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Portrait de la princesse de Comdey en Vénus

Vers 1713/1715
RF 31061, Recto
Département des Arts graphiques
Numéro d’inventaire
RF 31061, Recto
Référence de l'inventaire manuscrit :
vol.26, p.283
Collection
Département des Arts graphiques
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
Artiste / Auteur / Ecole / Centre artistique
Oudry, Jean-Baptiste (1686-1755)
Ecole française

description

Dénomination / Titre
Portrait de la princesse de Comdey en Vénus
Description / Décor
Commentaire :
« Paris, 2 septembre 1699 : dans la Grande Galerie du Louvre se presse la fine fleur de l'amateurisme français. Ces Messieurs de l'Académie Royale de peinture et de sculpture offrent au public le spectacle d'une exposition réunissant deux cent quatre-vingt-dix de leurs œuvres.../...Au trumeau XVII de la galerie étaient accrochés les portraits des « Demoiselles Loyson sœurs (11) », aussi du sieur de Troy.../...Deux estampes permettent d'identifier les portraits de François de Troy exposés en 1699. La première (fig.1) est d'André Bouys (1656-1740).../...La deuxième estampe (fig.4) est due au burin de Simon Vallée (1680-1730). A la différence de l'œuvre de Bouys, la lettre ne porte pas le nom de la belle représentée, mais indique bien que le graveur s'inspira d'une œuvre de François de Troy (« F de Troy pinxit » sous le trait carré à gauche ; « S. Vallée Sculp. », à droite. Pour tout élément d'identification du modèle, la marge inférieure de l'estampe porte deux quatrains en vers de mirliton dont le poète François Gacon (1667-1725) s'était fait une spécialité dans l'accompagnement de portraits gravés.../...Un dessin très enlevé -presque négligé- de Jean-Baptiste Oudry (1686-1722), conservé au département des arts graphiques du musée du Louvre (fig.5 [notre feuille]), reprend, dans le même sens - le portrait gravé par Vallée. Cette petite feuille est comprise dans le premier des deux albums de dessins commencés l'un en 1713 et l'autre en 1716, par lesquels - source précieuse - Oudry entendait garder le souvenir des portraits de sa main. Datable donc entre 1713 et 1716, ce petit croquis pose un double problème que personne à ce jour n'a résolu. Le premier concerne la paternité de la composition qui, si l'on en croit Oudry serait de lui, tandis que, si l'on se rapporte à la lettre de l'estampe de Vallée, reviendrait à de Troy. Un élément essentiel doit retenir notre attention : la hauteur de la coiffure du modèle, coiffure dite « à la Fontanges » pour la raison qu'elle fut créée accidentellement, en 1680, par la duchesse éponyme (15).../...Avec ls années cette coiffure spectaculaire gagna en hauteur pour atteindre, vers 1695, des proportions audacieuses qui, un jour de 1699, furent en fin jugées ridicules par le roi qui s'en agaça : instantanément, les dames de la cour demandèrent à leur coiffeur plus de modération. La hauteur de l'édifice représenté par Oudry, correspond à l'apogée, si l'on peut dire, de l'audace capillaire dont fut capable le Grand Siècle, soit entre 1693 et 1697.Né en 1686, Oudry n'eut donc certainement jamais l'occasion de peindre une femme ainsi coiffée et il n'est pas douteux qu'il tira son dessin d'une composition qui ne lui devait rien. Sans doute eut-il l'occasion de faire une copie du portrait de François de Troy (par l'intermédiaire de l'estampe de Vallée) et considéra-t-il qu'il convenait d'en conserver le souvenir par un dessin qui, incidemment, lui valut d'en paraître l'inventeur. La seconde question soulevée par le petit croquis d'Oudry concerne une annotation portée par lui sur l'album à proximité du dessin : « Madame la princesse de Comdey », où il faut évidemment lire « Condé ». Jean Cordey, dans l'ouvrage qu'il consacra naguère aux eux albums d'Oudry, émit l'hypothèse qu'il pût s'agir de Louise Françoise de Bourbon (1673-1743), fille naturelle de Louis XIV et de madame de Montespan, devenue princesse de Condé en 1685. Datant le portrait d'Oudry de 1714 environ et considérant que, veuve depuis 1710, elle n'aurait pu se faire représenter dans un tel appareil, l'auteur conclut en se demandant s'il n'était pas finalement abusif de lire « Condé » en « Comdey (16) ». Mais il ignorait qu'il fallait avancer l'exécution de la composition originale d'une vingtaine d'années. Imaginons maintenant que François de Troy, vers 1695, ait brossé un portrait de la princesse de Condé alors âgée de vingt-deux ans environ ; supposons qu'Oudry en ait exécuté la copie et qu'il ait souhaité la faire figurer au « Liber veritatis » de ses œuvres : tout devient alors parfaitement logique. Nous reviendrons toutefois un peu plus loin sur cette conclusion qui pose d'autres questions.../...Selon une autre tradition, apparemment forgée au XIXe siècle, le tableau de de Troy et l'estampe de Vallée auraient représenté la comtesse de Cosel. Née Anne Constance de Brockdorff (1680-1765), elle épousé en 1699 le comte Adolf Magnus d'Hoym, dont elle divorça dès 1700 pour être devenue la maîtresse favorite du roi de Pologne Auguste II (1670-1733), dit le Fort, qui la fit comtesse de Cosel en 1708 (17). Réputée d'une grande beauté, mais d'un tempérament vif et capricieux jusqu'à la tyrannie, elle n'hésita pas, lors d'une naumachie, à descendre l'Elbe sur une majestueuse embarcation en forme de coquillage, par allusion bien sûr à la naissance de Vénus. Cet épisode aurait été à l'origine du portrait peint et gravé dont il est ici question. Pourtant, à la fin du XVIIIe siècle, l'estampe de Vallée était bien connue pour représenter « Mademoiselle Loyson ». On la trouve sous cette identification dans le volumineux « Dictionnaire » de Jacques Lelong, publié en 1775, où les deux estampes de Bouys et Vallée sont cataloguées méthodiquement : « Loyson, (Catherine de) veuve de Pierre le Cornu, Sieur de la Boissière. Fr. de Troy, p. Ant. Bouys, sc. 1702, in fol. En manière noire ». Et dessous : « Loyson, (Mademoiselle) I. Dessin coloré au Cabinet de M. de Fontette. 2. De Troy, p. en Vénus : Vallée, sc. In fol. maj ». (18). Nous devons à Crodey, qui revint en 1934 (19) sur ses interrogations de 1929, d'avoir expliqué les raisons de l'identification tenace de ce modèle à la comtesse de Cosel, par suite d'une enquête menée pour lui en Allemagne par son « confrère André Linzeler (20) ». Le directeur de cabinet des estampes de Dresde confirma à Linzeler que, selon lui, le portrait représentait bien la comtesse de Cosel, conformément à l'anecdote sus-évoquée de la descente de l'Elbe, mais il ajouta fort opportunément que le tableau existait toujours en France, à une adresse qu'il consentit à communiquer. Cordey poussa les investigations et retrouva en effet le portrait de la belle aux abords du lac d'Annecy, accompagné de son pendant, celui de Catherine Loyson qui avait servi de modèle à l'estampe de Bouys. ... Une tradition bien plus fiable, celle de la transmission familiale du portrait d'une aïeule et de celui d'une grand-tante, permettait enfin de lever le voile sur l'identité réelle de cette Vénus apparue parmi les hommes.
(11. Liste des tableaux et des ouvrages de sculpture exposez dans la Grande Galerie du Louvre, par messieurs les Peintres, & Sculpteurs de l'Académie Royale, en la présente année 1699, Paris, 1699, p.14 ; 15. Marie Angélique de Scorailles (1661-1681), duchesse de Fontanges ; 16. Jean Cordey, 'Esquisses de portraits peints par J.-B. Oudry », Paris, 1929, p.26-27, n°24, repr. pl.XIII ; 17. La suite chronologique des ces péripéties est tirée de Frédéric Bulau, « Personnages énigmatiques, histoire mystérieuse, évènements peu ou mal connus, t.I, Paris, 1861, pp.282-283. D'autres sources donnent 1704 pour date du divorce et 1706 pour l'accès au titre de comtesse de Cosel.) (D. Brême, 2021).

