Château de Vaux-le-Vicomte, vue et perspective du parterre de fleurs, image 1/3
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Château de Vaux-le-Vicomte, vue et perspective du parterre de fleurs

Vers 1659/1661
INV 33024, Recto
Département des Arts graphiques
Numéro d’inventaire
INV 33024, Recto
Anciens numéros d'inventaire :
NIII 15598
MA 12514
Référence de l'inventaire manuscrit :
vol.13, p.356
Collection
Département des Arts graphiques
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
Artiste / Auteur / Ecole / Centre artistique
SILVESTRE Israël (1621-1691)
Ecole française

description

Dénomination / Titre
Château de Vaux-le-Vicomte, vue et perspective du parterre de fleurs
Description / Décor
Commentaire :
"Dans le domaine de Vaux-le-Vicomte, hérité de son père, Nicolas Fouquet, surintendant des Finances de Louis XIV, décida de faire construire un château avec un jardin agrémenté de tous les ornements d'usage. Il s'adressa pour l'architecture à Daniel Gittard puis à Louis Le Vau, Premier architecte du roi, et pour le jardin à André Le Nôtre. Le début du travail du jardin se situe dans les années 1653-1654, les fondations du château s'achevèrent en 1655, et le 2 août 1656 le marché fut conclu sur les plans de Le Vau. La toiture du château fut complétée en 1658. Le jardin fut essentiellement terminé en 1659, si l'on croit Jean de La Fontaine et si l'on en juge par la visite du roi, de la reine et de Monsieur, venus admirer les fontaines le 17 juillet de cette même année (1.). Ensuite, Louis XIV et Marie-Thérèse d'Autriche s'y arrêtèrent le 10 juillet 1660. Puis, le 12 juillet 1661, Fouquet donna une fête en l'honneur de la reine mère d'Angleterre, Henriette de France, suivie le 17 juillet d'une autre fête en l'honneur du roi Louis XIV. Dès le début du projet, Fouquet fit connaître son ambition de créer un jardin superbe, comme en témoigne la dédicace de Charles de Cercy, éditeur du livre posthume de Claude Mollet (1557-1647), Premier jardinier du roi, intitulé Théâtre des Plans et Jardinages (Paris, 1652 (2)) : « Vous cherchez dans l'innocence de la vie champestre des douceurs qu'on ne sçauroit rencontrer autres part & vous prenez plaisir de sortir des Parterres de Themis, pour entrer dans ces superbes Jardins de Vaux le Vicomte, où vous faites agrablement combattre l'Art avec la Nature, & où vous adjoustez tous les jours de nouvelles beautés & de nouveau enrichissemens. » Ces mots sonnent comme une prémonition et, une fois le jardin terminé, Mlle de Scudéry en donna une première impression dans son ode à Vaux : « on decouvre de cet endroit une si grande et si vaste étendue de différents parterres, tant de grandes et belles allées, tant de fontaines jaillissantes, et tant de beaux objets qui se confondent par leur esloignement, qu'on ne sçait presque ce que l'on voit, parce que la multitude des belles choses estonne l'imagination, et empesche les yeux de pou- voir rien choisir d'abord (3) ». La conception de ce jardin est à vrai dire remarquable à tous points de vue. André Le Nôtre a su, en tirant profit du dénivellement du terrain et en le corrigeant, créer un lieu tellement vaste, avec de multiples axes et différents niveaux, dont certains comme le canal et les cascades sont invisibles au premier abord, qu'il n'est possible de découvrir ces détails que progressivement lorsque l'on s'y avance. Pour mieux se rendre compte des différents aspects de ce jardin, Israël Silvestre a exécuté une série de dessins qui ont ensuite été transférés sur le cuivre pour en faire une série de trois grandes et huit moyennes estampes, accompagnées d'un grand plan (4). Nous sommes encore mal renseignés sur la manière de travailler de Silvestre, mais il a pu utiliser une camera obscura, qui lui permettait, avec l'aide d'une lentille et d'un miroir montés dans une boîte placée sur un trépied, de dessiner les vues qui l'intéressaient. Ensuite, il a ajouté les personnages pour agrémenter le jardin et donner l'impression de la présence de multiples visiteurs. Dans le grand dessin de la vue et perspective du jardin depuis le perron du château (cat. 16), le parterre de fleurs à droite est bien plus esquissé au graphite que d'autres parties. L'eau des fontaines a été rehaussée de gouache blanche. Six dessins de Silvestre en rapport avec le jardin de Vaux-le-Vicomte se trouvaient dans l'album du Louvre. Seuls quatre de ces dessins ont été gravés (les cat. 18 et 21 n'ont pas été retenus pour l'estampe). Il manque huit dessins pour compléter la série gravée (5). Nous ignorons quand Silvestre a commencé à préparer ce travail, dont on sait désormais qu'il relève d'une commande de Fouquet et que les paiements étaient soumis à l'avis de Charles Le Brun (6). Il avait déjà exécuté plusieurs suites d'estampes de ce genre, comme celle du château et jardin de Liancourt (1652-1656) et celle du château de Rueil (1661). Le relevé du jardin de Vaux-le-Vicomte, d'une très grande précision de détails et d'un format nettement supérieur à ceux de Liancourt et de Rueil, a dû demander un travail considérable à Silvestre. Tout dans les dessins est bien de sa main, même si les figures sont délibérément inspirées de celles de Stefano della Bella. Aucun des dessins ne montre de traces d'un repassage au stylet destiné à transférer la composition sur une plaque de cuivre, ce qui veut dire que d'autres dessins, aujourd'hui perdus, ont dû être exécutés dans ce but. Cela était nécessaire afin de pouvoir inverser les compositions et obtenir des images correspondant aux dessins, et donc à la réalité. En comparant les dessins aux gravures, on observe d'abord que l'échelle est strictement identique et qu'il existe très peu de changements dans les détails. Il s'agit avant tout d'ajouts de figures dans la vue du parterre (cat. 16) ou, pour la perspective latérale du rond d'Eau (cat. 17), du remplacement des deux femmes assises au premier plan par deux jardiniers et à droite de l'introduction de deux couples élégants et de trois hommes. Les estampes ne portent pas de date et la série n'a pas été annoncée dans la presse au moment de leur mise sur le marché. L'arrestation de Fouquet le 5 septembre 1661 a peut-être joué un rôle dans le retard de l'exécution des estampes comme dans l'absence d'annonce de leur publication. Elles furent terminées entre 1664 et 1666, fourchette de dates fournie par la correspondance de Christiaan Huygens avec son beau-frère Philips Doublet, notamment par une lettre datée de Paris du 18 juin 1666 dans laquelle il raconte : « Je fus voir Monsieur Silvestre il y a quelques jours qui me montra les ouvrages qu'il a achevé depuis deux ans, qui sont le grand carousel, les planches de Veaux qui sont très belles, et quelques vues de Fontainebleau et Saint Germain grandes comme celles-là. Si vous en desirez vous n'avez qu'à m'en donner la commission (7.) » Une autre lettre de Doublet à Huygens, datée celle-là de La Haye le 20 janvier 1661, nous apprend que la gravure des dessins de Vaux-le-Vicomte était déjà commencée : « J'ay grande impatience de voir les planches de Vau, d'Israel, mais je ne pense pas qu'ils soijent prest avant vostre retour (8). » Ces informations précieuses indiquent que les dessins ont dû être exécutés avant janvier 1661. Silvestre a dû faire ses relevés entre 1659, fin des travaux dans le jardin, et 1661. Les estampes portent toutes la mention du privilège du roi, protection commerciale obtenue par Silvestre, d'abord en 1659, ensuite le 25 octobre 1661, conséquence de l'importance accrue de sa production, de la reprise en 1661 du fonds de son oncle Israël Henriet (1596-1661) et de la nécessité de protéger ses estampes contre des copies pirates. Silvestre n'a jamais publié un catalogue de son fonds, mais il en existe une version manuscrite qu'il avait adressée au collectionneur Jean Nicolas, sieur de Tralage, à une date inconnue, mais entre 1666 et 1687. On y retrouve « Les grandes veües de Veaux 32 sols 3 feuilles », « Les moyennes (16 sols pièce) de Veaux. 8 feuilles », et « Le plan (6 sols p.) de Veaux » 9. Ces estampes ont tout de suite trouvé leur public et elles figurent dans toutes les grandes collections d'estampes depuis leur publication. Les relevés de Silvestre faits sur place au début de l'existence de ce jardin constituent déjà, pour cette seule raison, un élément clé pour mieux connaître la création d'André Le Nôtre voulue par Nicolas Fouquet."
Notes : 1. Lettre de Fouquet à Mazarin du 19 juillet 1659, voir Clément, 1861, p. 504-505 ; Gazette de France, 1659, no 89, p. 712 ; Weber, 1985, p. 266. 2. Privilège le 15 décembre 1651, sortie des presses le 22 janvier 1652. 3. Clélie, histoire romaine, Amsterdam, 1661, X, p. 1127. 4. Faucheux, 1857, no 311, 1-13. La quatorzième planche, beaucoup plus petite que les précédentes, est bien dessinée par Silvestre, mais gravée par Adam Pérelle. 5. Sur celle-ci, voir Faucheux, 1857, no 311. 6. Gady (B.), 2010, p. 365. 7. Huygens, 1888-1905, VI (1895), lettre 1545, p. 45 ; Fuhring, 2004, II, p. 531-532. 8. Huygens, 1888-1905, III (1890), lettre 829, p. 223. 9. Fuhring, 2010, p. 527-532, et fig. 6 et 7.
