Numéro d’inventaire
Numéro principal : RF 1971 9
Collection
Artiste / Auteur / Ecole / Centre artistique
France
École de
Le Nain, Louis (Laon, vers 1593 - Paris, 23/05/1648), Attribué à
Le Nain, Louis (Laon, vers 1593 - Paris, 23/05/1648), Attribué à
Autres attributions :
Ancienne Attribution : Le Nain, Mathieu
(Laon, 1593/1607 - Paris, 1677)
description
Dénomination / Titre
Titre : Allégorie de la Victoire
Description / Décor
Inscriptions
Signature :
S.b.g.: "Lenain fecit"
S.b.g.: "Lenain fecit"
Caractéristiques matérielles
Dimensions
Hauteur : 1,51 m ; Hauteur avec accessoire : 1,64 m ; Largeur : 1,15 m ; Largeur avec accessoire : 1,29 m
Matière et technique
huile sur toile
Lieux et dates
Date de création / fabrication
2e quart du XVIIe siècle (vers 1635)
Données historiques
Historique de l'œuvre
Historique
Philips de Treslon ; sa vente, Paris, 14-15 février 1840, no 90; Auguste Filleul (1781-1848), château de Cheneviery, Loiret; son fils Edmond Filleul (1818-1907) ; colonel Paul Filleul; acquis avec la participation de la Société des Amis du Louvre et d’un donateur anonyme, 1971.
Commentaire
La Victoire est la première et pour le moment la seule allégorie connue des frères Le Nain. Sa réapparition a frappé les esprits. Michel Laclotte en raconte les circonstances dans ses Mémoires : Jacqueline Pruvost-Auzas, directrice des musées d’Orléans, mais également à la tête du musée Girodet à Montargis, préparant l’exposition «Girodet» qui devait commémorer le deuxième centenaire de sa naissance en 1967, découvrit le tableau chez les descendants de l’artiste, au
château de Cheneviery en Sologne. Michel Laclotte décrit son émotion lorsqu’il vit la Victoire posée au bas des escaliers, après avoir été accueilli par le vieux colonel Paul Filleul. Le tableau a pu être acquis, quatre ans plus tard, grâce à la Société des Amis du Louvre. Traditionnellement attribuée à Mathieu, la Victoire nous semble revenir à Louis. Les visages et les corps ont une élégance bellifontaine qui incite à une datation précoce. Nous proposons de dater l’œuvre vers 1635, qui serait donc contemporaine du Bacchus et Ariane d’Orléans. Les deux tableaux s’harmonisent par le coloris comme par leur grande sensualité; en outre, le visage et la main de la Victoire et d’Ariane sont d’un type très similaire : traits juvéniles, petite bouche et menton étroit, doigts de forme conique. On admirera particulièrement le dessin du nombril de l’allégorie, ainsi que l’ombre qui souligne la forme de son ventre. L’attribution à Louis est confirmée par la qualité du paysage : largement brossé, animé par les lignes dynamiques et horizontales des nuages, d’un coloris très subtil, comprenant diverses tonalités de vert. Paul Jamot, puis Charles Sterling ont insisté à juste titre sur le fait que Louis est le seul des trois frères à posséder un véritable sens du paysage. D’autres détails sont typiques de Louis : d’abord les ailes exécutées au moyen de couches de peinture très fines et légères exploitant avec adresse le gris de la couche d’impression sous-jacente; ensuite le geste de la main, portée vers le sein, un peu naïvement, d’une manière toute similaire à celui de la Vénus du tableau de Reims; enfin la fluidité de la
touche : dans la main gauche de la Victoire, on distingue les multiples traces de pinceau imprimées dans la matière un peu grasse des chairs, loinde la densité et de la sécheresse propres à Mathieu. Il nous semble qu’il faut reconnaître à Louis une plus grande variété de style que l’on n’imaginait, l’artiste adaptant sa palette, comme cela était habituel au xviie siècle, à la nature des sujets qu’il représentait. La représentation d’une figure sensuelle et monumentale isolée dans un paysage
et une gamme froide du coloris aux reflets argentés ont justifié le rapprochement avec la Diane d’Orazio Gentileschi, qui se trouvait dans la collection de Mazarin en 1653, et qui est aujourd’hui conservée au musée de Nantes. André Chastel identifiait le sujet comme une Victoire terrassant la Tromperie ou la Trahison. Dans un article publié dans la Gazette des Beaux-Arts en mai-juin 2000, Pierre-Michel Bertrand aproposé de revoir radicalement l’interprétation en rapprochant la figure allégorique de la Piété telle qu’elle apparaît dans l’Iconologia de Cesare Ripa. À cause du casque, il identifie l’allégorie comme une Piété combattante, « victorieuse de l’Irréligion», qui serait représentée par la figure gisante à queue de serpent (piété catholique ou protestante, l’auteur ne tranche pas ; cf. Bertrand (P.-M.), 2000). Cette interprétation nous semble peu convaincante. Dans l’Iconologia, la seule figure se terminant en queue de serpent est la Tromperie ou la Trahison (Inganno). La
couleur jaune de son drapé est associée notamment à la Trahison et à la Fraude. L’allégorie doitalors faire allusion à une trahison ou à une tromperie vaincue dans un contexte profane, sans doute militaire en raison du casque. Il pourrait s’agir du siège de La Rochelle en 1627-1628 : l’allégorie foulée aux pieds serait alors la Trahison et désignerait l’attitude des Rochelais, qui fermèrent leurs portes au roi de France et appelèrent l’Angleterre à l’aide. La radiographie a révélé que la composition a été peinte pardessus une Sainte Famille avec saint Jean et sainteÉlisabeth, constituant de la sorte l’un des nombreux exemples de remploi dans l’atelier des frères Le Nain.
