Costume de sorcière pour l'opéra Bellérophon

1568 DR/ Recto
vol.1, p.14

Département des Arts graphiques
Collection Edmond de Rothschild

BERAIN Jean I (1640-1711)
Ecole française
(La Gorce, Jérôme de, 1986)

ANONYME FRANCAIS
(Inventaire Edmond de Rothschild, 1935)

Costume de sorcière pour l'opéra Bellérophon
Costumes des Fêtes, Mascarades. Théâtres, etc., de Louis XIV

Dessin

Chargée de seconder le magicien Amisodar dans la réalisation de ses noirs desseins, cette sorcière participe, en tant qu'interprète de la danse, au divertissement de l'acte II de la tragédie en musique de Lully Bellérophon. On la reconnaît aisément au balai qu'elle tient d'une main et au masque repoussant qui lui couvre le visage. Sa posture, la même que celle de Pluton dans Proserpine (1743 DR) mais en contrepartie, est cette fois celle d'une figure bien moins séduisante. Contrairement aux costumes conçus pour le même rôle dans des spectacles antérieurs, notamment dans ceux des ballets de cour (le Ballet des Noces de Pelée et Thétis en 1654, par exemple), peu de choses viennent ici rappeler les parures des divinités infernales. Bien avant le succès des célèbres Contes de Charles Perrault, Berain s'est référé à un univers moins convenu, celui des vieilles légendes populaires, auxquelles le public commençait à s'intéresser. En 1679, l'affaire des Poisons ramenait dans l'actualité des récits d'un autre âge dans lesquels se mêlaient messes noires, sorcellerie et sacrifices d'enfants. Cet épisode put faire assez d'impression sur Berain pour l'inciter à préférer l'imagerie plus violente des sabbats à celle des Enfers de la mythologie. L'artiste surprend par le choix de cette coiffure aux extravagantes formes animées que l'on retrouve au niveau des épaules, et qui encadrent un masque affreux. On ne manquera pas non plus de remarquer une ceinture couverte de signes mystérieux, comparables à ceux qui ornent les robes des prêtres et des prêtresses, et qui rappellent le rôle du magicien Amisodar dans cette cérémonie ésotérique (J. de La Gorce dans « En scène! Dessins de costumes de la collection Edmond de Rothschild », cat. exp. Paris, musée du Louvre, du 27 octobre 2021 au 31 janvier 2022, sous la direction de Mickaël Bouffard, Victoria Fernández Masaguer et Jérôme de La Gorce, éditions Liénart et musée du Louvre, 2021, p.200, 202-203 cat. 68)
Voir aussi :
J. de La Gorce, 'Berain, dessinateur du Roi-Soleil', Paris, Herscher, 1986, p. 76-77, 80 ;
J. de La Gorce, dans cat. exp. 'Féeries d'opéra : décors, machines et costumes en France, 1645-1765', (Chambord, château de Chambord, 5 juillet - 30 novembre 1997 ; Paris, Bibliothèque-Musée de l'Opéra Garnier, jusqu'au 26 mars 1998), Paris, Éditions du Patrimoine, 1997-1998, p. 64-65, no 52;

H. 0,238 m ; L. 0,162 m

Plume, encre brune et noire, lavis gris, aquarelle, rehauts de gouache et d'argent, sur une silhouette à l'eau-forte. Découpé suivant les contours de la silhouette et collé en plein sur une feuille de doublage. Filigrane de la feuille de doublage : morceau de couronne surmontée d'une fleur de lys.
H. 21,7 ; L. 16,4 cm (dimensions max. dessin)
Traces en arc de cercle en bas à gauche.

Vers 1679

Claude Pioche sieur du Rondray (1660/1665 -1733) (?), Paris, mars 1733 ; Gilbert Paignon-Dijonval (?) (1708-1792), 1810 ; Charles-Gilbert, vicomte de Morel-Vindé (?), sa vente, Londres, 1819 ; Samuel Woodburn (?), Londres ; Paul et Dominic Colnaghi (?), Londres ; acquis par Auguste Danlos pour Edmond de Rothschild en août 1889, 6900 francs ; don au musée du Louvre en 1935.

Dernière provenance : Rothschild, baron Edmond de

don

1935

Bellérophon+ - Lully, Jean-Baptiste+ - Amisodar

sorcière - masque - costume de théâtre - Lully, Jean-Baptiste, Bellérophon, opéra

encre noire - encre brune - lavis gris - rehauts de gouache - aquarelle - rehauts d'argent - plume