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Le Christ crucifié, entre la Vierge et saint Jean Evangéliste, avec, au pied de la Croix, sainte Marie-Madeleine agenouillée

Vers 1540/1545
DUBREUIL Louis, attribué à
RF 55350, Recto
Département des Arts graphiques
Inventory number
RF 55350, Recto
Collection
Département des Arts graphiques
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
Artist/maker / School / Artistic centre
DUBREUIL Louis (Documenté en 1531-Documenté en 1562/1563), attribué à
Ecole française
(D. Cordellier, 2017)

Formerly attributed to:
BELLEMARE Noël (actif vers 1500/1520-1546), suite de
BELLEMARE Noël (actif vers 1500/1520-1546), entourage de

Description

Object name/Title
Le Christ crucifié, entre la Vierge et saint Jean Evangéliste, avec, au pied de la Croix, sainte Marie-Madeleine agenouillée
Description/Features
Commentaire :
Dominique Cordellier indique que les représentations du Christ, de la Vierge, de saint Jean, et celle conventionnelle de Jérusalem comme une citadelle occidentale, sont issues du répertoire de Noël Bellemare. On retrouve ces motifs, réunis ou dissociés, dès 1530 environ, dans les Heures d'Anne d'Autriche (Paris, BnF, Ms. nouv. acq. lat. 3090, f° 67 v°), dans les Heures de la Pierpont Library (Ms. M. 452 f° 75 v°), dans les Heures de la British Library (Ms. Add. 35318, f° 40 v°), puis, vers 1540-1545, dans les Heures Wittert de la bibliothèque universitaire de Liège (Ms. Wittert 29, fol. 31) et, plus tard encore, vers 1550, dans les Heures de Claude de Guise (Paris, Bibliothèque de l'Arsenal, Ms. 654 f° 98).
Le motif de la Madeleine embrassant le pied de la Croix, a une origine totalement différente puisqu'il appartient au répertoire de Jean Cousin le Père (documenté de 1526 à 1561). Il apparaît en effet dans deux verrières dont Cousin a donné les dessins ou les cartons, l'une à la cathédrale Saint-Maclou de Pontoise (baie 23 ; 1545), l'autre, à la chapelle du château de Champigny-sur-Veude (qui dépendait du cardinal de Givry).
La façon dont la miniature du Calvaire intègre cette double culture - celle franco-flamande de Bellemare et celle, française et plus avancée dans le temps, de Cousin - est tout à fait comparable à ce que l'on observe dans deux chefs-d'œuvre du livre d'heures parisien dans les années 1543-1549 : le Livre d'Heures d'Anne de Montmorency (Chantilly, Musée Condé, Ms. 1476) et les Heures d'Henri II/Dinteville (Paris, BnF, Ms. 1429). Deux enluminures du premier de ces deux livres utilisent d'ailleurs encore des motifs qui appartiennent aussi au Calvaire (celui de la citadelle et celui du saint Jean, f° 36 v° et 62 v°). Celles du second comprennent, au f° 87 v°, une représentation de Daniel dans la fosse aux lions qui est certainement du même auteur que le Calvaire. La tête du saint Jean dans ce dernier est pratiquement identique à celle du prophète, jusque dans la façon de poser l'ombre sous le menton. L'identité du peintre du feuillet où figure le prophète Daniel a fait l'objet, en un peu plus d'un siècle, de 1872 à 2015, de plusieurs hypothèses. Firmin-Didot (Etude sur Jean Cousin suivie de notices sur Jean Leclerc et Pierre Woeiriot, Paris, 1872, p. 50) y voyait Jean Cousin en personne. Pour Paul Durrieu et Léopold Delisle (1909-1913), cette enluminure revenait à un artiste anonyme, également responsable des peintures des Heures Dinteville (Paris, BnF) et des Heures d'Anne de Montmorency, qu'ils dénommaient Maître des Heures d'Henri II. Myra Orth proposa plus tard de diviser en trois le corpus de ce Maître des Heures d'Henri II et de le répartir entre trois personnalités différentes : le Maître d'Henri II, le Maître des Grisailles d'Henri II et le Maître des Épitres Getty, ce dernier étant, selon elle, l'auteur du Daniel dans la fosse aux lions (Myra Dickman Orth, dans cat. Exp. Livres d'heures royaux. La peinture de manuscrits à la cour de France au temps de Henri II sous la dir. de Thierry Crépin-Leblond et Myra Dickman Orth), Ecouen, Musée national de la Renaissance, 1993, Paris, RMN, 1993, p. 35). En 1998, Guy-Michel Leproux (Un peintre anversois à Paris sous le règne de François 1er, Noël Bellemare, Les Cahiers de la Rotonde, 20, 1998, p. 125-154.p. 148) revint au nom de Jean Cousin le Père pour cette enluminure, avant de proposer en 2011 (Les peintres et l'enluminure à Paris au XVIe siècle, dans Frédéric Elsig, Peindre en France à la Renaissance. I. Les stylistiques au temps de au temps de Louis XII et de François 1er, Cinisello Balsamo (Milan), Silvana Editoriale, 2011, p. 59-69, p. 65-68), tout comme Cécile Scailliérez en 2013 (Un courant stylistique : l'art « cousinesque » », dans Jean Cousin Père et fils, une famille de peintres au XVIe siècle, Paris, éditions du Louvre, Somogy éditions d'art, Paris, 2013, p. 262-269, p. 264), l'attribution à un Maître d'Henri II dont la définition n'était plus vraiment, ni celle donnée par Paul Durrieu et Léopold Delisle, ni celle proposée par Myra Orth. Au terme de ce rappel, il est possible de suggérer une identité nouvelle pour ce peintre remarquable, manifestement actif vers 1543-1549, informé de l'art de Bellemare aussi bien que de celui de Cousin et employé par de hauts personnages du royaume (François II de Dinteville, évêque d'Auxerre, pour les Heures d'Henri II/Dinteville, le connétable Anne de Montmorency pour les Heures du même nom). En effet, son profil historique correspond parfaitement à celui d'un maître-peintre parisien, Louis Dubreuil, que l'on suit dans les archives de 1531 à 1562-63 et qui fut associé à Noël Bellemare au château de Fontainebleau (entre 1541 et 1550) et à Jean Cousin le Père à Paris en 1549 pour l'exécution pour l'exécution de cartons de tapisseries, sous forme de toiles peintes, sur la Vie de saint Germain l'Auxerrois (pour l'église de Saint-Germain l'Auxerrois). On ne connaît pas de documents attestant son activité d'enlumineur, mais il semble avoir été le seul, parmi tous les peintres répertoriés à ce jour, à avoir collaboré avec ces deux artistes (Dossier d'acquisition, mai 2017)
Notice par Dominique Cordellier, à paraître dans cat. exp. François Ier et l'art des Pays-Bas, Paris, Musée du Louvre, 18 octobre 2017 -15 janvier 2018.
Paul Durrieu et Léopold Delisle (1909-1913) : Léopold Delisle, « Les heures du connétable de Montmorency au Musée Condé » (avec une note de Paul Durrieu), Revue de l'art ancien et moderne, 7, 1900, p. 321-334, 393-404. Léopold Delisle, « Le maître des heures d'Henri II et son école », chapitre 9, Les Grandes Heures de la reine Anne de Bretagne et l'atelier de Jean Bourdichon, 1913, p. 73-92. J. Denucé, Inventare von Kunstsammlungen zu Antwerpen im 16. und 17. Jahrhundert, Anvers, 1932. Paul Durrieu, note, dans Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, 1913, p. 339.
Dominique Cordellier, Un tableau peint comme une enluminure, Grande Galerie, Le Journal du Louvre, sept./oct./nov. 2017, n° 41, p.20-21.
Revue des Musées de France, Revue du Musée du Louvre, 2019, n° 2, Acquisitions 2016-2018, n° 116, p. 90, notice Dominique Cordellier.

