L'Eléphant ou le cheval isabelle, de la tenture des Indes

Numéro principal : OAR 25

Département des Objets d'art du Moyen Age, de la Renaissance et des temps modernes

France Île-de-France Paris
Manufacture des Gobelins (Paris, 1662)
Eeckhout, Albert van der (1610 - 1666), Peintre, D'après
Post, Frans (1612 (?) - 1680), Peintre, D'après

Titre : L'Eléphant ou le cheval isabelle, de la tenture des Indes

panneau

A gauche, un arbre près duquel se cabre le cheval isabelle, et derrière lequel se tient un éléphant, la trompe levée ; au premier plan, un enfant noir ; à droite, une femme noire ; plus à droite un indien tenant un chameau (partiellement refait). Première bordure, imitant un cadre de bois sculpté

Inscription :
au revers, sur la doublure, angle inférieur droit, au pochoir « OAR 25 »

Hauteur : 327 cm (gauche) ; Hauteur : 322 cm (droite) ; Longueur : 582,5 cm (supérieure) ; Longueur : 582 cm ( inférieure) ; Poids : 30 kg (avec conditionnement)

Technique : tapisserie = tapisserie sur métier (techniques textile)
Matériau : laine (chaînes et trames)
Matériau : soie (trames)
Matériau secondaire : (Velcro de 5 cm de large, cousu sur la sangle en jute)
Matériau secondaire : (Doublure en toile bisonne non décatie, plusieurs lés assemblés. Fixation aux points de bagage, couture au point de surjet sur tous les côtés et à 5 cm du bas sur toute la longueur.)
Matériau secondaire : (Sangle en jute 8,5 cm de large cousue au revers le long du bord supérieur.)

Epoque / période : Louis XIV (1643-1715) (Occident->époque moderne = Ancien Régime->dynastie des Bourbons)

