Inventory number
INV 33038, Recto
MA 12514
Former inventory number:
NIII 15612MA 12514
Handwritten inventory reference:
vol.13, p.358Collection
Artist/maker / School / Artistic centre
Description
Object name/Title
Vue de la grande perspective de Meudon depuis l'orangerie
Description/Features
Commentaire :
"Le 31 octobre 1679, Louvois acquiert le domaine de Meudon pour la somme de 400 000 livres. Le château, voisin de Versailles, ne cessera d'être embelli par le ministre, jusqu'à sa mort survenue en 1691. « Il va passer [à Meudon] un jour ou deux toutes les semaines, non pour prendre du relâche après ses grandes et longues occupations, mais pour travailler en repos, et ne donner aucune audience (1). » Aussi, c'est un domaine prestigieux que représente Silvestre quand il exécute le cycle de dessins de Meudon, certainement à la demande de Louvois lui-même. Plusieurs vues sont entreprises, toutes virtuoses. Comme à l'accoutumée, le dessinateur s'y montre soucieux de retranscrire fidèlement les lieux. Il paraît certain que les dessins de Meudon ont été exécutés dans un but précis, celui de les faire reproduire par la gravure, pour diffusion. En effet, les dessins du Louvre ont tous été gravés, du temps même de Louvois (2). Comme si, étonnamment, le ministre voulait faire découvrir la magnificence de sa maison des champs, où seuls les membres de son cercle le plus intime étaient pourtant conviés... Des cinq dessins de Silvestre représentant Meudon, le plus ancien semble être celui représentant la vue de la grotte, ainsi que son parterre de broderies, nouvellement tracé par André Le Nôtre pour Louvois (cat. 62). Une annotation manuscrite indique qu'il a été exécuté sur les lieux en 1683. Le dessin constitue la plus fidèle représentation connue de la célèbre grotte, qui avait été bâtie vers 1552 par le cardinal de Lorraine, et qui fut restaurée et embellie par Louvois, après avoir subi les outrages de la Fronde. Silvestre théâtralise la composition par son choix d'un point de vue parfaitement symétrique. Sa seule invention réside dans l'ajout d'une petite palissade cintrée, visible sur le devant, astuce qui lui permet de stabiliser sa composition. Un autre dessin (cat. 63), complémentaire du précédent, offre le point de vue depuis la petite terrasse de la grotte, située en haut des deux grands escaliers extérieurs, en sortant du salon. La gravure exécutée d'après le dessin est légendée « Vue du parterre de la Grotte du château de Meudon (3 )». Dépassant la simple symétrie de la partie centrale du dessin, avec le parterre de broderies de Le Nôtre, Silvestre se divertit à décrire toute la colline de Clamart qui lui fait face, et le village de Fleury voisin. Avec un style plus libre et plus rapide, il n'omet pas de représenter, juste derrière le parterre, l'hôtel Courtin, sorte de « Petit Château » que Louvois a mis à la disposition de son ami le diplomate Honoré Courtin (1626-1703). Non loin, c'est le château de Fleury que le dessinateur esquisse avec justesse, tandis que, dans le fond à gauche, sont même représentées les tours du château de Vincennes, ainsi que la masse du château de Saint- Maur, pourtant situés à près de quinze kilomètres de Meudon ! Deux autres dessins ont trait à la grande perspective de Meudon, qui venait tout juste d'être parachevée par Louvois par la création d'un Tapis vert. Dans l'un Silvestre s'installe depuis le haut de l'orangerie (cat. 65). C'est de ce point de vue que la composition monumentale s'appréhende le mieux. Sur le devant, la profusion des arbustes disposés tout autour du bassin de l'Orangerie est parfaitement fidèle à la réalité, sans exagération, puisque l'on sait que, du temps de Louvois, l'orangerie de Meudon pouvait accueillir sans difficulté deux cents caisses d'essences rares. Un détail est à relever : Silvestre omet de représenter les ombres des caisses d'arbustes sur toute la partie gauche du parterre. Cette lacune dans le dessin se retrouve dans la gravure du même point de vue (4). En complément de la vue précédente, Silvestre va s'installer de l'autre côté du vallon de Chalais pour décrire la grande perspective des jardins de Meudon, vue depuis le Tapis vert, en direction du château (5) (cat. 64). De cet emplacement, le visiteur ne peut