Numéro principal : INV 3691
Autre numéro d'inventaire : L 3710

Département des Peintures

David, Jacques-Louis (Paris, 1748 - Bruxelles, 1825)
France École de

Titre : Les Sabines

"Le moment est celui où le combat entre les Romains et les Sabins est interrompu par la présence des Sabines. L'enlèvement des Sabines par les Romains ayant donné lieu à une guerre contre les ravisseurs, de la part des Sabins et des autres peuples offensés, Romulus, roi de Rome, les défit tous. Cependant Tatius, roi de Cures, prit les armes avec plus de succès, et s'empara de la citadelle de Rome. Le lendemain l'armée des Romains ayant livré bataille, fut mise en déroute ; mais Romulus, après avoir imploré le secours de Jupiter Stator, rallia les troupes, et mit en fuite, avec son armée, Tatius, qui revient à la tête, et rétablit le combat. Mais les Romains conservaient toujours l'avantage, quand tout à coup Hersilie, femme de Romulus, et avec elle les autres Sabines dont l'enlèvement avait causé cette guerre, les cheveux épars, et leurs vêtements en désordre, oubliant la timidité naturelle à leur sexe, tout hors d'elles-mêmes, et poussant des cris lamentables, se jettent à corps perdu à travers les lances et les glaives de leurs maris et de leurs pères acharnés l'un contre l'autre, et s'efforcent d'arrêter l'effusion de sang prêt à couler encore. Romulus va lancer son javelot sur Tatius, qui, à demi incliné, le regard fixé sur son adversaire, attend le coup du fils de Mars, et épie l'instant où il pourra riposter avec succès. Mais Hersilie, suppliante, se précipite entre les deux combattants, et cherche à arrêter les coups près de partir de leurs mains ; ses larmes et ses prières s'adressent surtout à son époux. Plus loin, une mère échevelée s'élance sur un débris d'architecture ; aveugle dans sa douleur, elle lève son enfant, encore à la mamelle, au milieu des javelots en arrêt, et l'expose ainsi à la fureur des soldats. Son cri est celui du désespoir. Une belle Sabine, à genoux, les cheveux épars, livrée à la douleur la plus profonde, s'est élancée au milieu de la mêlée, elle a déposé aux pieds des combattants ses trois enfants. Une grand-mère, qui a apporté un petit enfant encore à la mamelle, qui suce son doigt sans s'effrayer du bruit de cette scène sanglante, découvre sa poitrine, et semble dire : Frappez-moi plutôt que ma famille. Cependant Romulus est ému par les larmes et les discours d'Hersilie. La fureur des soldats se calme aux cris perçants de leurs femmes et de leurs enfants, et l'on voit, par une espèce d'enchantement, les capitaines de chaque armée suspendre les coups, et arrêter d'un seul geste l'ébranlement redoutable d'une forêt de lances et de javelots près de porter la mort dans les rangs de l'un et l'autre parti. Enfin la suspension est proclamée ; la terreur fuit, le tumulte cesse, et un vieux commandant de l'armée romaine signale la paix en remettant son sabre dans son fourreau. La scène se passe au pied des remparts de Rome, près de la roche Tarpéienne, que l'on aperçoit dans le fond. Parmi les enseignes des Romains on remarque la louve, et une botte de foin, attachée à une lance, qui était une des premières enseignes de ce peuple". [extrait de la notice de l'oeuvre dans le catalogue du musée du Luxembourg, Paris, P. Didot l'aîné, 1820].

Signature :
"David fbat anno 1799". (en bas vers la gauche, sur un fragment de pierre, entre les jambes de Tatius)

Hauteur : 3,85 m ; Largeur : 5,22 m

huile sur toile

4e quart du XVIIIe siècle (1799)

Entrepris en dehors de toute commande privée ou publique, ce projet est certainement né durant la captivité de David au Luxembourg en septembre 1794, mais il ne reprend le travail qu’à l’automne 1795 ; le 8 février 1796 il est autorisé par le ministre de l’intérieur Pierre Bénézech (1749-1802) à occuper un des ateliers de restauration du musée du Louvre pour réaliser son tableau ; le tableau est achevé à l’automne 1799 et présenté devant un vaste miroir dans l’ancienne salle de réunion de l’Académie d’Architecture, du côté de la future rue de Rivoli, mise à disposition par le musée sur décision du ministre de l’Intérieur François de Neufchâteau (1750-1828) (son cadre réalisé par le sculpteur Alexandre pour 4 000 francs est payé par l’administration du musée) ; l’exposition payante ouvre le 21 décembre 1799 avec un tarif d’entrée de 1,80 francs ; fermeture de l’exposition et transfert du tableau en mai 1805 dans le nouvel atelier de David dans la chapelle de l’ancien collège de Cluny, place de la Sorbonne ; déplacé temporairement au Musée Napoléon vers le 20 août 1810 pour y être présenté dans l’exposition du concours des Prix décennaux (du 25 août 1810 à octobre 1810) ; vendu par l’artiste (vente simulée) à Jean-Louis Delahaye l’Aîné, chargé d’affaires et fondé de pouvoir de l’artiste, le 27 novembre 1819, ensemble avec les « Léonidas aux Thermopyles » (cat. 00) au prix global de 100 000 francs ; acheté à Jean-Louis Delahaye par le ministère de la Maison du roi, ensemble avec « Léonidas aux Thermopyles », au prix global de 100 000 francs (50 000 francs par tableau) sur décision du roi Louis XVIII, le 11 décembre 1819 (contrat de vente signé le 26 janvier 1820) ; payé en trois versements égaux en janvier 1820, janvier 1821 et janvier 1822 ; déplacé de la chapelle du collège de Cluny au musée du Luxembourg, le 16 décembre 1819 ; présenté au musée du Luxembourg de mars 1820 à décembre 1824 au moins (absent du catalogue du musée du Luxembourg publié le 1er mars 1825) ; déplacé du musée du Luxembourg au musée du Louvre le 7 janvier 1826 (avec « Léonidas aux Thermopyles ») ; présenté au musée royal des arts (Louvre) à partir de mars 1826, dans le Salon carré ; réinventorié « INV. 3691 » par le conservateur Frédéric Villot, entre 1852 et 1860 ; mis en sécurité pendant la Seconde Guerre mondiale au château de Louvigny puis au château de Sourches (Saint-Symphorien, Sarthe) ; rentré du château de Sourches au musée du Louvre le 8 juin 1946 ; présenté en salle Daru d’octobre 1949 à 1969, puis en salle Mollien de 1969 à 1994, puis en salle Daru depuis 1994.

entrée - Collection de Louis XVIII

date : 11/12/1819

Etat

Musée du Louvre, Département des Peintures

entrée - Collection de Louis XVIII