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Portrait de Jean Restout, peintre (1692-1768).

1746
INV 27616, Recto
Département des Arts graphiques
Numéro d’inventaire
INV 27616, Recto
Anciens numéros d'inventaire :
NIII 30917
Référence de l'inventaire manuscrit :
vol.11, p.326
Collection
Département des Arts graphiques
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
Artiste / Auteur / Ecole / Centre artistique
La Tour, Maurice-Quentin de (1704-1788)
Ecole française

description

Dénomination / Titre
Portrait de Jean Restout, peintre (1692-1768).
Description / Décor
Commentaire :
Morceau de réception à l'Académie Royale de peinture le 24 Septembre 1746. Il est gravé par P. E. Moitte pour sa réception à l'Académie en 1771. Le cuivre est à la Chalcographie du Louvre, n° 2267. (Geneviève Monnier, Inventaire des Collections Publiques Françaises, Pastels des XVIIe et XVIIIe siècles, Musée du Louvre, 1972, n° 63).
Sylvie Martin, Le portrait d'artiste au XVIIIe siècle et la critique de son temps, Histoire de l'Art, n° 5/6, mai 1989, p. 63-74, fig. 1, p. 64.
Ce portrait pastel est en relation avec INV.27619.
Neil Jeffares donne ce pastel à Maurice-Quentin de La Tour, portrait de Jean Restout (1692-1768) (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 302).

