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Zanetta Rosa Giovanna Benozzi, dite Silvia (1701-1758), épouse d'Antonio Giuseppe Balletti (1691-1762)
1751
RFML.AG.2025.8.1, Recto
Département des Arts graphiques
Inventory number
RFML.AG.2025.8.1, Recto
Collection
Artist/maker / School / Artistic centre
Description
Object name/Title
Zanetta Rosa Giovanna Benozzi, dite Silvia (1701-1758), épouse d'Antonio Giuseppe Balletti (1691-1762)
Description/Features
Commentaire :
« Habitué de l'Opéra et du Concert Spirituel, Maurice Quentin de La Tour n'avait pas pour autant négligé le monde de la danse et du théâtre. Tout au long de la prolifique et heureuse décennie des années 1743-1753, le maître multiplia les effigies des danseuses et des actrices les plus célèbres. Après Marie Sallé et Mademoiselle Camargo, le maître fixa ainsi les traits de Mademoiselle Puvigné (ca. 1735-ca. 1783) qui s'était illustrée à l'Opéra-Comique comme sur la scène du théâtre des Petits Appartements à Versailles. Au Salon de 1751 sous le numéro 48, c'est une toute autre gloire que le public fut invité à découvrir, puisqu'il s'agissait de la plus célèbre des actrices de la Comédie-italienne. Jeanne Rose Guyonne Benozzi était née à Toulouse le 27 juin 1701, d'acteurs italiens. Elle avait épousé en 1720 Antonio Giuseppe Balletti (1691-1762) dont le beau-frère Luigi Riccoboni (1667-1753) fut celui qui réintroduisit à Paris en 1716 la comédie italienne avec sa troupe de dix comédiens. Le 18 mai 1716, sous le pseudonyme de Mademoiselle Silvia, Zannetta Benozzi faisait ses débuts sur les planches du Palais-Royal en interprétant le rôle de la seconde amoureuse de L'Inganno fortunato (« L'Heureuse tromperie »). Elle se fit rapidement remarquée à la fois par la facilité et la clarté de son français, mais aussi par la justesse de son jeu comique. Jusqu'en 1756, son succès ne fut jamais démenti et elle s'illustra dans la création de quinze grands rôles des comédies écrites par Marivaux dont elle devint l'actrice fétiche. Son visage aux traits masculins ne la desservit jamais, pas plus que son caractère, bien au contraire.
Dans ses « Mémoires », Giacomo Casanova s'en fit ainsi l'écho après l'avoir rencontrée lors de son premier séjour parisien d'août 1750 à l'été 1753 au cours duquel il devint familier du clan Balletti : « Pendant le souper, ma principale occupation fut d'étudier Silvia, qui jouissait de la plus grande réputation : je la jugeai au-dessus de tout ce qu'on en publiait. Elle avait environ cinquante ans, la taille élégante, l'air noble, les manières aisées, affable, riante, fine dans ses propos, obligeante pour tout le monde, remplie d'esprit et sans le moindre air de prétention. Sa figure était une énigme, car elle inspirait un intérêt vif, plaisait à tout le monde ; et malgré cela, à l'examen, elle n'avait pas un seul beau trait marqué ; on ne pouvait pas dire qu'elle fût belle ; mais personne sans doute ne s'était avisé de la trouver laide. Cependant elle n'était pas de ces femmes qui ne sont ni laides ni belles ; car elle avait un certain je ne sais quoi d'intéressant qui sautait aux yeux et qui captivait. Mais qu'était-elle donc ?
Belle, mais par des lois inconnues à tous ceux qui, ne se sentant pas entraînés vers elle par une force irrésistible qui les forçait à l'aimer, n'avaient pas le courage de l'étudier et la constance de parvenir à la connaître. Silvia fut l'idole de la France et son talent fut le soutien de toutes les comédies que les plus grands auteurs écrivirent pour elle, et particulièrement Marivaux. Sans elle ces comédies ne seraient pas passées à la postérité. On n'a jamais pu trouver une actrice capable de la remplacer, et pour qu'on la trouve, il faut qu'elle réunisse en elle toute les parties que Silvia possédait dans l'art difficile du théâtre : action, voix, esprit, physionomie, maintien, et une grande connaissance du cœur humain. Tout en elle était en nature, et l'art qui la perfectionnait était toujours caché.
