Numéro d’inventaire
Numéro principal : RF 2008 56
Collection
Artiste / Auteur / Ecole / Centre artistique
Le Nain, Antoine
(Laon, 1600 à 1610 - Paris, 1648)
Le Nain, Louis (Laon, vers 1593 - Paris, 23/05/1648), ?
France École de
Le Nain, Mathieu (Laon, 1593/1607 - Paris, 1677)
Le Nain, Louis (Laon, vers 1593 - Paris, 23/05/1648), ?
France École de
Le Nain, Mathieu (Laon, 1593/1607 - Paris, 1677)
description
Dénomination / Titre
Titre : Le Reniement de saint Pierre
Description / Décor
Inscriptions
Signature :
S. b. g. : Lenain fecit.
S. b. g. : Lenain fecit.
Caractéristiques matérielles
Dimensions
Hauteur : 0,95 m ; Largeur : 1,22 m
Matière et technique
huile sur toile
Lieux et dates
Date de création / fabrication
Milieu du XVIIe siècle (vers 1655)
Données historiques
Historique de l'œuvre
Historique
Probablement donné par l’Académie royale de peinture et de sculpture au cardinal Mazarin (1602-1661), le 4 mars 1656, et inventorié ensuite dans la collection Mazarin (inventaire de 1661, no 1055). – Découvert à Lunéville, 2000 ; vente Nancy, hôtel des ventes Nabécor, 19 mars 2000 (s. n.) ; acquis à cette vente par
Charles Bailly, antiquaire, Paris ; acquis de ce dernier par le Louvre en 2008 grâce au mécénat de la société AXA.
Commentaire
Découvert dans un grenier à Lunéville, Le Reniement de saint Pierre a tout de suite suscité plusieurs articles de presse, avant même la vente aux enchères à Nancy, le 19 mars 2008, dont il a été la vedette. Vendu comme « école lorraine du xviie siècle », il est acquis par le marchand Charles Bailly, alors que son estimation à 100 000 francs s’est envolée à 8,3 millions. Classé Trésor national, il entre finalement au Louvre en 2008 grâce au mécénat de la société AXA. Il a été rapproché du
tableau donné au cardinal Mazarin par l’Académie royale de peinture le 4 mars 1656, un « Saint Pierre de défunt Matthieu », qui figure ensuite dans l’inventaire Mazarin en 1661, sans attribution : « Un autre [tableau] fait sur toile représentant saint Pierre entre deux soldats et une servante » ; les dimensions correspondent à celles du tableau du Louvre : « haut de deux pieds dix pouces et trois pieds neuf pouces de large », soit 92 × 121,5 cm. Il est prisé 45 livres. À cause de la
mention « de défunt Matthieu », Le Reniement de saint Pierre a été attribué à Louis ou à Antoine. Nous pensons au contraire que la facture est caractéristique de Mathieu. D’abord à cause des chairs, avec cette touche dense, chargée, vibrante, multipliant les accents ocres tirant sur le rouge. Ensuite à cause du type des mains aux doigts souples et trop allongés. L’aspect des visages est aussi typique de Mathieu, notamment celui du soldat de droite au front et aux joues ombrées
autour du nez, principe que l’on retrouve dans L’Annonciation du musée Rolin à Autun ou dans La Vierge au verre de vin du musée des Beaux-Arts de Rennes. Soulignons encore les draperies molles, peintes de pratique, les cheveux, séparés en mèches filandreuses. Le coloris est restreint, avec quelques touches isolées de rouge dans l’armure et l’habit du soldat de droite, et surtout cette plage intense de bleu sur l’épaule de saint Pierre, constituée de lapis-lazuli par dessus une
couche d’indigo. Le visage qui émerge de l’ombre, baigné d’une lumière rouge, est saisissant. C’est un principe que l’on retrouve dans les Joueurs de cartes d’Aix-en-Provence, mais également dans les Quatre personnages à table de Louis, conservées à la National Gallery à Londres. La composition peut être rapprochée de La Vierge au verre de vin, avec ce clair-obscur prononcé, le cadrage à mi-corps et le déroulement en frise. Elle s’inscrit dans une période caravagesque de Mathieu, au
début des années 1650. Quant à la mention ancienne « peint par le défunt M. Le Brun », il y a deux explications possibles. Soit Le Reniement n’est pas celui donné à Mazarin en 1656, ce qui est concevable à cause du sujet très commun et des dimensions standard de la toile ; soit Mathieu l’a donné à l’Académie royale peu de temps avant qu’il soit présenté à Mazarin en le faisant passer pour une composition d’un de ses frères défunts. La radiographie a révélé que Le Reniement de saint
Pierre est peint avec une couche très mince par-dessus un portrait de femme disposé dans le sens de la hauteur. Celui-ci est peint sur une troisième composition difficile à distinguer. Les guirlandes de tension visibles à la radiographie sur les quatre bords démontrent que le tableau n’a pas changé sensiblement de format. L’oeuvre a été peinte sur une double préparation : couche profonde rouge à base de carbonate de calcium surmontée d’une couche grise au blanc de plomb et noir de carbone.