Bibl. : Belin, 1968, no 28 ; Weber, 1985, p. 267 ; Woodbridge, 1986, fig. 195 ; Pérouse de Montclos, 1997, rééd. 2016, ill. p. 103 ; Hazlehurst, 2005, pl. 17 ; Lamy et Olivesi, 2013, ill. p. 231. Exp. : Jamais exposé.
(Peter Führing in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), cat. sous la dir. de Bénédicte Gady & Juliette Trey, n°16-21).
Description de l'album :
« Soixante-seize feuilles proviennent de l'« album Silvestre » (Inv. 33011 à 33086)(80) .../... il s'agit d'un album factice, manifestement constitué au XVIIIe siècle, en réutilisant une reliure en veau, pleine peau lisse, dont les fers laissent penser qu'elle est d'origine nordique (83). L'examen du dos révèle que la reliure a été prise à l'envers par rapport à l'orientation des dessins dans l'album : les fleurons gravés au fer sont renversés, une étiquette de papier masque le caisson de tête et un cuir a été rapporté sur le septième, vraisemblablement pour cacher un ancien titre. Les pages de l'album portent un filigrane (aigle à deux têtes couronnées) et la contremarque de Thomas Marie Dupuy, famille de papetiers de Riom, moulin Grand-Rive à Ambert, actif de 1725 à 1778 (84).../...L'album est entré dans les collections royales à une date inconnue et se trouvait au Louvre pendant la Révolution (85). .../...la plupart des dessins du volume ont d'abord été collés sur une feuille ou sur des bandes de papier bleu, papier ensuite fixé sur la page d'album. L'examen révèle plusieurs étrangetés : les bandes bleues n'entourent que la partie collée des dessins pliés, dont la partie repliée présente des traces d'anciens collages ; certains dessins recto-verso sont attachés par une charnière au papier bleu alors qu'ailleurs c'est le papier bleu lui-même qui est mobile pour donner accès à un dessin collé sur son verso. ../...Depuis la Révolution, les dessins de l'album ont fait l'objet de traitements variés : cer- tains feuillets en ont été détachés, puis réintégrés ou non), d'autres ôtés après découpe des pages d'album, puis réintégrés ou non. Dans certains cas, les bandes de papier bleu ont même été refaites. Tous souffraient d'un empoussièrement dû au caractère non compact de l'album. Le tiers des dessins, de dimensions supérieures à celles de l'ouvrage, avaient dû être pliés lors de sa confection, ce qui créait des zones de fragilité au niveau des pliures et des zones de frottement sur le motif.../... C'est probablement aussi lors de la constitution de l'album que des dessins qui n'en formaient qu'un autrefois ont été coupés et séparés .../... Enfin, le collage des feuilles dans l'album s'était parfois fait sans égard pour la présence de dessins sur leur verso, parfois à demi cachés , parfois entièrement."
Notes : 83. Nous remercions Valentine Dubard et Peter Fuhring pour leurs observations éclairantes sur l'album. Les dimensions de l'album sont H. 47,5 ; L. 64 ; ép. 8,5 cm. 84. Raymond Gaudriault & Thérèse Gaudriault, Filigranes et autres caractéristiques des papiers fabriqués en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, 1995, p. 79, signalé par Valentine Dubard. 85. Lorsque Morel d'Arleux dresse l'inventaire Napoléon, il mentionne le volume comme provenant de la collection ancienne (AMN 1 DD 40, vol. 8, p. 1573).
(Bénédicte Gady & Juliette Trey, in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), pp. 26-31).

Caractéristiques matérielles

Dimensions
H. 0,338 m ; L. 0,51 m
Matière et technique
Graphite, plume et encre noire, lavis gris, rehauts de blanc ; points de fuite de la perspective piqués ; doublure partiellement enlevée
H. 33,8 ; L. 51 cm
Annoté à la plume et encre noire, en haut à droite : I, et en haut au milieu : 16

Lieux et dates

Date de création / fabrication
Vers 1659/1661

Données historiques

Historique de l'œuvre
Inventaire du musée Napoléon :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.8, p.1573, chap. : Ecole française, Volume 3. (...) Numéro : 12514. Désignation des sujets : Volume 3 n° 34 à l'encre. Ce volume est de forme oblongue et relié en veau. Cote : 1DD40

Localisation de l'œuvre

Emplacement actuel
Grand format
Album Silvestre Israël
Folio 16
rapporté au recto

L'œuvre est visible sur rendez-vous en salle de consultation des Arts graphiques.

Expositions

- La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 14 mars - 25 juin 2018
Dernière mise à jour le 24.09.2024
Le contenu de cette notice ne reflète pas nécessairement le dernier état des connaissances