Les deux portraits ont fait le tourment de leur auteur. Agréé à l'Académie royale de peinture et de sculpture le 25 mai 1737 sur présentation de plusieurs de ses ouvrages, La Tour avait reçu le 1er juin suivant les portraits de François Lemoyne et de Jean Restout pour sujets de ses deux morceaux de réception. Quelques jours plus tard, le décès de Lemoyne conduisait l'Académie à substituer le portrait de Jean-Baptiste Van Loo, professeur, à celui du Premier peintre disparu. La multiplication des commandes ne permit au pastelliste de remplir partiellement son obligation qu'en 1746, année au cours de laquelle il exposa au Salon le portrait de Restout puis le présenta peu après comme morceau de réception. Lorsqu'il fut montré au public, le pastel fut remarqué par La Font de Saint-Yenne, qui, dans ses Réflexions sur quelques causes de l'état présent de la peinture en France avec un examen des principaux ouvrages exposés au Louvre le mois d'août 1746,écrivit : « Parmi les Pastels de cette année, le Portrait du Sieur Restout fait par le sieur de La Tour pour sa réception à l'Académie, a rassemblé le plus de suffrages. Il [...] s'est bien donné de garde de faire contempler sottement le public à celui qu'il fait dessiner d'après un modèle. Bien des gens auroient souhaité qu'il eût fait entrer ce modèle dans sa composition, et que le Public eût été instruit de ce qu'il regarde avec cette vivacité d'attention qui donne l'âme et la vie à son portrait. On a trouvé cependant l'expression un peu trop forte pour une action aussi tranquille ; elle paroît même chargée. L'on a encore désiré plus d'union dans les chairs du visage dont les touches sont un peu sèches et découpées ; elles auroient pu être mieux fondues sans faire tort à la ressemblance [...]. Toutes les autres parties du Portrait du Sieur Restout, méritent une attention particulière et semblent disputer de vérité avec la nature. L'Etoffe de l'habit, le linge, le portefeuille, tout y est à admirer » (cité par Besnard et Wildenstein,1928, p. 36-37). Le choix de Restout pour modèle de l'un de ses deux morceaux de réception n'avait certainement pas été pour déplaire à La Tour. En 1769, à la suite d'une visite à l'artiste, Diderot avait en effet révélé qu'il lui avait indiqué devoir infiniment aux conseils de Restout, « le seul homme de même talent qui lui ait paru vraiment communicatif ». C'était ce peintre qui lui avait appris à faire tourner une tête et à faire circuler l'air entre la figure et le fond en reflétant le côté éclairé sur le fond, et le fond sur le côté ombré. Que, soit par la faute de Restout, soit par la sienne, « il avait eu toutes les peines du monde à saisir ce principe, malgré sa simplicité », que lorsque le reflet était trop fort ou trop faible, en général, on ne rendait pas la nature, on peignait, que l'on était faible ou dur, et que l'on n'était plus ni vrai, ni harmonieux (ibid., p. 76). Dès 1738, soit près de trente ans auparavant, La Tour avait déjà témoigné de son admiration pour Restout en exposant au Salon son portrait et celui de son épouse. Si Mme Restout paraissait « en coiffure » (no 70 du livret. Aujourd'hui conservé au musée des Beaux-Arts d'Orléans), soit en élégante à la mode du temps, son époux, professeur de l'Académie, dessinait sur un portefeuille et révélait ainsi sa condition d'artiste (no 15 du livret). Loués par le chevalier Jean-Florent Joseph de Noeufville de Brunaubois-Montador pour la vérité de leur ressemblance, les deux œuvres ne formaient peut-être pas pendants, car celui de Mme Restout avait été exposé après coup et ne figurait pas dans la première édition du livret. Si le pastel figurant Restout était celui que La Tour avait à nouveau exposé au Salon de 1746 puis présenté comme unique morceau de réception à l'Académie du 24 septembre 1746, on s'interroge sur la raison qui l'avait fait attendre pour se décider à soumettre son œuvre à la Compagnie. Peut-être voulait-il avoir peint l'effigie de Jean-Baptiste Van Loo avant de montrer ensemble les deux portraits ainsi que le voulait la règle. Mais craignant de n'être jamais reçu, il s'était finalement résolu près de dix ans après en avoir reçu l'ordre d'exécution à présenter la seule effigie de Restout afin de temporiser avec les membres de la Compagnie. Offert à l'Académie, le pastel est en tout état de cause le seul aujourd'hui conservé figurant Restout dessinant sur un portefeuille. Il a donc toutes les chances d'être celui qui avait été exposé en 1738 et en 1746. Le 31 octobre 1750, n'ayant toujours pas peint le second portrait demandé par l'Académie et cependant désireux d'être nommé conseiller au sein de la prestigieuse assemblée, le pastelliste prenait finalement la décision de proposer le portrait de Dumont le Romain comme autre morceau de réception. L'œuvre donnait à son tour toute satisfaction et permettait au maître d'accéder le 27 mars 1751 au rang de conseiller. Elle avait été peinte en 1748 ou peu avant, année au cours de laquelle elle avait été elle aussi exposée au Salon (no 89 ter), suscitant par son feu, sa vie, sa force de pinceau et sa vérité dans les étoffes l'éloge de l'auteur anonyme des Observations sur les arts et sur quelques morceaux de peinture et de sculpture exposés au Louvre en 1748, peut-être Saint-Yves, et l'admiration de Louis Guillaume Baillet de Saint-Julien qui y reconnaissait l'un des plus parfaits morceaux de ce brillant auteur (Réflexions sur quelques circonstances présentes, contenant deux lettres sur l'Exposition des tableaux du Louvre en 1748 à M. le comte de R****, et une autre à M. de Voltaire au sujet de sa tragédie de « Semiramis »). Il semble que le choix fait par La Tour de donner le second portrait ait été prémédité puisqu'il l'avait peint aux dimensions de celui figurant Restout. L'assemblage à joints couvrants des quatre feuilles de papier bleu de formes irrégulières ne témoigne en effet d'aucun agrandissement qui aurait été postérieur à 1748 afin de mettre en adéquation les deux pastels. Soigneusement élaborée à l'aide d'une préparation aujourd'hui conservée au musée de Cleveland (fig. 36,John L. Severance Fund. CMA 83.89), l'effigie de Dumont demeura à l'Académie avec celle de Restout pendant plusieurs années. Elles constituèrent toutes deux les modèles d'estampes,le portrait de Dumont ayant été gravé par Jean-Jacques Flipart, et celui de Restout par Pierre Étienne Moitte pour sa réception à l'Académie en 1771. Peu après la mort de Restout en 1768, Maurice Quentin de La Tour fit part de son souhait de pouvoir améliorer les deux œuvres. L'Académie l'y autorisa et le maître se mit au travail. Entre le 5 mars et le 14 avril 1770, il écrivait à son amie Belle de Zuylen : « Mademoiselle,Accablé de projets qui se heurtent et se croisent, d'embarras qui se multiplient, je ne say le plus souvent que devenir ; quelque dissipation que je prenne, mes torts me suivent partout, et je passe mes jours à ne rien faire de ce que devrois et voudrois [...] Toujours occupé de perfection en tout genre [...], je m'oublie comme un atôme dans l'espace de l'univers. Je devrois être dégouté de ce zèle de perfection puisqu'il m'a fait gâter tant d'ouvrages. [...] Cette perfection est au dessous de l'humanité, je l'éprouve actuellement : j'ay sur le chevallet le portrait de feu M. Restout, fait et donné à l'Académie en 1744 [sic] ; j'ay voulu depuis sa mort lui témoigner ma reconnaissance des grands principes de peinture qu'il m'a communiqué, en remaniant cet ouvrage. Après avoir fait cent changemens, on me dit : "Quel dommage !" Il y avoit un mouvement qui se communiquoit à ceux que le voyoient. Je suis encore après et ay changé jusqu'à ce tour ; je ne puis dire quand il sera fini. » Il ajoutait également ce postscriptum : « Me flattant toujours pouvoir vous annoncer que mes tourments alloient finir, j'ay différé d'achever ce barbouillage d'écritures; les regrets de l'Académie m'obligent de tacher de remettre le portrait de M. Restout à peu près comme il étoit. Voilà bien du temps perdu et des efforts in vanum. Mieux que bien est terrible ! On ne se corrige pas, puisque j'ay tombé dans le cas plus de cent fois » (cité par Besnard et Wildenstein, 1928, p. 78-79). Dès l'année précédente, en 1769, Diderot s'était fait le témoin des affres que connaissait l'artiste dans sa tentative pour améliorer son œuvre. Après sa visite du Salon, il était passé chez l'artiste et l'avait trouvé « payant un tribut à la mémoire de Restout dont il peignait le portrait d'après un autre de lui dont il n'était pas satisfait ». Le pastelliste lui avait alors déclaré : « Oh ! le beau jeu que je joue ! Je ne saurais que gagner. Si je ne réussis pas, il me restera celui de mon ami » (ibid., p. 76). La lettre adressée quelques mois plus tard à son amie hollandaise soulignait l'échec. La Tour avait ruiné son œuvre et malgré ses efforts avait dû la restituer endommagée à l'Académie, conservant pour lui-même, ainsi que le révélait Diderot, une reprise du visage de Restout, sans doute celle encore conservée dans le fonds d'atelier de l'artiste à Saint-Quentin, où l'on a régulièrement reconnu une préparation pour le portrait plutôt qu'une réplique (fig. 37. Musée Antoine-Lécuyer. Inv. LT8). Sa tentative avec le portrait de Dumont le Romain n'avait pas non plus été couronnée de succès. Dans l'inventaire de la collection de l'Académie dressé fin 1793, Naigeon l'aîné et Jean-Baptiste Le Brun écrivaient de manière laconique : « deux tableaux perdus par l'auteur qui, trop vieux, voulut les retoucher ». Les états de surface, tout comme le raboutage de multiples morceaux de papier collés dans tous les sens pour retoucher le portrait de Restout,exemple unique dans tout l'œuvre de La Tour de ce type d'assemblage, témoignent encore aujourd'hui de ce terrible échec (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 84, p.168-171).

neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 84/85.

Caractéristiques matérielles

Dimensions
H. 1,08 m ; L. 0,895 m
Matière et technique
Pastel sur plus de treize feuilles de papier bleu raboutées à joint couvrants (dont un empiècement pour tout le bras droit) marouflées sur une toile tendue sur châssis. Les mesures du cadre sont : H : 00,127 ; L : 00,108 et profondeur : 00,12. Pastel et cadre restaurés en 2004

Lieux et dates

Date de création / fabrication
1746

Données historiques

Historique de l'œuvre
Morceau de réception à l'Académie royale de peinture et de sculpture soumis le 24 septembre 1746 après avoir été peu auparavant exposé au Salon (no 124 : Quatre portraits au pastel sous le même numéro). Collection de l'Académie au premier étage du palais du Louvre. Repris par La Tour entre 1768 et 1770 afin d'être retouché. Saisie révolutionnaire, 9 décembre 1793 (A.N., F17 1267, dossier 14, no 652). Signalé à cette occasion, avec le portrait de Dumont le Romain, comme « perdus par l'auteur même ». Intégré dans les collections du Louvre. Restauré en septembre 2004 (décadrage, dépoussiérage de la toile de marouflage, réencadrement avec rehausses en balsa collées sur le verre, remplacement du panneau de protection au verso de l'œuvre par un carton neutre et un contreplaqué).

Localisation de l'œuvre

Emplacement actuel
Réserve des pastels

L'œuvre est visible sur rendez-vous en salle de consultation des Arts graphiques.

Expositions

- En société. Pastels du musée du Louvre XVIIe-XVIIIe siècles
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 06 juin - 10 septembre 2018
- Pastels de Maurice-Quentin Delatour
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 15 septembre 2004 - 09 mai 2005
Organisée par : Musée du Louvre-Département des Arts Graphiques (Paris, France)
- Le Pastel de l'Académie royale de peinture et sculpture
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 01 mars - 27 novembre 2002
Organisée par : Musée du Louvre-Département des Arts Graphiques (Paris, France)
- Pastels, Les Morceaux de Réception
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 16 juin - 18 décembre 2000
Organisée par : Musée du Louvre-Département des Arts Graphiques (Paris, France)
- Accrochage de pastels
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 01 août 1994 - 01 février 1995
Organisée par : Musée du Louvre-Département des Arts Graphiques (Paris, France)
- Exposition des pastels de M.Q. de la Tour (1704-1788) appartenant au Musée de Saint-Quentin et au Musée du Louvre
Etape :
Musée national de l'Orangerie des Tuileries, Paris, France - 12 août - 25 septembre 1930
Organisée par : Musée national de l'Orangerie des Tuileries (Paris, France)
Dernière mise à jour le 04.11.2021
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