Probablement donné par l’Académie royale de peinture et de sculpture au cardinal Mazarin (1602-1661), le 4 mars 1656, et inventorié ensuite dans la collection Mazarin (inventaire de 1661, no 1055). – Découvert à Lunéville, 2000 ; vente Nancy, hôtel des ventes Nabécor, 19 mars 2000 (s. n.) ; acquis à cette vente par
Charles Bailly, antiquaire, Paris ; acquis de ce dernier par le Louvre en 2008 grâce au mécénat de la société AXA.
Commentaire
Découvert dans un grenier à Lunéville, Le Reniement de saint Pierre a tout de suite suscité plusieurs articles de presse, avant même la vente aux enchères à Nancy, le 19 mars 2008, dont il a été la vedette. Vendu comme « école lorraine du xviie siècle », il est acquis par le marchand Charles Bailly, alors que son estimation à 100 000 francs s’est envolée à 8,3 millions. Classé Trésor national, il entre finalement au Louvre en 2008 grâce au mécénat de la société AXA. Il a été rapproché du
tableau donné au cardinal Mazarin par l’Académie royale de peinture le 4 mars 1656, un « Saint Pierre de défunt Matthieu », qui figure ensuite dans l’inventaire Mazarin en 1661, sans attribution : « Un autre [tableau] fait sur toile représentant saint Pierre entre deux soldats et une servante » ; les dimensions correspondent à celles du tableau du Louvre : « haut de deux pieds dix pouces et trois pieds neuf pouces de large », soit 92 × 121,5 cm. Il est prisé 45 livres. À cause de la
mention « de défunt Matthieu », Le Reniement de saint Pierre a été attribué à Louis ou à Antoine. Nous pensons au contraire que la facture est caractéristique de Mathieu. D’abord à cause des chairs, avec cette touche dense, chargée, vibrante, multipliant les accents ocres tirant sur le rouge. Ensuite à cause du type des mains aux doigts souples et trop allongés. L’aspect des visages est aussi typique de Mathieu, notamment celui du soldat de droite au front et aux joues ombrées
autour du nez, principe que l’on retrouve dans L’Annonciation du musée Rolin à Autun ou dans La Vierge au verre de vin du musée des Beaux-Arts de Rennes. Soulignons encore les draperies molles, peintes de pratique, les cheveux, séparés en mèches filandreuses. Le coloris est restreint, avec quelques touches isolées de rouge dans l’armure et l’habit du soldat de droite, et surtout cette plage intense de bleu sur l’épaule de saint Pierre, constituée de lapis-lazuli par dessus une
couche d’indigo. Le visage qui émerge de l’ombre, baigné d’une lumière rouge, est saisissant. C’est un principe que l’on retrouve dans les Joueurs de cartes d’Aix-en-Provence, mais également dans les Quatre personnages à table de Louis, conservées à la National Gallery à Londres. La composition peut être rapprochée de La Vierge au verre de vin, avec ce clair-obscur prononcé, le cadrage à mi-corps et le déroulement en frise. Elle s’inscrit dans une période caravagesque de Mathieu, au
début des années 1650. Quant à la mention ancienne « peint par le défunt M. Le Brun », il y a deux explications possibles. Soit Le Reniement n’est pas celui donné à Mazarin en 1656, ce qui est concevable à cause du sujet très commun et des dimensions standard de la toile ; soit Mathieu l’a donné à l’Académie royale peu de temps avant qu’il soit présenté à Mazarin en le faisant passer pour une composition d’un de ses frères défunts. La radiographie a révélé que Le Reniement de saint
Pierre est peint avec une couche très mince par-dessus un portrait de femme disposé dans le sens de la hauteur. Celui-ci est peint sur une troisième composition difficile à distinguer. Les guirlandes de tension visibles à la radiographie sur les quatre bords démontrent que le tableau n’a pas changé sensiblement de format. L’oeuvre a été peinte sur une double préparation : couche profonde rouge à base de carbonate de calcium surmontée d’une couche grise au blanc de plomb et noir de carbone.
