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Portrait de Charles de France, duc de Berry (1686-1714).

INV 33292, Recto
Département des Arts graphiques
Numéro d’inventaire
INV 33292, Recto
Anciens numéros d'inventaire :
NIII 30884
Référence de l'inventaire manuscrit :
vol.13, p.403
Collection
Département des Arts graphiques
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
Artiste / Auteur / Ecole / Centre artistique
VIVIEN Joseph (1657-1734)
Ecole française

description

Dénomination / Titre
Portrait de Charles de France, duc de Berry (1686-1714).
Description / Décor
Commentaire :
Ce pastel est à mettre en relation avec d'autres œuvres conservés également au Louvre, INV 33293, INV 33288 et MI 895.
Neil Jeffares confirme l'attribution à Joseph Vivien et l'identification du modèle, Charles, duc de Berry (1686-1714), (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 556).
Œuvres en rapport : Chacun des trois portraits a donné lieu à une réplique destinée à Maximilien Emmanuel de Bavière, dont la sœur, Maria Anna Christine Victoria, avait épousé le Grand Dauphin, Louis de France (1661-1711).
Citées à la Résidence de Munich en 1729 (Magazin d'en bas sous la salle de l'Empereur), puis au château de Schleißheim à partir de 1748, elles appartiennent toujours aux Bayerische Staatsgemäldesammlungen à Munich. Le château de Versailles possède des copies à l'huile de chacun des pastels: les portraits du duc de Bourgogne et du duc de Berry sont probablement du XVIIIe siècle (MV 3619 et MV 2104). Celui figurant le duc d'Anjou (MV 3630) a été peint en 1840 par Louis Édouard Rioult.

Longtemps après sa disparition, Joseph Vivien jouissait encore d'une grande renommée. Fils d'un négociant teinturier lyonnais qui avait été recteur de la Charité, il s'était formé dans le cercle de Charles Le Brun auprès de François Bonnemer (1638-1689). Rapidement, on constata qu'il maîtrisait le génie du portrait, dont il se fit une spécialité. En 1752, dans la biographie qu'il lui avait dédiée (p. 285), Antoine Joseph Dezallier d'Argenville soulignait que, pour faire un beau portrait, il le peignait de face entière, quoique cela fût plus difficile à exécuter. Vivien essaya pour se distinguer de dessiner au pastel. La légèreté de sa main lui acquit une grande facilité dans cette technique et il fut le premier à l'utiliser pour des portraits en pied grands comme nature dont la fraîcheur et la vérité étonnèrent. Le biographe ajoutait aussi que ce prodige nouveau fut extrêmement goûté : « On ne croyait qu'à peine ce que les yeux confirmaient, le coloris vigoureux de ces beaux morceaux faisait douter s'ils étaient peints à l'huile ou au pastel. » Le pastel avait assurément l'avantage sur l'huile d'être plus frais, plus brillant, plus vrai et plus approchant de la chair. On y trouvait un moelleux, des fraîcheurs, des passages du sang qui n'étaient point dans l'huile. Une telle maîtrise de cette technique permit à Vivien d'être sollicité dès 1696 par les Bâtiments du roi. Les premiers paiements