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Le Christ aux limbes

1512
Raimondi, Marcantonio, gravé par
4120 LR/ Recto
Département des Arts graphiques
Numéro d’inventaire
4120 LR/ Recto
Anciens numéros d'inventaire :
18482
Référence de l'inventaire manuscrit :
vol.3, p.6
Collection
Département des Arts graphiques
Collection Edmond de Rothschild
Artiste / Auteur / Ecole / Centre artistique
Raimondi, Marcantonio (Vers 1480-vers 1530), gravé par
Ecole bolonaise

description

Dénomination / Titre
Le Christ aux limbes
Description / Décor
Commentaire :
« Les dix dessins sur papier préparé attribués à Altdorfer, datés de 1512, qui nous sont parvenus témoignent de l'importance de cette technique dans son activité artistique au début des années 1510. Le Christ aux limbes en fait partie. Les minutieux rehauts de blanc sur les corps et dans les airs, sous la forme de volutes nerveuses, l'apparentent à La Crucifixion1 de la même année ou au Martyre de saint Sébastien2 de 1511, tous deux conservés à Brunswick. La technique du papier préparé, tout en contraste, et le style rapide et tourbillonnant d'Altdorfer donnent à la scène une atmosphère fantomatique, quasi apocalyptique, qui évoque la résurrection des corps lors du Jugement dernier. L'artiste s'est inspiré de plusieurs estampes sur le même thème, deux d'après Mantegna3et une autre par Marcantonio Raimondi, exécutée du temps où il était encore en apprentissage à Bologne chez Francia. On ne connaît pas de tableau ni de dessin de Francia sur le thème du Christ aux limbes, mais la tête d'Adam doucement inclinée, ainsi que sa pose, en léger contrapposto, sont assez semblables a celles du Christ dans la peinture du Baptême du Christ4 exécutée en1490-1500, ou aux personnages masculins juvéniles du tableau de la Nativité, Enfance et Passion du Christ avec saint Augustin, daté de1507-15085.Bien que souvent citées comme source d'inspiration pour Altdorfer, les deux estampes d'après Mantegna ne se rapprochent que superficiellement du dessin de 1512. Certes, on retrouve quasiment les mêmes personnages dans chacune d'elles, Dismas tenant la croix, Adam, Eve et le Christ vu de dos, mais en réalité l'esprit du dessin d'Altdorfer diffère considérablement des compositions mantégnesques. C'est bien plus du burin de Raimondi qu'Altdorfer choisit de s'inspirer :il en retient l'idée originale consistant à représenter le Christ non pas en sauveur, franchissant les portes brisées des Enfers, mais en arrêt, se tournant vers Adam qui le regarde et l'écoute attentivement. A la différence de Raimondi, Altdorfer choisit de représenter le Christ nu, sans doute pour plus de vraisemblance théologique, et parce que la représentation de la nudité est sans conteste le sujet principal de son dessin. A l'évidence, c'est le groupe constitué par le Christ, Adam et Dismas dans l'estampe de Raimondi qui intéresse Altdorfer. Le burin met en valeur Dismas, considéré dans l'exégèse médiévale comme une figure d'intercession et un modèle pour le fidèle. Parce que ce larron s'est repenti sur la croix et a reconnu le Christ comme le vrai Dieu, Jésus le choisit pour l'accompagner aux limbes et délivrer les patriarches de l'Enfer. Plus encore que dans l'estampe de Raimondi, Altdorfer insiste sur la relation entre Adam et Dismas avec le geste explicite du Christ, qui bénit et pointe du doigt Dismas en regardant Adam. Dismas est en effet l'anti type d'Adam et, de ce fait, la disposition sur la feuille des deux personnages, l'un de face, l'autre de dos, traduit parfaitement cette opposition. Par sa fi ne connaissance des sources italiennes, parmi lesquelles le burin de Raimondi, qui n'est antérieur que de quelques années lorsqu'il s'en inspire, et par la réflexion théologique autour de la figure de Dismas, Altdorfer offre au thème du Christ aux limbes un renouveau iconographique et conceptuel inédit dans la sphère artistique germanique.
(1. Winzinger 1952, no 44. 2. Winzinger 1952, no 26. 3. Bartsch 1803-1821, XIII, p. 230, no 5, vers 1470-1475, et Ibid., XIII, p. 242, no 1, vers 1490. Voir Londres et New York 1992, p. 258 sq. pour le dossier consacré a la Descente aux limbes par et d'après Mantegna. 4. Hampton Court, inv. 456. Negro 1998, no 21. 5. Bologne, Pinacoteca Nazionale, inv. N. 570. Negro 1998, no 62.)» (S. Lepape, 2020).

Bibliographie :
A. Bartsch, 'Le Peintre graveur', 1803-1821, XIV, p. 46-47, no 41
H. Delaborde, 'Marc-Antoine Raimondi, étude historique et critique, suivie d'un catalogue raisonné des oeuvres du maître', Paris, 1888, no 21
K. Oberhuber, 'The Illustrated Bartsch, t. 26-27 : The Works of Marcantonio Raimondi and his School', New York, 1978, no 41.
S. Lepape in 'Albrecht Altdorfer. Maître de la Renaissance allemande', Hélène Grollemund, Olivia Savatier Sjöholm, Séverine Lepape, cat. exp. Paris, musée du Louvre, 1er octobre 2020 - 4 janvier 2021, Paris, 2020, n° 5b, pp. 56-57, repr. p. 57

Caractéristiques matérielles

Dimensions
Dimensions à la feuille : H. 0,211 m ; L. 0,168 m
Dimensions au trait carré : H. 0,211 m ; L. 0,168 m
Matière et technique
Burin
H. 21,1 ; L. 16,8 cm
Signé en bas au milieu : MAF

Lieux et dates

Date de création / fabrication
1512

Données historiques

Historique de l'œuvre
Œuvre conservée dans le portefeuille n°174 du baron Edmond de Rothschild jusqu'en 2018.
Détenteur précédent / commanditaire / dédicataire
Dernière provenance : Rothschild, baron Edmond de
Mode d’acquisition
don
Date d’acquisition
1935

Localisation de l'œuvre

Emplacement actuel
Réserve Edmond de Rothschild, petit format

L'œuvre est visible sur rendez-vous en salle de consultation des Arts graphiques.

Index

Personnes
Techniques

Expositions

- Albrecht Altdorfer. Maître de la Renaissance allemande
Etape :
Musée du Louvre, Paris, France - 01 octobre 2020 - 08 mars 2021
Dernière mise à jour le 25.08.2023
Le contenu de cette notice ne reflète pas nécessairement le dernier état des connaissances