Lucile Virginie Le Guillou (1831- ?, avant 1869)

Numéro principal : RF 26

Département des Peintures

Delacroix, Eugène (Charenton-Saint-Maurice (Val-de-Marne), 1798 - Paris, 1863)
France École de

Titre : Lucile Virginie Le Guillou (1831- ?, avant 1869)

Hauteur : 0,46 m ; Largeur : 0,38 m

huile sur toile

2e quart du XIXe siècle (1840)

Légué par Jenny Le Guillou à Mme Zélie Duriez de Verninac pour être remis au Louvre après la chute du Second Empire ; en exécution de cette volonté, remis au musée par l'intermédiaire du peintre Pierre Andrieu (1821-1892) en 1872.

Commentaire :
Delacroix réalise autour de 1840 ce portrait de Lucile-Virginie Le Guillou, fille unique de Jenny Le Guillou (1801-1869), gouvernante de l’artiste depuis 1835. Les circonstances de son exécution ne sont pas connues. Devenue au fil des ans une amie et une confidente, Jenny avait veillé sur l’artiste avec un très grand dévouement jusqu’à recueillir son dernier souffle le 13 août 1863. Preuve de son attachement, Delacroix lui lègue par testament trois portraits : celui de Chopin en Dante (dessin, musée du Louvre) son Autoportrait au gilet vert (huile sur toile, musée du Louvre) et cette effigie de sa fille. Célibataire et sans enfant survivant, Jenny Le Guillou lègue à son tour cet ensemble à une nièce de Delacroix, sous la condition verbale d’un don au Louvre après la chute du régime impérial.
Si l’Autoportrait fut immédiatement considéré comme une œuvre majeure de l’artiste, le portrait de Lucile-Virginie fut relégué en réserve et oublié jusqu’à son exposition en 1930 lors de la grande rétrospective Delacroix, puis sa publication dans le catalogue des peintures du Louvre en 1959 par Charles Sterling. Le portrait, marginal dans l’œuvre de Delacroix, souffrait d’une défaveur telle que certains spécialistes du peintre, à l’instar d’Alfred Robaut, émirent des doutes sur son caractère autographe – rapidement dissipés.
De manière inhabituelle dans la production de portraits de Delacroix, l’enfant est représentée strictement de face. L’ovale de son visage est modelé par un jeu d’ombres virtuose qui lui donne une forte présence plastique. Sa robe de couleur verte, aux manches tombantes et plissées, est relevée d’un semis de petites fleurs rouges et jaunes. Un petit col blanc de tulle brodé vient souligner son encolure. Ses cheveux bruns sont séparés symétriquement par une raie droite qui renforce l’effet sculptural de ce buste.
Le portrait a été souvent considéré comme une effigie posthume peinte par amitié pour sa mère, mais la date de mort de Lucile-Virginie reste inconnue (la date du 25 mars 1841, un temps évoquée sur la base d'un document des Archives de Paris, s'est révélée être celle de Virginie Guillou, épouse Coquet, décédée à l'âge de 49 ans - nous remercions Monsieur S. Volkov pour ces informations). La similitude de la pose de l’enfant en buste, frontale, avec les bustes-reliquaires de la renaissance italienne a pu conforter cette idée – même si cette analogie peut être attribuée à la faveur dont ce type d’œuvre jouissait auprès des artistes. Le caractère vivant de ce portrait - son nez retroussé, ses yeux malicieux dirigés vers le spectateur, laissent imaginer une jeune fille espiègle et en pleine santé – nous incite à penser qu’il fut réalisé avant le décès de l’enfant. Une question demeure cependant, pour quelle raison Delacroix a-t-il conservé ce portrait dans son atelier, alors qu’il avait donné de son vivant à sa mère, Jenny Le Guillou, celui qu’il avait fait d’elle à la même époque (huile sur toile, musée du Louvre). [Aude Gobet, décembre 2021]

Le Guillou, Jeanne-Marie dite Jenny, Légataire, 1869
Duriez de Verninac, Zélie, Intermédiaire, 1872
Andrieu, Pierre, Intermédiaire, 1872

legs

date d'arrivée au Musée : 1872

Etat

Musée du Louvre, Département des Peintures

Musée national Eugène Delacroix, Paris

legs