Les Joueurs de "morra"

Numéro principal : RF 2002 1

Département des Peintures

Dujardin, Karel (Amsterdam, 1621 à 1622 - Venise, 1678)
Pays-Bas École de

Titre : Les Joueurs de "morra"
Autre titre : Le Récit du soldat (dit improprement, d'après une autre version)

Le jeu de la morra est un jeu de hasard pratiqué avec les doigts, assez répandu en Italie au XVIIe s., l’interprétation mise en avant par Duparc et Kilian (le complaisant récit de quelque soldat) paraissant trop anecdotique. Au fond, un sarcophage de porphyre antique inspiré de celui, bien célèbre, de Saint-Jean-de-Latran à Rome, surinterprété comme un signe de mort et une leçon de vanité.
Le R.F. 2002-1 est l’exemplaire princeps, et le meilleur, gravé en manière noire par Jan van Somer (Amsterdam, 1645-Amsterdam, après 1699) et réapparu seulement en 2001. – À dater des années 1660 et peint dans un goût nettement italianisant et bambocciantesque – proche de Berchem et de Lingelbach –, et antérieur au tardif séjour italien de Dujardin de 1675. – Autre version, non signée, au musée de Yale (Hofstede de Groot, n° 355 et Kilian, n° 74, qui la privilégie tout en méconnaissant sa provenance Goudstikker dûment avérée). – À signaler un 3e exemplaire, probable copie vu l’apparence médiocre du tableau, dans le commerce hollando-allemand (Van Diemen, Berlin-Amsterdam) en 1927, puis londonien en 1939 et 1946 (Kilian, n° 74 c et peut-être 74 d), correspondant sans doute au tableau de la coll. Kauffmann avant 1917, ainsi qu’à l’exemplaire de la coll. Breslauer ignoré de Kilian (New York, Christie, 25 V 2005, n° 258).

Inscription :
N° peint en blanc, b.g. : 64 (numéro très probablement apposé avant 1805 par Hauff, le restaurateur-conservateur de la galerie Koucheleff [voir Hist.], correspondant sans doute à la numérotation donnée dans son inventaire manuscrit [non retrouvé] de ladite galerie). Des numéros du même type se voient sur deux Vernet du Louvre, R.F. 1949-8 et 1976-21, de cette même provenance Koucheleff. (Cadre probablement russe, fin XVIIIe ou début XIXe s.)

Hauteur : 0,735 m ; Hauteur avec accessoire : 0,942 m ; Largeur : 0,75 m ; Largeur avec accessoire : 0,955 m ; Epaisseur avec accessoire : 7,8 cm

huile sur toile

Milieu du XVIIe siècle (vers 1660)

: Pieter et Willem Hunthum ; vente après décès de Catharina Hunthum, héritière de ces derniers, Amsterdam, 22 IV 1762, n° 1 ; J. G. Cramer ; sa vente, Amsterdam, 13 XI 1769, n° 54. – Étienne-François, duc de Choiseul (1719-1785), ministre de Louis XV (voir sa Galerie gravée, 1771, pl. 54) ; sa vente, Paris, 6 IV 1772, n° 92 (selon la notice, tableau correspondant à « une ancienne estampe gravée en manière noire » [celle de Van Somer, cf. supra ]) ; Basan, marchand d’art, Paris. – Destouches ; sa vente, 21 III 1794, n° 127 ; Paillet, marchand d’art, Paris. – Alexandre Besborodko (1746-1799), grand chancelier de l’Empire et ministre des Affaires étrangères de Catherine II, Saint-Pétersbourg (cité en sa possession en 1795) ; par héritage, chez son frère Ilia (1756-1815) ; amiral Grigori Koucheleff (1754-1833), gendre de ce dernier ; Grigori (1802-1855), l’un des deux fils de l’amiral, Saint-Pétersbourg ; son épouse, comtesse Catherine-Dimitrievna Koucheleff (1811-1874), Saint-Pétersbourg (tableau vu par Waagen en 1861 ; sur toutes ces provenances russes, cf. des comm. écrites de T. Mojenok, 2002-2003) ; vente d’une partie de sa coll., Paris, 5 VI 1869, n° 16 ; racheté par Bonnet pour la famille Koucheleff ; succession de la comtesse Catherine-Dimitrievna Koucheleff, Paris, 18 III 1875, n° 19 ; « Incontri », selon une annotation d’un exemplaire du cat. de la vente, pour dire : ravalé ? ; vente, Paris, 27 III 1877, n° 28 (provenance Koucheleff-Besborodko indiquée). – Léopold Flameng (1831-1911), peintre-graveur (le père du peintre François Flameng) ; sa vente, Paris, 14 IV 1882, n° 38. – Très probablement resté depuis en France car une étiquette de la maison parisienne Chenue-Boyer, au verso du cadre, signale le tableau comme « rentré [en garde-meuble ou l’inverse ?] en juillet 1945 ». – Vente, Paris, Hôtel Drouot, 12 XII 2001, n° 24 (avec pedigree final erroné, juste repris de Hofstede de Groot, et fait provenir le présent tableau de la coll. Kaufmann) ; acquis à cette vente par don de la Société des Amis du Louvre.
Bibl. : Waagen (1864), p. 422 – Hofstede de Groot IX (1926), n° 362 p. 397 (avec erreur de pedigree relatif au prétendu passage du tableau dans la coll. Kaufmann à Berlin, qui, note-t-il, ne figure pas dans la vente de cette dernière à Berlin, 4 XII 1917) – Duparc et Graif (1990), note 4 p. 126 (tableau encore non localisé) – Foucart (2002), p. 90 – Kilian (2005), p. 84, n° 74 A p. 177-178 (comme « version » [sic] du tableau de Yale, n° 74, avec confusion d’historique : la provenance Goudstikker – 1918 à 1926 – est assignée à tort au tableau du Louvre, et l’appel de la repr. du tableau de Yale renvoie en fait au R.F. 2002-1 bien légendé comme tel).

Société des Amis du Louvre, Donateur

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date : 2001
date de vente publique : 12/12/2001 (Paris, Hôtel Drouot)

Etat

Musée du Louvre, Département des Peintures

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