qu'admirer, sur le sommet de la colline lui faisant face, une composition architecturale monumentale, constituée du château ainsi que de l'orangerie qui lui sert de socle. De là partent deux allées symétriques, encadrant des pelouses et des pièces d'eau variées, dont le Grand Carré et la Grille d'eau. Enfin, sur le devant, se découvre l'étang hexagonal de Chalais, la plus grande pièce d'eau du site, toujours conservée. Son tracé reprenait le plan du port antique d'Ostie, près de Rome. Dans un souci constant de pédagogie, Silvestre n'hésite pas à distordre la vision de la réalité, pour transmettre le maximum d'informations et décrire toutes les parties du grand axe. Pour autant, le dessinateur ne sacrifie pas la fidélité à l'art, puisqu'il va jusqu'à évoquer sur la droite du dessin, dans le lointain, la masse du château de Madrid situé dans le bois de Boulogne. En outre, cette représentation témoigne des travaux de terrassement considérables qu'il a fallu entreprendre pour donner au site escarpé de Meudon une régularité majestueuse. Enfin, le dernier dessin (cat. 66) est sans doute le plus poétique de cet ensemble. Cette vue a également servi à l'exécution d'une gravure intitulée Veüe du Château de Meudon du côté du village de Fleury. Fait par Israel Silvestre 1688. Avec privilège du Roy (6). La date de l'estampe confirme ainsi la date manuscrite du dessin, soit 1687. C'est dire que cette série de dessins exécutés à Meudon s'étale entre 1683 et 1687. Le dessinateur s'est placé ici sur la colline de Clamart, au bout de ce qui deviendra quelques années plus tard le Vertugadin. De ce point de vue, Silvestre embrasse tout le site et permet d'en appréhender toute la variété et la richesse. Le château trône sur la monumentale terrasse, tandis que le village de Meudon se niche en contrebas. Les jardins bas sont séparés du grand axe par le bois de Lamet, espace sylvestre qui permet de ménager l'effet de surprise, en cachant toute une partie des jardins classiques. Tout dans ce dessin confirme la perception que les visiteurs avaient de Meudon : un jardin suspendu, rivalisant sans difficulté avec celui de Sémiramis à Babylone. Ce point de vue est d'ailleurs fort proche de celui d'un tableau conservé au château de Versailles, Louvois et son épouse chassant au château de Meudon (7), peint dans les mêmes années. À ces dessins, il faut ajouter une autre représentation de Silvestre pour Meudon, mais connue uniquement par une estampe, le dessin semblant perdu. Il s'agit de la vue du château depuis l'entrée de la grande terrasse. Cette gravure est dédicacée par le dessinateur au puissant ministre, alors « surintendant et Ordonnateur général des Bâtimens, Arts et Manufactures de France », poste qu'il occupe à partir de 1683. Une telle mention permet donc de dater cette estampe après cette date. D'ailleurs, cette dernière vue aurait pu jouer le rôle de frontispice pour la série des vues de Meudon, qui possédaient une parfaite cohérence stylistique. Toutefois, nous n'avons pas connaissance d'une réunion systématique en recueil de l'ensemble des planches gravées, ni dans des bibliothèques anciennes, ni dans des mentions d'archives. Outre ces dessins et estampes, un témoignage de l'époque révèle la proximité de Silvestre avec le cercle de Meudon au temps de Louvois. En effet, quand en 1687 l'architecte suédois Nicodème Tessin le Jeune vient visiter Meudon, c'est Silvestre lui-même qui lui sert de guide : « A Meudon, je suis allé avec un gentilhomme gascon (qui a dessiné toutes les vues d'Egypte, du nom de M. Le Cas), et avec M. Silvestre. Les vues, dont j'ai quelques unes, permettent d'en connaître les choses les plus importantes (8). »
Notes : 1. Mercure Galant, juillet 1681, p. 333. 2. Faucheux, 250-5 à 10 (les estampes datées le sont entre 1685 et 1688). 3. Faucheux, 250-10, estampe datée de 1685. 4.Faucheux, 250-9, estampe datée de 1686. 5. Gravé en 1685 (Faucheux, 250-6). 6. Faucheux, 250-7. 7. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et des Trianons, inv. MV 5630. Ce sont bien Louvois, Anne de Souvré son épouse, ainsi que Barbézieux, leur fils, qui sont représentés dans cette toile, et non pas Louis XIV ni la duchesse de Bourgogne, comme traditionnellement admis.8. Weigert, 1932.