Aux qualités dont je viens de faire mention, Silvia en ajoutait une autre qui leur donnait un nouvel éclat ; bien que, si elle ne l'avait pas possédée, elle n'en eût pas moins brillé au premier rang sur la scène : sa conduite fut toujours sans tache. Elle voulut des amis, jamais des amants ; se moquant d'un privilège dont elle aurait pu jouir, mais qui l'aurait rendue méprisable à ses propres yeux. Cette conduite lui valut le titre de respectable dans un âge où il aurait pu paraître ridicule et même injurieux à toutes les femmes de son état ; et nombre de dames du plus haut rang l'honorèrent plus encore de leur amitié que de leur protection. Jamais le capricieux parterre de Paris n'osa siffler Silvia, même dans les rôles qui ne lui plaisaient pas ; et tout le monde s'accordait à dire que cette actrice célèbre était une femme fort au-dessus de son état.
Comme Silvia ne croyait pas que sa bonne conduite put lui être attribuée à mérite, car elle savait qu'elle n'était sage que parce que son amour-propre était intéressé à sa sagesse, jamais elle ne montra ni orgueil ni supériorité dans ses relations avec ses compagnes, quoique ces dernières, satisfaites de briller par leurs talents ou leur beauté, se souciassent peu de se rendre célèbres par la vertu. Silvia les aimait toutes et elle en était aimée, elle rendait publiquement justice à leur mérite, faisait leur éloge de bonne foi ; mais on sentait qu'elle n'y perdait rien, car, comme elle les surpassait en talents et que sa réputation était intacte, elles ne pouvaient lui faire aucun tort.
La nature a frustré cette femme unique de dix années de vie ; car elle devint étique à l'âge de soixante ans, dix ans après notre connaissance. Le climat de Paris joue assez souvent de ces tours aux actrices italiennes. Deux ans avant sa mort, je l'ai vue jouer le rôle de Marianne, dans la pièce de Marivaux, et malgré son âge et son état, l'illusion était parfaite ».
Tous les artistes qui furent appelés à portraiturer la comédienne n'ont jamais rien dissimulé de ce visage si particulier. Nicolas Lancret la mit en scène avec Thomassin en Arlequin dans la comédie de Louis de Boissy,« Je ne sçay quoy », représentée pour la première fois le 10 septembre 1731. Sa composition fut popularisée par la gravure de Laurent Cars. Jean-Marc Nattier a laissé une très belle étude peinte du visage de l'actrice (New York, collection privée). Sans doute son œuvre est-elle contemporaine du portrait exposé par La Tour en 1751, tant les traits y sont similaires.
Resté jusqu'à nos jours dans la descendance du modèle, le pastel livre une image de la femme et non pas de l'actrice. Silvia paraît vêtue d'une robe à la mode, d'un ton jaune agrémenté de nœuds, de rubans froncés et d'un semis de petits carrés, tous de couleur bleu, la perruque piquée de plumes et de fleurettes en soie bleu et blanche. Au Salon de 1755, la gravure de Louis Surugue le Fils reprit en contrepartie la composition et rendit un nouvel hommage à la fois à la femme et à l'actrice. Inscrite dans une croisée ouverte, le modèle surmontait en effet une table de pierre sur laquelle on pouvait lire : « Du jeu de Sylvia la naïve Eloquence / Sçait instruire, égayer, attendrir tous les Cœurs, / A l'art de plaire unissant la décence / Elle ennoblit son état par ses mœurs ». Fidèle au pastel, l'estampe contribua à diffuser les traits de celle qui avait si longtemps brillé sur la scène, mais non pas comme le notèrent si justement les Goncourt plus d'un siècle après sa disparition en folâtre et piquante figure d'une comédienne italienne, mais en diplomate habillé en femme, en raison de la finesse de ses traits, du perçant de son regard et de son masque délicat de perspicacité que rehausse de nombreuses et fines hachures ». Xavier Salmon, texte du dossier d'acquisition, février 2025.
Bibliographie :
Salon de 1751, n° 48 « Par M. de la Tour, Conseiller de l'Académie, 48. Plusieurs Têtes au Pastel sous le même N° ».
Salon de 1755, n° 171 « Par M. Surugue, le fils, Académicien. 171. Le Portrait en médaillon de M. Surugue le père, Graveur du Roi. Le Portrait de Mademoiselle Silvia, d'après le Pastel de M. de la Tour. ».
Lélio. Premier historien de la Comédie italienne Xavier de Courville, Paris, 1958, p. 104. Le pastel est reproduit en N&B, il est clairement localisé à la date de la publication chez les La Coste-Messelière au château des Ousches.
Dictionnaire des pastellistes avant 1800, Neil Jeffares, http://www.pastellists.com/.....
http://www.pastellists.com/Articles/LaTour5.pdf) dictionnaire en ligne, la version du 30 Novembre 2024 le reproduit en couleur.
Quentin de La Tour : l'œil absolu, Xavier Salmon, 2024, fig. 291.