Détenteur précédent / commanditaire / dédicataire
Académie royale de Peinture et de Sculpture, 1648
M. Mazarin, Jules, 1656
Nabécor, Maison de vente, Nancy, 19 mars 2000 (Nicolas Leroy, commissaire-priseur)
Galerie Charles Bailly, Antiquaire / Marchand d'art, 2000
M. Mazarin, Jules, 1656
Nabécor, Maison de vente, Nancy, 19 mars 2000 (Nicolas Leroy, commissaire-priseur)
Galerie Charles Bailly, Antiquaire / Marchand d'art, 2000
Mode d’acquisition
mécénat d'entreprise
Date d’acquisition
date de comité/commission : 23/12/2008
date de l'arrêté/décision : 23/12/2008
date de l'arrêté/décision : 23/12/2008
Propriétaire
Etat
Affectataire
Musée du Louvre, Département des Peintures
Localisation de l'œuvre
Emplacement actuel
Sully, [Peint] Salle 912 - Georges de La Tour et Les frères Le Nain, Salle 912 - Les frères Le Nain
Index
Mode d'acquisition
Bibliographie
- Milovanovic, Nicolas, Peintures françaises du XVIIe du musée du Louvre, Editions Gallimard / Musée du Louvre Editions, 2021, p. 135, ill.coul., n°277
- Piralla-Heng Vong, Luc ; Milovanovic, Nicolas (dir.), Le mystère Le Nain, cat. exp. (Lens, musée du Louvre-Lens, 22 mars - 26 juin 2017), Paris, LIENART/ Louvre-Lens, 2017, p. 280-283, cat. 48
- Lemoine, Annick ; Christiansen, Keith (dir.), Valentin de Boulogne. Réinventer Caravage, cat. exp. (Paris, musée du Louvre, 22 février-22 mai 2017), Paris, Musée du Louvre/Officina Libraria, 2017, p. 78
- Lemoine, Annick ; Christiansen, Keith (dir.), Valentin de Boulogne: Beyond Caravaggio, cat. exp. (New-York, The Metropolitan Museum of Art, 7 octobre 2016 - 16 janvier 2017), New Haven, Yale University Press, 2016, p. 66
- Cuzin, Jean-Pierre, « Le Nain, tout court », Revue de l'art, 2016-3, 2016, 45-56, p. 52, 54
- Salomon, Xavier F., « The Brothers Le Nain. Forth Worth and San Francisco », The Burlington Magazine, 158, 2016, août, p. 675-677, p. 677, n° 15
- Loyrette, Henri (dir.), La recherche au musée du Louvre, 2010, Paris/Milan, Musée du Louvre/Officina Libraria, 2011, p. 219
- Laveissière, Sylvain, « Un nouveau tableau des Le Nain au Louvre: Le Reniement de saint Pierre », La Revue des musées de France. Revue du Louvre, 1, Février 2010, p. 9-11, p. 9-11, fig. 1 (coul.), fig. 2 (détail)
- Rosenberg, Pierre, Tout l'oeuvre peint des Le Nain, Les Classiques de l'Art, Paris, Flammarion, 1993, p. 97
- The Brothers Le Nain. Painters of seventeenth-century France, cat. exp. (Fort Worth, Kimbell Art Museum, 22/05-11/09/2016 / San Francisco, Fine Arts Museums, 08/10/2016-29/01/2017), San Francisco / New Haven, Fine Arts Museums / Yale University Press, 2016, p. 21, 23, 99,160-162, 378-380, 389, p. 161 (coul.), Fig. 81 (détail), n° 15
Expositions
- Regards sur les cadres, Sully, [AG] Salle 20 F : Exposition temporaire, 27/06/2018 - 12/11/2019
- Les frères Le Nain, Louvre-Lens, Salles d'expositions temporaires, 22/03/2017 - 26/06/2017, étape d'une exposition itinérante
- Les frères Le Nain, San Francisco (Etats-Unis), Fine Arts Museums of San Francisco, 08/10/2016 - 29/01/2017, étape d'une exposition itinérante
- Les frères Le Nain, Fort Worth (Etats-Unis), Kimbell Art Museum, 22/05/2016 - 11/09/2016, étape d'une exposition itinérante
Dernière mise à jour le 15.11.2022
Le contenu de cette notice ne reflète pas nécessairement le dernier état des connaissances
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