Bibl. [voir document associé] : Belin, 1968, no 92. Exp. : Jamais exposé
(Frank Devedjian in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), cat. sous la dir. de Bénédicte Gady & Juliette Trey, n°62-66, n°65).
Description de l'album :
« Soixante-seize feuilles proviennent de l'« album Silvestre » (Inv. 33011 à 33086)(80) .../... il s'agit d'un album factice, manifestement constitué au XVIIIe siècle, en réutilisant une reliure en veau, pleine peau lisse, dont les fers laissent penser qu'elle est d'origine nordique (83). L'examen du dos révèle que la reliure a été prise à l'envers par rapport à l'orientation des dessins dans l'album : les fleurons gravés au fer sont renversés, une étiquette de papier masque le caisson de tête et un cuir a été rapporté sur le septième, vraisemblablement pour cacher un ancien titre. Les pages de l'album portent un filigrane (aigle à deux têtes couronnées) et la contremarque de Thomas Marie Dupuy, famille de papetiers de Riom, moulin Grand-Rive à Ambert, actif de 1725 à 1778 (84).../...L'album est entré dans les collections royales à une date inconnue et se trouvait au Louvre pendant la Révolution (85). .../...la plupart des dessins du volume ont d'abord été collés sur une feuille ou sur des bandes de papier bleu, papier ensuite fixé sur la page d'album. L'examen révèle plusieurs étrangetés : les bandes bleues n'entourent que la partie collée des dessins pliés, dont la partie repliée présente des traces d'anciens collages ; certains dessins recto-verso sont attachés par une charnière au papier bleu alors qu'ailleurs c'est le papier bleu lui-même qui est mobile pour donner accès à un dessin collé sur son verso. ../...Depuis la Révolution, les dessins de l'album ont fait l'objet de traitements variés : cer- tains feuillets en ont été détachés, puis réintégrés ou non), d'autres ôtés après découpe des pages d'album, puis réintégrés ou non. Dans certains cas, les bandes de papier bleu ont même été refaites. Tous souffraient d'un empoussièrement dû au caractère non compact de l'album. Le tiers des dessins, de dimensions supérieures à celles de l'ouvrage, avaient dû être pliés lors de sa confection, ce qui créait des zones de fragilité au niveau des pliures et des zones de frottement sur le motif.../... C'est probablement aussi lors de la constitution de l'album que des dessins qui n'en formaient qu'un autrefois ont été coupés et séparés .../... Enfin, le collage des feuilles dans l'album s'était parfois fait sans égard pour la présence de dessins sur leur verso, parfois à demi cachés , parfois entièrement."
Notes : 83. Nous remercions Valentine Dubard et Peter Fuhring pour leurs observations éclairantes sur l'album. Les dimensions de l'album sont H. 47,5 ; L. 64 ; ép. 8,5 cm. 84. Raymond Gaudriault & Thérèse Gaudriault, Filigranes et autres caractéristiques des papiers fabriqués en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, 1995, p. 79, signalé par Valentine Dubard. 85. Lorsque Morel d'Arleux dresse l'inventaire Napoléon, il mentionne le volume comme provenant de la collection ancienne (AMN 1 DD 40, vol. 8, p. 1573).
(Bénédicte Gady & Juliette Trey, in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), pp. 26-31).