Philips de Treslon ; sa vente, Paris, 14-15 février 1840, no 90; Auguste Filleul (1781-1848), château de Cheneviery, Loiret; son fils Edmond Filleul (1818-1907) ; colonel Paul Filleul; acquis avec la participation de la Société des Amis du Louvre et d’un donateur anonyme, 1971.
Commentaire
La Victoire est la première et pour le moment la seule allégorie connue des frères Le Nain. Sa réapparition a frappé les esprits. Michel Laclotte en raconte les circonstances dans ses Mémoires : Jacqueline Pruvost-Auzas, directrice des musées d’Orléans, mais également à la tête du musée Girodet à Montargis, préparant l’exposition «Girodet» qui devait commémorer le deuxième centenaire de sa naissance en 1967, découvrit le tableau chez les descendants de l’artiste, au
château de Cheneviery en Sologne. Michel Laclotte décrit son émotion lorsqu’il vit la Victoire posée au bas des escaliers, après avoir été accueilli par le vieux colonel Paul Filleul. Le tableau a pu être acquis, quatre ans plus tard, grâce à la Société des Amis du Louvre. Traditionnellement attribuée à Mathieu, la Victoire nous semble revenir à Louis. Les visages et les corps ont une élégance bellifontaine qui incite à une datation précoce. Nous proposons de dater l’œuvre vers 1635, qui serait donc contemporaine du Bacchus et Ariane d’Orléans. Les deux tableaux s’harmonisent par le coloris comme par leur grande sensualité; en outre, le visage et la main de la Victoire et d’Ariane sont d’un type très similaire : traits juvéniles, petite bouche et menton étroit, doigts de forme conique. On admirera particulièrement le dessin du nombril de l’allégorie, ainsi que l’ombre qui souligne la forme de son ventre. L’attribution à Louis est confirmée par la qualité du paysage : largement brossé, animé par les lignes dynamiques et horizontales des nuages, d’un coloris très subtil, comprenant diverses tonalités de vert. Paul Jamot, puis Charles Sterling ont insisté à juste titre sur le fait que Louis est le seul des trois frères à posséder un véritable sens du paysage. D’autres détails sont typiques de Louis : d’abord les ailes exécutées au moyen de couches de peinture très fines et légères exploitant avec adresse le gris de la couche d’impression sous-jacente; ensuite le geste de la main, portée vers le sein, un peu naïvement, d’une manière toute similaire à celui de la Vénus du tableau de Reims; enfin la fluidité de la
touche : dans la main gauche de la Victoire, on distingue les multiples traces de pinceau imprimées dans la matière un peu grasse des chairs, loinde la densité et de la sécheresse propres à Mathieu. Il nous semble qu’il faut reconnaître à Louis une plus grande variété de style que l’on n’imaginait, l’artiste adaptant sa palette, comme cela était habituel au xviie siècle, à la nature des sujets qu’il représentait. La représentation d’une figure sensuelle et monumentale isolée dans un paysage
et une gamme froide du coloris aux reflets argentés ont justifié le rapprochement avec la Diane d’Orazio Gentileschi, qui se trouvait dans la collection de Mazarin en 1653, et qui est aujourd’hui conservée au musée de Nantes. André Chastel identifiait le sujet comme une Victoire terrassant la Tromperie ou la Trahison. Dans un article publié dans la Gazette des Beaux-Arts en mai-juin 2000, Pierre-Michel Bertrand aproposé de revoir radicalement l’interprétation en rapprochant la figure allégorique de la Piété telle qu’elle apparaît dans l’Iconologia de Cesare Ripa. À cause du casque, il identifie l’allégorie comme une Piété combattante, « victorieuse de l’Irréligion», qui serait représentée par la figure gisante à queue de serpent (piété catholique ou protestante, l’auteur ne tranche pas ; cf. Bertrand (P.-M.), 2000). Cette interprétation nous semble peu convaincante. Dans l’Iconologia, la seule figure se terminant en queue de serpent est la Tromperie ou la Trahison (Inganno). La
couleur jaune de son drapé est associée notamment à la Trahison et à la Fraude. L’allégorie doitalors faire allusion à une trahison ou à une tromperie vaincue dans un contexte profane, sans doute militaire en raison du casque. Il pourrait s’agir du siège de La Rochelle en 1627-1628 : l’allégorie foulée aux pieds serait alors la Trahison et désignerait l’attitude des Rochelais, qui fermèrent leurs portes au roi de France et appelèrent l’Angleterre à l’aide. La radiographie a révélé que la composition a été peinte pardessus une Sainte Famille avec saint Jean et sainteÉlisabeth, constituant de la sorte l’un des nombreux exemples de remploi dans l’atelier des frères Le Nain.
