 1930 lors de la grande rétrospective Delacroix, puis sa publication dans le catalogue des peintures du Louvre en 1959 par Charles Sterling. Le portrait souffrait d’une défaveur telle que certains spécialistes du peintre, à l’instar d’Alfred Robaut, émirent des doutes sur son caractère autographe – rapidement dissipés.
Le portrait a longtemps été considéré comme une effigie posthume peinte par amitié pour sa mère, sur la croyance erronée que Lucile Virgile était morte en 1841, âgée d'environ dix ans. Mais la date de mort de Lucile Virginie reste en réalité inconnue : la date du 25 mars 1841, un temps évoquée sur la base d'un document des Archives de Paris, s'est révélée être celle du décès d'une homonyme, Virginie Guillou, épouse Coquet, âgée de 43 ans (nous remercions Monsieur Stanislas Volkov pour ces informations). La similitude de la pose de l’enfant en buste, frontale, avec les bustes-reliquaires de la Renaissance italienne a pu conforter cette idée – même si cette analogie peut être attribuée à la faveur dont ce type d’œuvre jouissait généralement auprès des artistes. Le caractère vivant de ce portrait - son nez retroussé, ses yeux malicieux dirigés vers le spectateur, laissant imaginer une jeune fille espiègle et en pleine santé – nous incite à penser qu’il fut peint du vivant de l’enfant. Une question demeure cependant : pour quelles raisons Delacroix a-t-il conservé ce portrait dans son atelier, alors qu’il avait donné de son vivant à sa mère, Jenny Le Guillou, celui qu’il avait fait d’elle à la même époque (huile sur toile, musée du Louvre) ?
[Aude Gobet, décembre 2021]

Hauteur : 0,46 m ; Largeur : 0,38 m

huile sur toile

2e quart du XIXe siècle (vers 1840)

Conservé par l'artiste jusqu'à sa mort et légué à sa gouvernante Jenny Le Guillou, en 1863 ; propriété de Jenny Le Guillou (1801-1869), mère du modèle ; légué par Jenny Le Guillou au musée du Louvre en 1869, avec la consigne donnée à Zélie Duriez, nièce de l'artiste, de n'effectuer le don manuel qu'après la chute du Second Empire ; remis au musée du Louvre, par l'intermédiaire du peintre Pierre Andrieu, en août 1872 ; mis en dépôt au musée national Eugène-Delacroix, Paris, en 1990.

Mme Le Guillou, Jeanne-Marie dite Jenny, Légataire, 1869
Duriez de Verninac, Zélie, Intermédiaire, 1872
Andrieu, Pierre, Intermédiaire, 1872

legs

date de donation : 1869
date d'arrivée au Musée : 1872

Etat

Musée du Louvre, Département des Peintures

Musée national Eugène Delacroix, Musée Delacroix, Paris

legs