faits l'année suivante ne précisent malheureusement pas la nature du travail effectué. Après avoir été agréé en 1698 à l'Académie royale de peinture et de sculpture, Vivien fut invité en 1699 ou 1700 à peindre les portraits du Grand Dauphin et de sa famille. Particulièrement prestigieuse, cette commande resta longtemps marquée dans les esprits. En décembre 1734, après la disparition du maître, le Mercure de France (p. 2901) la mentionnait encore dans sa nécrologie en précisant que Vivien avait peint des portraits grands comme nature, dessinés et colorés d'un goût admirable, avec « entre autres la Famille de Monseig. Louis Dauphin, Père, et des trois Princes ses Fils, le Duc de Bourgogne, le Duc d'Anjou, à présent Roy d'Espagne, et le Duc de Berry » dont les tableaux étaient conservés dans le Cabinet du roi. En 1752, Dezallier d'Argenville les mentionnait toujours, précisant que ces grands tableaux qui reproduisaient les princes en pied [sic] avaient le plus distingué le maître. Il est vrai que par leur technique jamais auparavant utilisée à une telle échelle, par le fini dans leur traitement et par le rendu réaliste des matières obtenu simplement en estompant délicatement la poudre, les portraits n'avaient plus rien à envier à la peinture à l'huile et ne pouvaient que susciter la curiosité et l'admiration.
Peut-être peints pour leur père le Grand Dauphin ou pour leur mère Maria Anna Christine Victoria de Bavière, les portraits des trois princes ne restèrent pas longtemps présentés dans les appartements, s'ils le furent jamais, puisque dès 1709 ils étaient conservés au Cabinet de la direction des Bâtiments du roi à Versailles. Ils avaient cependant donné complète satisfaction. Vivien était en effet invité en 1700 et 1701 à fixer les traits du Grand Dauphin, portrait pour lequel il recevait 500 livres le 12 décembre 1701 (cité par Börsch-Supan, 1963, p. 135). Il livrait également en 1700 des répliques de plus petites dimensions des trois portraits des ducs de Bourgogne, d'Anjou et de Berry et de celui de leur père. Destinées à Maximilien Emmanuel, prince électeur de Bavière, beau-frère et oncle des modèles, ces œuvres également peintes au pastel appartiennent toujours aux collections bavaroises après avoir été conservées au XVIIIe siècle en premier lieu à la Résidence de Munich puis au château de Schleissheim. Toutes signées et datées, elles présentent
aussi l'intérêt d'être encore encadrées des bordures en bois doré et sculpté qui avaient été faites par Jacques Vivien, le frère de Joseph, et qui permettent de connaître l'aspect des cadres qui avaient été livrés pour les exemplaires versaillais de ces portraits. Avec l'estampe de Cornelis Vermeulen, la version bavaroise du portrait du duc d'Anjou ayant conservé le nom exact de son modèle permet de confirmer que les identités du duc de Bourgogne et du duc d'Anjou avaient bien été interverties au XIXe siècle sur les exemplaires conservés au Louvre (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 17, p. 59-63).

neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 18.

Caractéristiques matérielles

Dimensions
H. 1,05 m ; L. 0,81 m
Matière et technique
Pastel sur quatre feuilles de papier bleu assemblées à joints couvrants et marouflées sur une toile couverte d'une préparation brune et tendue sur un châssis à écharpes et traverse centrale horizontale. Au dos du carton de protection de la toile de marouflage, numéro à la plume et encre brune : 1, 048, annotation à la craie bleue : P. Pastel Versailles
et annotation au crayon : 1913, Tauzia. Au dos de la toile de marouflage, numéros à la craie blanche : no 6, a (?) 81 et 1048 -, numéro au pochoir : 24 et annotation à la pierre noire :
pr M r Elshoëcht / b. Les mesures du cadre sont : H : 01,30 ; L : 01,10 et profondeur : 00,105.

Données historiques

Historique de l'œuvre
Peints en 1700 à la demande des Bâtiments du roi. Payés 1 200 livres les trois le 12 septembre 1700 (Guiffrey, 1896, IV, p. 618). Le 7 novembre 1700, « Vivien sculpteur », certainement Jacques Vivien, le frère de Joseph,reçut 174 livres pour avoir exécuté et livré les cadres des œuvres (ibid., IV, p. 619). Les trois portraits apparaissent sur l'inventaire des esquisses, tableaux inconnus et copies de tableaux dressé par Nicolas Bailly, garde des Tableaux du roi, en 1709 et 1710, sous les numéros 236 (Un tableau au pastel de Vivien, représentant le portrait de Monseigneur le duc de Bourgogne ; figure comme nature ; ayant de hauteur 3 pieds sur 2 pieds 5 pouces de large ; couvert d'une glace ; dans sa bordure dorée), 237 (Le portrait du roy d'Espagne,lorsqu'il étoit duc d'Anjou ; comme le précédent) et 238 (Le portrait de Monseigneur le duc de Berry ; ayant 3 pieds de haut sur 2 pieds 5 pouces de large ; couvert d'une glace ; dans sa bordure dorée). Ils sont alors conservés à Versailles au Cabinet de la direction des Bâtiments du roi (Engerand, 1899, p. 576). Le portrait du duc de Berry est cité en 1751 et en 1764 par Jacques Bailly parmi les tableaux du Cabinet du roi conservés au palais du Luxembourg sous le numéro 48 puis sous le numéro 55 (p. 15 des deux éditions : Joseph Vivien. Le Portrait de Monsieur le Duc de Berry, peint en pastel. 3 pieds de haut sur 1 pied 6 pouces de large). Les portraits du duc de Bourgogne et du duc de Berry sont inventoriés en 1784 dans les magasins de la Surintendance à Versailles par Louis Jacques Durameau (Inventaire des tableaux du Cabinet du roi, placés à la surintendance des Bâtiments de Sa Majesté à Versailles. Fait en l'année 1784 par ordre de Monsieur le comte d'Angiviller, manuscrit en 3 volumes, Paris,
bibliothèque de l'INHA, III, p. 18, no 230 pour le duc de Bourgogne et no 229 pour le duc de Berry). Les dimensions indiquées à cette occasion (4 pieds 3 pouces de haut sur 5 pieds 3 pouces de large) ne correspondent pas à celles des œuvres. Probablement ont-elles été prises avec les encadrements. Les deux œuvres sont désignées par Durameau comme des hommes en cuirasse sans identification des modèles. Les œuvres sont inscrites par Morel d'Arleux avant 1827 sur l'inventaire général du musée Napoléon devenu Musée royal comme de Vivien pour les numéros 12971 (comme le portrait du duc d'Anjou) et 12972 (comme le portrait du duc de Bourgogne), et comme d'un artiste anonyme pour
le numéro 12932 dont le modèle est identifié à un prince de la famille des Bourbons. Les deux premières œuvres sont localisées à Trianon, la troisième à la Chalcographie impériale (A.N., 1 DD 41, p. 1734 et 1740). Les trois pastels sont à nouveau inscrits en 1832 sur l'inventaire général des musées royaux sous les numéros 12932, 12971 et 12972 (A.N., 1 DD 97,p. 1717 et 1723). Le portrait du duc de Berry a été restauré en 2017 (décadrage, dépoussiérage de la toile de marouflage, élimination des moisissures à l'aide d'un pinceau, consolidation des déchirures, ré encadrement). Probablement avait-il été déjà anciennement restauré car des pigments d'un bleu électrique sont posés sur des auréoles d'humidité en partie basse (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 18, p. 59-63).

Localisation de l'œuvre

Emplacement actuel
Réserve des pastels

L'œuvre est visible sur rendez-vous en salle de consultation des Arts graphiques.

Expositions

- En société. Pastels du musée du Louvre XVIIe-XVIIIe siècles
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 06 juin - 10 septembre 2018
- Pastels du XVIIe siècle
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 16 avril - 12 juin 1996
Organisée par : Musée du Louvre-Département des Arts Graphiques (Paris, France)
- Accrochage de pastels
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 01 août 1994 - 01 février 1995
Organisée par : Musée du Louvre-Département des Arts Graphiques (Paris, France)
- Pastels
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 01 décembre - 31 décembre 1969
Organisée par : Musée du Louvre-Département des Arts Graphiques (Paris, France)
- Fénelon en son temps
Etape :
Archives Nationales, Paris, France - 15 décembre 1951 - 15 janvier 1952
Organisée par : Archives Nationales (Paris, France)
- Deux siècles de l'histoire de France
Etape :
Château de Versailles, Versailles, France - 01 juin - 30 octobre 1937
Organisée par : Château de Versailles (Versailles, France)
- Deux siècles de Gloire militaire 1610-1814
Etape :
Musée des Arts Décoratifs - MAD, Paris, France - 21 mars - 19 avril 1935
Organisée par : Musée des Arts Décoratifs - MAD (Paris, France)
- Notices des dessins placés dans les Galeries du Musée Royal, au Louvre [Ecole française et Ecole du nord]
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France
Organisée par : Musée du Louvre (Paris, France)
Dernière mise à jour le 27.08.2024
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