Mode d’acquisition
achat avec participation
Date d’acquisition
date : 1971
Propriétaire
Etat
Affectataire
Musée du Louvre, Département des Peintures
Localisation de l'œuvre
Emplacement actuel
Sully, [Peint] Salle 912 - Georges de La Tour et Les frères Le Nain
Index
Mode d'acquisition
Bibliographie
- Dury, Corentin, Musées d'Orléans : peintures françaises et italiennes XVe-XVIIe siècle, Snoeck, 2023, p. 274-276, il.coul., fig.1
- Milovanovic, Nicolas, Peintures françaises du XVIIe du musée du Louvre, Editions Gallimard / Musée du Louvre Editions, 2021, p. 131, ill.coul., n° 273
- Piralla-Heng Vong, Luc ; Milovanovic, Nicolas (dir.), Le mystère Le Nain, cat. exp. (Lens, musée du Louvre-Lens, 22 mars - 26 juin 2017), Paris, LIENART/ Louvre-Lens, 2017, p. 106-109, cat. 2
- Salomon, Xavier F., « The Brothers Le Nain. Forth Worth and San Francisco », The Burlington Magazine, 158, 2016, août, p. 675-677, p. 675-676, n° 24
- Rosenberg, Pierre, Tout l'oeuvre peint des Le Nain, Les Classiques de l'Art, Paris, Flammarion, 1993, p. 14, 85-86, Pl. XXXVI, p. 85 (n&b), n° 49
- Loire, Stéphane, Musée du Louvre. Peintures françaises. XIVe-XVIIe siècles. Guide de visite, Paris, Réunion des musées nationaux, 1989, p. 64, 65, ill. coul.
- Compin, Isabelle ; Roquebert, Anne, Catalogue sommaire illustré des peintures du musée du Louvre et du musée d'Orsay. IV. Ecole française, L-Z, Paris, R.M.N., 1986, p. 49, ill. n&b
- Compin, Isabelle ; Reynaud, Nicole ; Rosenberg, Pierre, Musée du Louvre. Catalogue illustré des peintures. Ecole française. XVIIe et XVIIIe siècles : I, A-L, Paris, Musées nationaux, 1974, p. 222, 283, fig. 477, n° 477
- Compin, Isabelle ; Reynaud, Nicole ; Rosenberg, Pierre, Musée du Louvre. Catalogue illustré des peintures. Ecole française. XVIIe et XVIIIe siècles : II, M-Z, Paris, Musées nationaux, 1974, p. 248
- The Brothers Le Nain. Painters of seventeenth-century France, cat. exp. (Fort Worth, Kimbell Art Museum, 22/05-11/09/2016 / San Francisco, Fine Arts Museums, 08/10/2016-29/01/2017), San Francisco / New Haven, Fine Arts Museums / Yale University Press, 2016, p. 48, 98, 128, 132, 136, 142, 152, 196-199, 365-367, 372, 376, 380, 388-389, p. 190-191 (détail), p. 197 (coul.), Fig. 61 (détail), n° 24
Expositions
- Victoires, Nice (Externe, France), Musée national du sport, 07/04/2023 - 17/09/2023
- Les frères Le Nain, Louvre-Lens, Salles d'expositions temporaires, 22/03/2017 - 26/06/2017, étape d'une exposition itinérante
- Les frères Le Nain, San Francisco (Etats-Unis), Fine Arts Museums of San Francisco, 08/10/2016 - 29/01/2017, étape d'une exposition itinérante
- Les frères Le Nain, Fort Worth (Etats-Unis), Kimbell Art Museum, 22/05/2016 - 11/09/2016, étape d'une exposition itinérante
- Amis du Louvre, Napoléon, Exposition Temporaire sous pyramide, 01/04/1997 - 21/07/1997
Dernière mise à jour le 21.08.2024
Le contenu de cette notice ne reflète pas nécessairement le dernier état des connaissances
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