Physical characteristics
Dimensions
H. 0,665 m ; L. 0,564 m
Materials and techniques
Pastel sur deux feuilles de papier bleu avec une bande de papier dissimulant la jointure, marouflées sur toile tendue sur châssis.
Dimensions du pastel : H. 66,5 ; L. 56,4 cm.
Le cadre d'époque Restauration a très certainement été acquis dans la première moitié du XIXe siècle auprès de la maison Edmond Picart, 14 rue du Bac, à Paris.
Dimensions du cadre : H. 12,4 ; L. 9,6 cm.
Etiquette de l'encadreur : Ed PICART
Feuille de papier de format carré, collée au dos du châssis : Jeanne Marie Guyonne / Benozzi, dite Silvia / épouse de Joseph-Jean / Gaëtan Maximilien / Baletti, dit Mario, née / à Toulouse vers 1701 / morte à Paris le 14 / septembre 1758. - / (Pastel par de la Tour / du Cte de La Coste / Messelière / Août 1923).
Dimensions du pastel : H. 66,5 ; L. 56,4 cm.
Le cadre d'époque Restauration a très certainement été acquis dans la première moitié du XIXe siècle auprès de la maison Edmond Picart, 14 rue du Bac, à Paris.
Dimensions du cadre : H. 12,4 ; L. 9,6 cm.
Etiquette de l'encadreur : Ed PICART
Feuille de papier de format carré, collée au dos du châssis : Jeanne Marie Guyonne / Benozzi, dite Silvia / épouse de Joseph-Jean / Gaëtan Maximilien / Baletti, dit Mario, née / à Toulouse vers 1701 / morte à Paris le 14 / septembre 1758. - / (Pastel par de la Tour / du Cte de La Coste / Messelière / Août 1923).
Places and dates
Date
1751
History
Object history
Le pastel est resté jusqu'à nos jours dans la descendance du modèle :
Le modèle, Zanetta Rosa Giovanna Benozzi, dite Silvia (1701-1758) et son mari Antonio Giuseppe Balletti (1691-1762).
A leur fils Guillaume Louis Balletti (né en 1736) qui épousa Barbe Nestlé (1746-1813).
A leur fille Rose Barbe Balletti (décédée en 1835) qui épousa le 15 janvier 1793 Benjamin Léonor Louis Frotier de La Coste-Messelière, dit le marquis de La Coste-Messelière (1760-1806)
Puis par descendance directe jusqu'à Pierre Frotier, marquis de la Coste-Messelière (1894-1975), au château des Ousches à Marcillé dans les Deux-Sèvres
Puis à son fils Louis Olivier Marie Augustin Frotier de La Coste-Messelière. Pastel vu par Xavier Salmon au château des Ousches en 2023.
Puis à son fils Pierre Edouard Frotier de La Coste-Messelière qui a vendu le pastel en 2024 à la Librairie Benoît Forgeot, Paris. Librairie Benoît Forgeot, vente de gré à gré au Musée du Louvre. Commission du 12 février 2025. Conseil du 12 mars 2025. Décision du 12 mars 2025.
Le modèle, Zanetta Rosa Giovanna Benozzi, dite Silvia (1701-1758) et son mari Antonio Giuseppe Balletti (1691-1762).
A leur fils Guillaume Louis Balletti (né en 1736) qui épousa Barbe Nestlé (1746-1813).
A leur fille Rose Barbe Balletti (décédée en 1835) qui épousa le 15 janvier 1793 Benjamin Léonor Louis Frotier de La Coste-Messelière, dit le marquis de La Coste-Messelière (1760-1806)
Puis par descendance directe jusqu'à Pierre Frotier, marquis de la Coste-Messelière (1894-1975), au château des Ousches à Marcillé dans les Deux-Sèvres
Puis à son fils Louis Olivier Marie Augustin Frotier de La Coste-Messelière. Pastel vu par Xavier Salmon au château des Ousches en 2023.
Puis à son fils Pierre Edouard Frotier de La Coste-Messelière qui a vendu le pastel en 2024 à la Librairie Benoît Forgeot, Paris. Librairie Benoît Forgeot, vente de gré à gré au Musée du Louvre. Commission du 12 février 2025. Conseil du 12 mars 2025. Décision du 12 mars 2025.
Acquisition details
achat
Acquisition date
2025
Location of object
Current location
Réserve des pastels
L'œuvre est visible sur rendez-vous en salle de consultation des Arts graphiques
Last updated on 22.04.2025
The contents of this entry do not necessarily take account of the latest data.
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Full entry on the collection website of the Department of Prints and Drawings:
http://arts-graphiques.louvre.fr/detail/oeuvres/1/629650-Zanetta-Rosa-Giovanna-Benozzi-dite-Silvia-1701-1758-epouse-dAntonio-Giuseppe-Balletti-1691-1762