Bibliographie :
D. Brême, « Il en va du portrait comme d'un roman... La très véritable histoire du portrait des sœurs Loyson » in « Portraits en majesté : François de Troy, Nicolas de Largillierre, Hyacinthe Rigaud », Dominique Brême, Ariane James-Sarrazin, cat. exp., Perpignan, musée d'art Hyacinthe Rigaud, 26 juin - 7 novembre 2021, Cinisello Balsamo, 2021, pp. 2749, en particulier p.32, fig.5 p.32
Description de l'album :
Album oblong relié en veau brun, comportant une page de garde blanche et 39 feuillets gris-bleutés, numérotés de 1 à 110 (sic) : effectivement, ces ombreux feuillets ont été découpés, initialement l'album était composé de 122 feuillets. Dos titré : Oeuvres de M. Oudry. Au verso de la reliure, inscription à la plume : '2 vol. fol. avec 107 différentes attitudes de portraits par J.B. Oudry'. H : 0, 260 ; L : 0, 317

Caractéristiques matérielles

Dimensions
H. 0,25 m ; L. 0,312 m
Matière et technique
Lavis d'encre brune et rehauts de gouache blanche sur papier bleu.
Inscription, à la plume et encre brune, à droite : 'Madame la princesse de Comdey' .
Ancienne foliotation à la plume et encre brune : 51.

Lieux et dates

Date de création / fabrication
Vers 1713/1715

Données historiques

Mode d’acquisition
achat
Date d’acquisition
1957

Localisation de l'œuvre

Emplacement actuel
Réserve des petits albums
Album Oudry Jean-Baptiste -1-
Folio 12
dessiné au recto

L'œuvre est visible sur rendez-vous en salle de consultation des Arts graphiques.
Dernière mise à jour le 14.11.2024
Le contenu de cette notice ne reflète pas nécessairement le dernier état des connaissances