Costume de Turc avec étude d'une coiffure alternative

1658 DR/ Recto
vol.1, p.14

Département des Arts graphiques
Collection Edmond de Rothschild

BERAIN Jean II (1674-1726)
Ecole française
(Bouffard, Mickaël, 2021)

ANONYME FRANCAIS
(Inventaire Edmond de Rothschild, 1935)

Costume de Turc avec étude d'une coiffure alternative
Costumes des Fêtes, Mascarades. Théâtres, etc., de Louis XIV

Dessin

S'il est un domaine où Jean II Berain a su innover, c'est celui du vocabulaire des costumes exotiques. Cela a été rendu possible notamment grâce à la publication par divers voyageurs, jésuites ou ambassadeurs, d'estampes d'après des dessins ou des peintures importés de l'étranger. Cette iconographie inédite est venue renouveler l'inspiration des dessinateurs de costumes, qui devaient auparavant se contenter de modèles forgés la plupart du temps au XVIe siècle, à leur tour repris avec très peu d'innovations tout au long du siècle suivant. Parmi ces nouvelles sources d'inspiration, l'inventaire après décès de Jean II Berain mentionne « un volume de cent estampes du Levant », proprement intitulé 'Recueil de cent estampes représentant différentes nations du Levant, tirées sur les tableaux peints d'après nature en 1707 et 1708 par les ordres de M. de Ferriol, ambassadeur du roi à la porte et gravées en 1712 et 1713 par les soins de M. Le Hay'. Ces gravures exécutées d'après le peintre valenciennois Jean-Baptiste Vanmour ont servi à d'autres artistes ayant composé des costumes, de Claude Gillot à Louis René Boquet, en passant par François Boucher et Joseph-Marie Vien. Berain reprend ici assez servilement la planche montrant 'Le Grand Seigneur dans le sérail avec le Kislar Agassi' : la posture, le doliman bordé d'hermines, la robe longue à brandebourgs et même les couleurs, qui, selon diverses gazettes de l'époque, sont fidèles aux originaux. L'or et le vert-jaune sont certes un peu plus pastel, et le détail des pierreries ou les motifs du damas, simplifiés. Seul le turban a été rendu plus exubérant par l'ajout de perles et d'aigrettes. Dans l'angle supérieur droit, Berain étudie une coiffure alternative inspirée de la planche représentant le sultan Ahmed III, intitulée Le Grand Seigneur en habit de cérémonie le jour du Beiram. Bien qu'elle soit assez fidèle au modèle original, il l'enjolive néanmoins de guirlandes de perles qui correspondent mieux au niveau de luxe que les stéréotypes nationaux attribuaient volontiers aux peuples d'Orient. On sent aussi une hésitation quant à la moustache de ce Turc galant, à une époque où celle-ci n'était guère portée qu'à l'armée. (M. Bouffard, dans « En scène! Dessins de costumes de la collection Edmond de Rothschild », cat. exp. Paris, musée du Louvre, du 27 octobre 2021 au 31 janvier 2022, sous la direction de Mickaël Bouffard, Victoria Fernández Masaguer et Jérôme de La Gorce, éditions Liénart et musée du Louvre, 2021, p. 33-34, 148-149, cat. 45; J. de La Gorce p. 26).

H. 0,28 m ; L. 0,198 m

Plume et encre noire, aquarelle et lavis gris, traces de pierre noire. Filigrane au nom de Jésus (Proche de Gaudriault, 1995, no 730. Inscrit dans un ovale, avec cœur ardent et croix pattée. Papier commun dans l'atelier de Jean II Berain, utilisé aussi par Fagnagni pour ses retirages des cuivres de Callot vers 1714).

Entre 1714 et 1726

Claude Pioche sieur du Rondray (1660/1665 -1733) (?), Paris, mars 1733 ; Gilbert Paignon-Dijonval (?) (1708-1792), 1810 ; Charles-Gilbert, vicomte de Morel-Vindé (?), sa vente, Londres, 1819 ; Samuel Woodburn (?), Londres ; Paul et Dominic Colnaghi (?), Londres ; acquis par Auguste Danlos pour Edmond de Rothschild en août 1889, 6900 francs ; don au musée du Louvre en 1935.

Dernière provenance : Rothschild, baron Edmond de

don

1935

Ferriol, Charles de+ - Simonneau, Philippe, oeuvre en rapport - Vanmour, Jean-Baptiste, oeuvre en rapport

encre noire - lavis gris - aquarelle - plume - traces de pierre noire