Physical characteristics

Dimensions
H. 0,405 m ; L. 0,3 m
Materials and techniques
Détrempe et or au pinceau sur vélin collé sur un panneau de bois. Signée (?) en bas à gauche, au pinceau et à l'or, sur une pierre, d'un monogramme non décrypté à ce jour mais sans doute écrit tête-bêche pour tomber dans le sens de lecture sous le regard du Christ.

Places and dates

Date
Vers 1540/1545

History

Object history
Giovacchino Ferroni (mort vers 1909), Florence et Rome ; sa vente après décès, Rome, maison de ventes Jandolo e Tavazzi, Galleria Sangiorgi, Tableaux anciens des maîtres Italiens et Etrangers, sculptures en marbre, terres cuites, bois, faïences, bronzes, tapisseries, meubles de la Renaissance, antiquités etc , 14-22 avril 1909, lot 477, comme : Inconnu... Commencement du XVIe siècle - Edward Julius Berwind (1848-1936), New York et The Elms, Newport, Rhode Island ; par héritage à sa sœur Julia A. Berwind (décédée en mai 1961) ; sa vente après décès, Newport, Rhode Island, The Elms, organisée par Parke-Bernet Galleries, New York, 27-28 June 1962, lot 180, repr. ; acquis par un collectionneur privé newyorkais) - Collection privée, New York - Dr. Jörn Günther-Rare Books AG, Manuskripte und seltene Bücher, Bâle, 2016, présenté à la TEFAF, Maastricht, mars 2017 et au Salon du livre rare et de l'Objet d'art, Paris, Grand Palais, avril, 2017, comme entourage de Noël Bellemare. Achat par le Musée du Louvre. Décision du président-directeur du 15 mai 2017.
Acquisition details
achat
Acquisition date
2017

Location of object

Current location
Réserve des miniatures, armoire 2

The artwork can be seen by appointment in the Louvre's Prints and Drawings Study Room.

Exhibition history

- François Ier et l'art des Pays-Bas
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 16 octobre 2017 - 15 janvier 2018
Last updated on 18.03.2024
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