Date de création/fabrication : vers 1690

L'identification de l'OAR 25 a été possible en croisant plusieurs sources :
- L'OAR 25 Le cheval Isabelle a pu être identifié comme provenant de la collection d'Hermann Goering grâce à l'inventaire photographique des tapisseries d'Hermann Goering, où la reproduction photographique en noir et blanc de l'OAR 25 est accompagnée de son descriptif succinct : "Ta 22 b - Frankreich - Gobelin der Indien serie - 3,34 x 5,95 m - Hinrichsen Berlin - Januar 1938". -La tapisserie est répertoriée dans la liste des tapisseries récupérées en Allemagne établie par l'OBIP : "[n° d'ordre] 25 ; [n° allemand] 6635 ; [Provenance] 37e Munich ; [Epoque] Gobelins XVIIe [s] ; [Sujet] Tenture des Indes ; [Dimensions] 5.95/3.34". - La tapisserie est répertoriée dans l'inventaire détaillé du trente-septième convoi en provenance de Munich : " List of French Property from Central Collecting Point Munich, 1.07.49 : Run N° of 37th shipm., 203; French Run N°, 15578 ; Munich Arr. N°, 6635/Berchtesgaden ; 1587 ; Author, Paris, Gobelins ; Subject, Tapestry : The Indies, The Elephant ; Presumed owner, France unknown owner ; History, Acquired in France during the war". La tapisserie "Suite des Indes, Le cheval Isabelle", ainsi que la tapisserie " Suite des Indes, Le Cheval rayé " ont été achetées 100.000 ou 110.000 RM à Berlin chez le marchand Johannes Hinrichsen. La tapisserie " Le Cheval Isabelle " fut offerte le 12 janvier 1938 par le Gauleiter Terbov-en et la province de Rhénanie à Herman Goering. Cette tapisserie a été envoyée à Carinhall, résidence de Goering près de Berlin, où il rassemblait ses collections. Elle a été présentée en mai 1940 dans la salle de conférence de Carinhall. Elle fut enregistrée dans l'Inventaire photographique de la collection de tapisseries d'Hermann Goering, sous le numéro Ta 22b. Au moment de la débâcle allemande, Goering fit envoyer ses collections en train spécial, convoyées par Andréas Hofer à Neuhaus (près de Nuremberg), les 23 février et 13 mars 1945, puis à Berchtesgaden le 13 avril 1945. C'est là, que la septième US Army se saisit de l'ensemble de la collection. Un premier travail de catalogage fut apparemment effectué sur place et cette oeuvre se vit attribuer le numéro : "Berchtesgaden ; 1587". Puis la tapisserie fut envoyée au Central Collecting Point de Munich, et enregistrée sous le numéro 6635. La tapisserie fut restituée par le Haut-Commissariat américain en Allemagne à l'Office des Biens et Intérêts Privés [OBIP], délégation du ministère français des Affaires étrangères pour les restitutions. Elle est revenue à Paris le 1er juillet 1949 par le trente-septième convoi en provenance de Munich. Cette tapisserie fut inscrite sur la liste des oeuvres mises à la disposition des Musées nationaux par l'OBIP. Retenue lors de la deuxième commission de choix des oeuvres de la récupération artistique du 17 novembre 1949, la tapisserie est prise en charge par la direction des musées de France, et est confiée par celle-ci à la garde du musée du Louvre (département des Objets d'art) en 1951. Elle est alors inscrite dans l'Inventaire Objets d'Art Récupération [OAR], établi par Hubert Landais, sous le numéro OAR 25. Le 9 juin 1950, la tapisserie est déposée au château de Compiègne, salle 13. Elle y restera jusqu'au 24 février 1955, date à laquelle elle est envoyée au musée des beaux-arts de Rennes pour trois mois. La tapisserie fut accrochée dans le grand escalier d'honneur de l'Hôtel de Ville. L'OAR 25 est actuellement conservé dans les réserves du département des Objets d'art du musée du Louvre. La restitution de l'OAR 25 a fait l'objet d'une longue procédure de réclamation de la part du service allemand des restitutions [Treuhandverwaltung von Kulturgut] localisé à Munich. Le 26 octobre 1953, M. von Beyme, directeur de ce service, adressa un dossier de recours au Haut-Commissariat américain en Allemagne, pour réclamer les cinq tapisseries dont l'OAR 25 restituées à la France par erreur par le Central Collecting Point de Munich. Cette demande s'appuyait sur le fait que ces oeuvres étaient dans la collection de Goering avant la guerre. La France ne pouvait se prévaloir des ordonnances des 5 janvier 1943 et 29 mars 1945, relatives à la répression du commerce avec l'ennemi dans les territoires occupés ou contrôlés par l'ennemi. L'essentiel de l'argumentation allemande reposait sur Le fichier des textiles de Goering où est précisé que cette oeuvre a été achetée à Berlin en janvier 1938. L'idée que le marchand Hinrichsen se soit procuré cette tapisserie en France n'était pas d'un grand poids, car cet achat était de toute façon antérieur à 1939. La TVK fit appel au témoignage de la secrétaire de Goering, Fraulein Limberger, qui affirma que l'abondance des objets entrés dans la collection du Reichsmarschall empêcha de faire un travail sérieux de catalogage. Une telle affirmation pouvait être dangereuse et faire peser des suspicions sur l'ensemble des restitutions concernant la collection Goering. En décembre 1953, Rose Valland rappela que le Conseil de contrôle du 21 janvier 1946 avait accepté le principe des " restitutions à l'équivalent " et que donc cette tapisserie litigieuse pourrait être considérée comme une infime compensation face aux pertes en tapisseries de la guerre, consignées dans le Répertoire des biens spoliés en France (tome II et suppléments). Les problèmes relatifs aux restitutions firent l'objet d'une conférence à Paris en 1954, où des règles précises, adaptées à la nouvelle situation, furent définies : Les Accords de Paris. Le 2 décembre 1957, Rose Valland, se référant aux Accords de Paris (1954), précisa que, juridiquement, seul un élément nouveau permet de rouvrir une procédure [Article 2, cha V]. En l'occurrence comme le fichier des textiles Goering était connu au moment de la restitution des tapisseries en 1949, il n'y avait pas d'élément nouveau. Finalement un accord fut trouvé : les allemands gardèrent, une tête antique et un Baldung Grien, et les français conservèrent les cinq tapisseries dont les deux tapisseries de la série des Indes (OAR 24 et 25). (source : base POP Culture, base Rose Valland)

Goering, Hermann, Spoliateur

attribution par l'office des biens et intérêts privés (MNR)

Musées Nationaux Récupération

Musée du Louvre, Département des Objets d'art du Moyen Age, de la Renaissance et des temps modernes

attribution par l'office des biens et intérêts privés (MNR)

Louis XIV (1643-1715)

panneau