Costume d'Amour pour un enfant

3036 DR/ Recto
vol.1, p.14

Département des Arts graphiques
Collection Edmond de Rothschild

GISSEY Henri (1621-1673)
Ecole française
(Bouffard, Mickaël, 2021)

Costume d'Amour pour un enfant
Costumes des Fêtes, Mascarades. Théâtres, etc., de Louis XIV

Dessin

Les amours sont nombreux dans les ballets de cour et l'on faisait souvent appel à de jeunes garçons pour les incarner. La participation des enfants était commune, bien que minoritaire, mêlant fils d'aristocrates et de notables avec enfants et petits frères de baladins professionnels. On leur réservait des rôles tirant profit de leur petite taille et de leur gentillesse : nains, oiseaux, singes, gouttes de Mercure, minutes, zéphyrs et cupidons ailés. Une telle abondance de petits anges rend difficile l'identification du ballet, même si l'on peut citer quelques possibilités au cours de la période d'activité de Gissey (vers 1660-1673), tel Favier le fils (Bernard Henri ou Jean) dans le Ballet royal de la naissance de Vénus (1665). Il pourrait aussi s'agir du petit Jules du Pin, « qui de l'Amour portait les ailes », âgé de six ou sept ans, selon le gazetier Loret, et fils de l'aide des Cérémonies à la Cour (Loret, éd. 1877-1878, III, lettre du 25 février 1661). Il dansa en effet avec les Muses l'entrée finale du Ballet des Saisons (1661) et avait été remarqué la même année dans son rôle de chouette du Ballet de l'impatience, ce que ne manque pas de rappeler Benserade : « J'étais chouette et suis l'Amour, Ce sont deux oiseaux célèbres Qui tous deux craignent le grand jour, Et n'aiment que les ténèbres ».
Un menton légèrement en fossette et un grain de beauté sur la joue sont des habitudes stylistiques de Gissey, de même que cette façon si particulière d'esquisser un soulier à bout carré en quelques traits. L'artiste montre ici un bel exemple d'application de 'la règle de la convenance des habits' (Menestrier, 1682, p. 256), en parant Amour de ses attributs emblématiques : arc, carquois, flèches, cœurs ailés et enflammés en pendeloques et bandeau (pour marquer qu'Amour est aveugle). Les annotations tronquées laissent supposer l'utilisation de gaze bordée d'une frange incarnate et ornée de nœuds de même couleur. De petits bracelets de cœurs aux poignets et aux jarretières servent à camoufler l'ourlet des « manches serrées » et des caleçons couleur chair, artifice habituel pour donner l'impression de la nudité des putti de la peinture sans choquer les bienséances. Les ailes, dont la pierre noire révèle une hésitation quant à la forme, étaient l'ouvrage de plumassiers, comme on en voit dans les trophées d'« ustensiles » de Berain (1762 DR) (M. Bouffard dans « En scène! Dessins de costumes de la collection Edmond de Rothschild », cat. expo Paris, musée du Louvre, du 27 octobre 2021 au 31 janvier 2022, sous la direction de Mickaël Bouffard, Victoria Fernández Masaguer et Jérôme de La Gorce, éditions Liénart et musée du Louvre, 2021, p. 36, 112-113, cat. 28)

H. 0,211 m ; L. 0,147 m

Plume et encres noire et grise, lavis gris sur une esquisse à la pierre noire.
Annotations tronquées, à l'encre noire, à droite : bra[...] / in[carnat] / g[aze] / fran[ge] / inc[arnat ] / pe[ndeloque ?].
Filigrane à la grappe de raisins surmontée des initiales NA et d'une fleur de lys.
Au verso : tête retracée à la pierre noire visiblee par transparence.

Années 1660

Claude Pioche sieur du Rondray (1660/1665 -1733) (?), Paris, mars 1733 ; Gilbert Paignon-Dijonval (?) (1708-1792), 1810 ; Charles-Gilbert, vicomte de Morel-Vindé (?), sa vente, Londres, 1819 ; Samuel Woodburn (?), Londres ; Paul et Dominic Colnaghi (?), Londres ; acquis par Auguste Danlos pour Edmond de Rothschild en août 1889, 6900 francs ; don au musée du Louvre en 1935.

Dernière provenance : Rothschild, baron Edmond de

don

1935

Benserade, Isaac de + - Favier, Jean+ - Favier, Bernard Henri+ - Pin, Jules du+

Amour - costume de ballet

encre noire - encre grise - lavis gris - plume - esquisse à la pierre noire