« Soixante-seize feuilles proviennent de l'« album Silvestre » (Inv. 33011 à 33086)(80) .../... il s'agit d'un album factice, manifestement constitué au XVIIIe siècle, en réutilisant une reliure en veau, pleine peau lisse, dont les fers laissent penser qu'elle est d'origine nordique (83). L'examen du dos révèle que la reliure a été prise à l'envers par rapport à l'orientation des dessins dans l'album : les fleurons gravés au fer sont renversés, une étiquette de papier masque le caisson de tête et un cuir a été rapporté sur le septième, vraisemblablement pour cacher un ancien titre. Les pages de l'album portent un filigrane (aigle à deux têtes couronnées) et la contremarque de Thomas Marie Dupuy, famille de papetiers de Riom, moulin Grand-Rive à Ambert, actif de 1725 à 1778 (84).../...L'album est entré dans les collections royales à une date inconnue et se trouvait au Louvre pendant la Révolution (85). .../...la plupart des dessins du volume ont d'abord été collés sur une feuille ou sur des bandes de papier bleu, papier ensuite fixé sur la page d'album. L'examen révèle plusieurs étrangetés : les bandes bleues n'entourent que la partie collée des dessins pliés, dont la partie repliée présente des traces d'anciens collages ; certains dessins recto-verso sont attachés par une charnière au papier bleu alors qu'ailleurs c'est le papier bleu lui-même qui est mobile pour donner accès à un dessin collé sur son verso. ../...Depuis la Révolution, les dessins de l'album ont fait l'objet de traitements variés : cer- tains feuillets en ont été détachés, puis réintégrés ou non), d'autres ôtés après découpe des pages d'album, puis réintégrés ou non. Dans certains cas, les bandes de papier bleu ont même été refaites. Tous souffraient d'un empoussièrement dû au caractère non compact de l'album. Le tiers des dessins, de dimensions supérieures à celles de l'ouvrage, avaient dû être pliés lors de sa confection, ce qui créait des zones de fragilité au niveau des pliures et des zones de frottement sur le motif.../... C'est probablement aussi lors de la constitution de l'album que des dessins qui n'en formaient qu'un autrefois ont été coupés et séparés .../... Enfin, le collage des feuilles dans l'album s'était parfois fait sans égard pour la présence de dessins sur leur verso, parfois à demi cachés , parfois entièrement."
Notes : 83. Nous remercions Valentine Dubard et Peter Fuhring pour leurs observations éclairantes sur l'album. Les dimensions de l'album sont H. 47,5 ; L. 64 ; ép. 8,5 cm. 84. Raymond Gaudriault & Thérèse Gaudriault, Filigranes et autres caractéristiques des papiers fabriqués en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, 1995, p. 79, signalé par Valentine Dubard. 85. Lorsque Morel d'Arleux dresse l'inventaire Napoléon, il mentionne le volume comme provenant de la collection ancienne (AMN 1 DD 40, vol. 8, p. 1573).
(Bénédicte Gady & Juliette Trey, in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), pp. 26-31).
Physical characteristics
Dimensions
H. 0,348 m ; L. 0,496 m
Materials and techniques
Graphite, plume et encre brune
Annoté à la plume et encre brune, en haut à droite : 30 ; I
Annoté à la plume et encre brune, en haut à droite : 30 ; I
Places and dates
Date
Vers 1685
History
Object history
Inventaire du musée Napoléon :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.8, p.1573, chap. : Ecole française, Volume 3. (...) Numéro : 12514. Désignation des sujets : Volume 3 Location of object
Current location
Réserve des grands albums
Album Silvestre Israël
Folio 30
rapporté au recto
Album Silvestre Israël
Folio 30
rapporté au recto
The artwork can be seen by appointment in the Louvre's Prints and Drawings Study Room.
Index
Exhibition history
- La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 14 mars - 25 juin 2018
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 14 mars - 25 juin 2018
Last updated on 09.11.2024
The contents of this entry do not necessarily take account of the latest data.
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