Numéro d’inventaire
Numéro principal : OA 3291
Artiste / Auteur / Ecole / Centre artistique
description
Dénomination / Titre
Titre : Harpe
Type d'objet
harpe
Description / Décor
L’attrait pour la vie quotidienne médiévale des collectionneurs du XIXe siècle les a parfois poussés à l’acquisition d’objets qui leur semblaient correspondre à une sorte de vision idéale du Moyen Age – vision élaborée à partir des dessins et aquarelles illustrant les ouvrages qu’ils consultaient. La harpe d’ivoire, offerte par la marquise Arconati Visconti, à la demande d’Emile Molinier qui l’avait découverte chez un marchand, entra donc au Louvre dans l’enthousiasme général. Considérée comme l’un des rares instruments musicaux du XVe siècle conservés – et d’autant plus remarquée qu’elle est taillée dans un matériau coûteux, qui semble lui garantir une provenance royale ou princière -, la harpe fut depuis citée dans de nombreuses études sur la vie et la musique médiévales.
L’instrument n’a pas de caisse de résonance et ne comporte que la console et la colonne, qui sont sculptées de fleurs de lys au naturel, alternant avec des lettres gothiques AY. A la jonction de la traverse et de la console, des scènes en bas-relief représentent sur la tranche la Nativité, avec l’inscription « EN BETHLEAN » (à Bethléem ?), sur la gauche l’Adoration des Mages, sur la droite le Massacre des Innocents.
Molinier pensait que les lettres « AY» étaient la devise de Philippe le Bon après son mariage avec Ysabelle de Portugal (pour « Aultre n’auray » ?) mais on a pu y voir aussi une allusion à Yolande de France et son époux, Amédée de Savoie.
La notice de Koechlin révèle déjà la suspicion que lui inspirait l’objet – suspicion augmentée par l’article de J. Leeuwenberg (1969). Une étude technique de C. Homo (1986) a mis en lumière des détails anormaux : la harpe semble trop petite pour la période à laquelle elle est attribuée ; elle est munie d’un trop grand nombre de cordes (25) et surtout, on ne voit pas comment les éléments d’ivoire ont pu être raccordés à une caisse de résonance du XVe siècle. Ces remarques, associées à l’étonnante différence stylistique entre les scènes de l’Enfance du Christ – d’un travail sec et anguleux – et les lys – d’une grâce annonciatrice du Modern Style –, amènent à conclure que la harpe d’ivoire du Louvre est un faux, à moins, si l’on cherche une explication indulgente, qu’il ne s’agisse d’un accessoire néogothique destiné à une statue de David ou de sainte Cécile.
L’instrument n’a pas de caisse de résonance et ne comporte que la console et la colonne, qui sont sculptées de fleurs de lys au naturel, alternant avec des lettres gothiques AY. A la jonction de la traverse et de la console, des scènes en bas-relief représentent sur la tranche la Nativité, avec l’inscription « EN BETHLEAN » (à Bethléem ?), sur la gauche l’Adoration des Mages, sur la droite le Massacre des Innocents.
Molinier pensait que les lettres « AY» étaient la devise de Philippe le Bon après son mariage avec Ysabelle de Portugal (pour « Aultre n’auray » ?) mais on a pu y voir aussi une allusion à Yolande de France et son époux, Amédée de Savoie.
La notice de Koechlin révèle déjà la suspicion que lui inspirait l’objet – suspicion augmentée par l’article de J. Leeuwenberg (1969). Une étude technique de C. Homo (1986) a mis en lumière des détails anormaux : la harpe semble trop petite pour la période à laquelle elle est attribuée ; elle est munie d’un trop grand nombre de cordes (25) et surtout, on ne voit pas comment les éléments d’ivoire ont pu être raccordés à une caisse de résonance du XVe siècle. Ces remarques, associées à l’étonnante différence stylistique entre les scènes de l’Enfance du Christ – d’un travail sec et anguleux – et les lys – d’une grâce annonciatrice du Modern Style –, amènent à conclure que la harpe d’ivoire du Louvre est un faux, à moins, si l’on cherche une explication indulgente, qu’il ne s’agisse d’un accessoire néogothique destiné à une statue de David ou de sainte Cécile.
Caractéristiques matérielles
Dimensions
Hauteur : 51,1 cm ; Largeur : 30,4 cm
Matière et technique
Matériau : ivoire d'éléphant = défense d'éléphant
Matériau : bois
Matériau : bois
Lieux et dates
Date de création / fabrication
Epoque / période : époque contemporaine (Occident) ; moyen âge (Occident) (?)
Date de création/fabrication : 1800 - 1900 (style du XVe siècle)
Date de création/fabrication : 1800 - 1900 (style du XVe siècle)
Données historiques
Historique de l'œuvre
Don de la marquise Arconati-Visconti, 1892.
Détenteur précédent / commanditaire / dédicataire
Marquise Arconati-Visconti, Marie, Donateur
Mode d’acquisition
don
Date d’acquisition
date : 1892 (don)
Propriétaire
Etat
Affectataire
Musée du Louvre, Département des Objets d'art du Moyen Age, de la Renaissance et des temps modernes
Localisation de l'œuvre
Emplacement actuel
non exposé
Index
Bibliographie
- Gaborit-Chopin, Danielle ; Alcouffe, Daniel ; Bardoz, Marie-Cécile, Ivoires médiévaux : Ve-XVe siècle : catalogue, Paris, Réunion des musées nationaux, 2003, p. 587-588, n° 297
- Peter Barnet (dir.), Images in Ivory. Precious Objects of the Gothic Age, cat. exp. (Detroit, The Detroit Institute of Arts, 9 mars - 11 mai 1997 et Baltimore, Walters Art Gallery, 22 juin - 31 août 1997), Princeton, Princeton University Press, 1997, n° 88
- Leeuwenberg, Jaap, « Early Nineteenth-Century Gothic Ivories », Aachener Kunstblätter, 31, 1969, p. 111-148, p. 135
- Carra, Massimo, Gli Avori in Occidente, Milan, Fratelli Fabbri, 1966, fig., n° 8
- Grodecki, Louis, Ivoires français, Paris, Larousse, 1947, p. 111
- Koechlin, Raymond, Les Ivoires gothiques français, 3 vol., Paris, A. Picard, 1924, pl. CCIX (tome III), n° 1252 (tome II)
- Molinier, Emile, Catalogue des ivoires. Musée national du Louvre, Paris, May et Motteroz, 1896, p. 237-244, ill. 239, n° 116
- Molinier, Emile, « Un don récent au musée du Louvre », L'Art, LIII, 1892, p. 7-23, fig. p. 182,
- Homo, Catherine, « Un faux instrument médiéval : la harpe en ivoire du musée du Louvre », Bulletin d'archéologie musicale, n° 6, mars 1986, p. 26-28,
Dernière mise à jour le 13.11.2024
Le contenu de cette notice ne reflète pas nécessairement le dernier état des connaissances
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